Le vin de Paris de Marcel Aymé
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Des nouvelles superbes
Un recueil de 8 nouvelles superbes dont la très connue "Traversée de Paris" qui conte une histoire de marché noir pendant l'occupation allemande de Paris lors de la seconde guerre mondiale.
J'ai fait l'expérience de lire cette longue nouvelle (environ 50 pages) avant de revoir le film (avec Gabin, Bourvil et De Funes) en DVD (avec les fameuses répliques issues de la nouvelle : "Jambier, 2000 francs !!", "Salauds de pauvres !", "Elle a quel âge ta langoustine ?"...).
Le film est toujours aussi bon mais, s'il est à peu près fidèle pour les 2 premier tiers du récit, la fin est totalement différente. La nouvelle est beaucoup plus noire tout en étant plus élaborée sur la rencontre de ces 2 hommes - Martin (Bourvil) et Grandgil (Gabin)- et sur leurs psychologies respectives. On s'aperçoit qu'il aurait suffi d'un rien pour que ces 2 personnes issues de milieux si différents parviennent à se comprendre et à s'entendre mais ce rien ne vient pas et la fin est tragique.
Encore une fois, malgré la noirceur du sujet, on sent une vraie tendresse de Marcel Aymé pour ses "héros".
En tous cas, même si ce film est superbe, je suis encore conforté dans mon idée que l'adaptation cinématographique, même réussie, d'un chef d'oeuvre littéraire ne peut atteindre la qualité de celui-ci.
Les éditions
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Le Vin de Paris [Texte imprimé] Marcel Aymé
de Aymé, Marcel
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070375158 ; 8,60 € ; 04/01/1984 ; 256 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Une agréable surprise
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 16 novembre 2018
Bref il se dégage une certaine atmosphère de ce recueil singulier.
Une agréable surprise
"Salauds de pauvres !"
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 15 novembre 2011
Marcel Aymé a été inquiété à la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour ses sympathies à Céline ou Rebatet et deux, trois articles publiés dans les mauvais endroits.
On oublie une pétition contre les arrestations arbitraires que l'inconscient osa aller porter aux autorités allemandes. Il ne se faisait aucune illusion sur la nature humaine, les autorités, les vérités soi-disant intangibles, tout en aimant profondément l'humanité malgré tout : Les assassins se transforment en bébé, que l'on guillotine quand même, les saints deviennent proxénètes à Montmartre tout en gardant leur auréole, le quotidien devient fantastique.
Les dogmatiques de gauche ne l'aimaient pas beaucoup du fait de son désengagement, les gens de droite se méfiaient de lui pour sa satire tranquille de l'autorité et de tout ce qui est admis comme "respectable". Ils préfèraient se promener sur la butte, faire la fête chez le peintre Gen-Paul, discuter littérature avec Nimier. Son esprit plane encore rue de Norvins ou vers la place du Tertre et dans le cinéma réaliste poétique singé par "Le fabuleux d'Amélie Poulain", les réactions de certains critiques face à ce film ressemblent d'ailleurs à d'autres face à ses livres.
8 nouvelles
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 15 février 2010
La nouvelle éponyme ne m’a pas paru la plus intéressante, elle a pourtant été choisie par Marcel Aymé pour titre au recueil.
« La traversée de Paris », marquée par les séquelles de la guerre, est sérieusement plus intéressante. Histoire de trafiquants de marché noir, de viande. Il y a le boucher qui abat le cochon, le découpe, le prépare, mais surtout, et c’est là que va se jouer la nouvelle, les porteurs. Ceux qui, la nuit venue, dans Paris, transportent la viande répartie dans des valises pour les livrer aux clients en trompant la vigilance des troupes d’occupation. Dans cet exercice, Martin (patronyme omniprésent dans l’œuvre de Marcel Aymé, cf « Derrière chez Martin ») est le porteur chevronné. Il est accompagné, pour la première fois et sans trop savoir qui il est réellement de Grandgil, personnage plutôt mystérieux.
L’écriture est sombre à souhait. La nuit, à Paris, sous l’occupation, à faire du trafic ; on y est.
« En débouchant boulevard de l’Hôpital, un vent brutal et glacé, qui soufflait du nord à grand découvert, leur coupa la respiration. Martin dut poser l’une de ses valises pour assurer son bord noir qui branlait sur sa tête. Grandgil exhalait sa mauvaise humeur en jurant, mais le vent était si rapide qu’il fallait presque crier pour se faire entendre. Dans la nuit noire, piquée de rares lumières bleues sans portée, les deux hommes sentaient autour d’eux la désolation du grand boulevard nu que la grande plainte du vent élargissait encore. La marche était si pénible qu’il leur semblait n’avancer qu’avec une extrême lenteur. »
La suite est tout aussi sombre, huis-clos entre deux personnages singuliers que Marcel Aymé fera basculer dans le drame.
« La grâce » est à nouveau du domaine du fantastique. M. Duperrier, comptable anonyme de son état, est affligé du port d’une … auréole ! Outre que cela est très singularisant, sa femme ne supporte pas cet élément qui peut faire jaser. Les premières tentatives consistent donc à camoufler en permanence l’auréole mais bien évidemment cela ne suffit pas. La suite sera un délectable passage en revue des péchés capitaux – et de leur mise en œuvre – afin de perdre cette disgracieuse auréole. Pas si simple !
Marcel Aymé devait être dans une veine pieuse puisque « Dermuche » voit le dit Dermuche, assassin de son état condamné à être guillotiné, prendre l’incarnation dans sa cellule le matin de son exécution du petit Jésus. Va-t-on guillotiner Jésus ? Du Marcel Aymé dans toute sa splendeur.
« Le faux policier », lui, est toujours dans la veine « fin de la guerre ». Martin ( !), comptable (il aime, Marcel Aymé) dans une maison de commerce, arrondit ses fins de mois en jouant les faux policiers et en faisant chanter tous ceux qui ont profité durant la guerre. Tant va la cruche à l’eau …
La dernière, et longue, nouvelle : « La bonne peinture », n’est pas aussi marquante. Une drôle d’histoire de peinture qui créerait le sentiment de satiété à quiconque la contemple, phénomène exploité par les pouvoirs publics à la sortie de la guerre pour tenter de nourrir la population. Avec les dérives qu’on peut imaginer et le parti que peut en tirer Marcel Aymé.
Au bilan, un recueil centré sur la toute fin de la guerre et qui constitue un témoignage intéressant sur les préoccupations et les schémas de pensées de l’époque. Et ludique, en plus !
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