L'automne à Pékin
de Boris Vian

critiqué par Mayfair, le 10 janvier 2008
(Distroff - 51 ans)


La note:  étoiles
Roman difficile par moments
La première chose à dire de ce roman est que l’action ne se passe ni en automne, ni à Pékin, contrairement à ce que son titre pourrait insinuer. En fait on ne sait ni où ça se passe, ni quand.

L'action se déroule dans le désert inquiétant d’Exopotamie (mais sans savoir où il se situe géographiquement) où l’on a follement décidé de construire un chemin de fer. Dans ce désert on rencontrera divers personnages tels qu’un abbé, des ingénieurs, des exécutants, un archéologue, un médecin, son interne… Chacun y a sa propre quête.

Dans ce roman on croise aussi deux conceptions totalement différentes de l’amour : l’amour physique pour Anne et l’amour passionné d’Angel, deux amis ; bien entendu deux amours pour la même femme ! De cette différence naîtra un drame…

A plusieurs reprises l’auteur fait une incursion en y insérant des « passages » et termine le roman par l’un d’entre eux.

Comme dans beaucoup de romans de Boris Vian, le style est truffé d’humour et de choses loufoques comme une chaise animée euthanasiée à l’hôpital par un interne qui ne la supportait plus.

On y rencontre également des jeux de mots ainsi que des confusions de sémantique qui embrouillent parfois le lecteur. Boris Vian se moque entre autres des religions, des homosexuels, des grandes entreprises qui privilégient leurs cadres plutôt que le « petit personnel ».

Personnellement ce n’est pas un des meilleurs Vian que j’ai pu lire car il est parfois difficile à comprendre mais il passe le temps.
Un chef-d'oeuvre 10 étoiles

La construction de ce livre est tout simplement remarquable avec l'inclusion de "passages" entre différents "mouvements". Ces passages introduisent un discours sur l’œuvre à l'intérieur du roman, offrant ainsi de nouvelles clés d'interprétation et multipliant les niveaux de lecture.
C'est aussi un roman dans lequel il parvient magnifiquement à utiliser l’œil et l'expérience de l'ingénieur ainsi que les théories scientifiques modernes (physique quantique) pour interroger la forme et le déroulement de l'intrigue en toute finesse et avec un grand décalage humoristique, introduisant des éléments fantastiques, oniriques.

Tubaas - Vitry-sur-Seine - 39 ans - 2 mai 2012


Envoûtant... 10 étoiles

Pour apprécier pleinement ce roman, il faut accepter le monde et le style de Boris Vian. Son monde présente de légers décalages par rapport au monde réel qui nous font perdre nos repères. Le style de Vian est, quant à lui, humoristique et impertinent. La palette du grand Boris va ainsi des blagues "potaches" aux traits d'esprits métaphysiques en passant par la caricature.

Une fois que vous avez accepté et intégré le monde et le style de Vian, ce roman est un vrai régal qui touche à plein de sujets tout en racontant une histoire "fantastique".

Il est difficile de résumer ce roman, mais pêle-mêle il y a une caricature du clergé, du monde du travail moderne (plus de soixante ans plus tard la caricature reste valable). Un des sujets importants est aussi l'amour.

Ce roman traite aussi de l'absurdité de la condition humaine (on peut considérer qu'il est un cousin éloigné de "L'Etranger" de Camus).

Et surtout, ce roman recèle de nombreuses parts de mystères où chacun est libre de son interprétation...

Le monde de Vian s'inscrit dans le même "courant" que le monde de Queneau et de Perec. Chacun de ces trois grands écrivains s'inscrit dans ce même "courant oulipien" tout en ayant ses propres spécificités.

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 17 décembre 2011


Blague spatio-temporelle. 10 étoiles

Ce qu'il ne faut pas oublier de dire concernant "L'automne à Pékin", c'est que c'est avant tout un livre drôle. C'est pour ça que j'aime Boris Vian: c'est l'un des premiers à en avoir eu marre du romantisme, du naturalisme, du réalisme et des trucs tristes en "isme" et a réintroduire l'humour et le merveilleux dans la littérature.
Dans ce livre, les situations absurdes et burlesques foisonnent: une construction de chemin ferré en plein désert, un hôtel érigé au milieu de nulle part, un prêtre qui s'autorise des écarts en se signant des ordonnances... Et puis il y a le titre, aussi: n'oublions pas que l'histoire ne se déroule ni en automne, ni à Pékin!
"L'automne à Pékin", c'est aussi une histoire d'amour: deux personnages, Anne et Angel se disputent l'amour de Rochelle. L'un vit un amour sexuel repu tandis que l'autre connait la frustration et la mélancolie. Tout ceci fait songer à "L'écume des jours", sans toutefois être une resucée: ces deux romans, écrits la même année, seraient plutôt complémentaires (il y a des références aux amours de Colin et Chloé dans "L'automne à Pékin").
Toutefois, la lecture du livre est parfois ardue en raison de la déstructuration de l'histoire, de la multiplicité des personnages et du style (les amateurs de Boris Vian sauront de quoi je parle). Mais "L'automne à Pékin" reste tout de même un incontournable, ainsi qu'un livre drôle et touchant qui mérite très largement d'être lu. Ne soyez donc pas rebuté par l'aspect "challenge" de certains paragraphes et laissez vous tenter par ce livre.

Bastien N. - - 34 ans - 19 novembre 2009


Drôle et confus 8 étoiles

J'ai adoré ce roman de Vian qui est d'ailleurs mon préféré de cet écrivain. Je le trouve extrêmement difficile à résumer, surtout que la fin ne se termine sur rien de précis. C'est juste un moment agréable. Même le fait de ne rien comprendre à plusieurs paragraphes le rend envoutant, touchant et drôle. Rien que le titre puis la situation en Exopotamie (pourquoi là-bas ? vous ne le saurez pas non plus en lisant cet Automne à Pékin) intrigue et fait sourire.
Quand l'amour par étayage fait des malheurs, Vian s'en régale.

Elya - Savoie - 34 ans - 22 février 2009