Anatomie d'un crime
de Elizabeth George

critiqué par Sentinelle, le 29 décembre 2007
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Criant de vérité
Anatomie d'un crime se distingue des autres romans de l'auteur que j'ai lus précédemment : il n'est plus question de crime à élucider ni de criminel à rechercher à partir d'indices que décèleraient l'enquête menée par nos deux compères de Scotland Yard.

Pour rappel, le précédent roman "Sans l'ombre d'un témoin" se terminait sur l'assassinat par balle de Lady Helen, épouse enceinte de son époux l'inspecteur Lynley.

Anatomie d'un crime, roman de 500 pages, va décrire avec minutie tout ce qui a précédé cet acte, à savoir pourquoi et comment un enfant d'à peine une dizaine d'années a pu se retrouver face à Lady Helen pour commettre l'irréparable.

Elizabeth George se livre à une étude familiale, psychologique et sociale phénoménales.

Les amateurs de polars classiques ne vont pas y trouver leurs comptes mais les amateurs de Dickens vont se délecter.
Un très bon roman à lire absolument 10 étoiles

Je ne m'attendais pas à lire un livre aussi bon, je pensais que j'allais suivre une enquête de police classique, mais cela n'a rien à voir. On assiste, impuissant, à la dérive d'un enfant de la banlieue de Londres, qui pourtant croit toujours faire pour le mieux de sa famille. Avec beaucoup de lucidité l'auteur nous livre un portrait sans concession de cette violence ordinaire que connaissent beaucoup de jeunes aujourd'hui. C'est très précis et très réaliste, on n'est jamais dans la surenchère, c'est à la fois effrayant et tragique, mais très captivant.
Je ne suis pas déçu d'avoir lu ce livre, bien au contraire, j'ai apprécié sa qualité et sa richesse. Je vous recommande vivement sa lecture, pour être pris par cette atmosphère extraordinaire qui s'en dégage.

Laurent63 - AMBERT - 50 ans - 24 novembre 2009


Une belle étude sociologique au héros pathétique 8 étoiles

Ce polar est un prétexte : nous décrire certains bas-fonds de Londres avec une immense connaissance de la loi de la jungle qui y règne (caïds, omerta, trafics divers).

Y sont analysés, l'itinéraire tragique du héros de 12 ans, généreux mais désemparé, désirant protéger son jeune frère et sa grande soeur des avanies que 'le milieu' leur fait subir, et la lente descente aux enfers de cet attendrissant petit bonhomme qui n'avait pourtant jamais voulu fauter ...

Le crime n'a lieu qu'aux toutes dernières pages et laisse au lecteur le sentiment d'avoir été emmené bien au-delà du polar distrayant ...

Une fois le livre refermé, l'on voue au petit héros triste une immense empathie.

Un immense Bravo à l'auteure.

Ori - Kraainem - 89 ans - 5 décembre 2008


Une descente dans les horreurs des banlieues 5 étoiles

C’est un livre sombre, noir, triste. Ce n’est pas vraiment un policier puisque la vraie histoire est la vie d’une famille noire qui attire tous les malheurs. C’est le cheminement de leur descente aux enfers. Tous les personnages font peine à découvrir et dès qu’une lueur d’espoir apparaît pour une éventuelle fin positive, elle est anéantie par les différents événements qui leur arrive. Il est intéressant de lire ce livre car il trace un côté sombre des banlieues et l’engrenage réel qui s’y produit.
Tous les personnages sont intrigants et dépourvus de chance. Les enfants ont vécu des choses horribles. Kendra , leur tante, ne parvient pas à leur faire relever la tête et subit de lourds échec dans son éducation même si la volonté est de les aider.
L’histoire est bien faite et ne manque pas d’attrait, néanmoins ce roman noir est beaucoup trop noir pour moi. J’ai eu beaucoup de mal à m’y plonger complètement.
C’est un ouvrage vraiment tragique. J’ai donc un avis assez partagé car la lecture m’a laissé une mauvaise impression.

Wakayoda - - 44 ans - 21 septembre 2008


Un crime disséqué à vif 9 étoiles

Il en est de la littérature comme de l’art en général : l’abondance finit par nuire. Aussi, face à une édition en pleine forme qui sort plus de titres qu’il n’est possible d’en lire, le lecteur est rapidement perdu, tentant de maintenir la tête hors de l’eau dans une littérature dont la qualité n’est pas toujours prouvée. Quand après un raz de marée de livres moyens voire mauvais, arrive le dernier Elizabeth George, on frétille et on s’excite, impatient de dire à qui veut l’entendre que s’il ne devait en être qu’un ce mois-ci, ce serait bien celui là.

Elizabeth George est une romancière américaine, née dans l’Ohio, qui enseigna l’anglais en Californie et passa une bonne dizaine d’années à décortiquer les plus grands auteurs –Edgar Allan Poe, Agatha Christie, P.D. James- pour ses étudiants. Elle se lança dans l’écriture en 1988 avec Enquête dans le brouillard, couronné de succès et de prix internationaux de littérature policière. S’inscrivant dans la plus pure tradition britannique du roman policier, elle rassemble un duo d’enquêteurs du New Scotland Yard aux origines sociales contrastées autour d’enquêtes criminelles dans une quinzaine de polars.

Dernier né de sa plume, Anatomie d’un crime débute par une fatalité, un crime qui sera mis en scène brièvement après cinq cent pages d’une saisissante genèse. Alors que leur mère est hospitalisée en psychiatrie, que leur père est mort et que leur grand-mère qui les élève les abandonne pour retourner en Jamaïque, les trois enfants Campbell atterrissent sur le palier de leur tante Kendra. Chargée malgré elle de les élever, cette célibataire vit dans un quartier défavorisé de Londres. Tandis que Ness, la grande sœur, s’enfonce dans la drogue et Tobie, le benjamin, s’enferme dans ses troubles mentaux, Joël tente de survivre au sein d’un quartier difficile tout en protégeant son petit frère des moqueries des gamins du quartier.

A l’instar d’un médecin légiste, Elizabeth George décortique le parcours d’une jeunesse livrée à elle-même dans une population abandonnée. D’une analyse fine et intelligente, elle procède à la meilleure des autopsies criminelles de cette dérive inévitable ayant conduit au pire. L’anatomie d’un crime disséqué à vif.

BONNEAU Brice - Paris - 40 ans - 3 juin 2008