La révolte des accents
de Erik Orsenna

critiqué par Babsid, le 12 janvier 2008
(La Varenne St Hilaire - 37 ans)


La note:  étoiles
"Je ne prenais pas les accents au sérieux. J'avais tort."
Tout commence ainsi:
Jeanne, une jeune habitante de l'île, se lance à la recherche d'un petit boulot pour l'été. Elle finit par décrocher un poste auprès du capitaine de port, Mr Fernando. Les jours, bien qu'étranges, s'écoulent les uns après les autres.
Mais, durant la nuit, une catastrophe survient: les accents disparaissent !
Entre indifférence et panique générale, commence pour Jeanne un magnifique voyage pour retrouver les accents.

Tout d'abord, je tiens à souligner qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu "la grammaire est une chanson douce" et "les chevaliers du subjonctif" pour apprécier "la révolte des accents".

Ce livre est plein de choses à la fois, d'où mon grand dilemme lorsque j'ai dû le placer dans une catégorie...
C'est un conte où l'amour entre les accents est possible. Où les chats sont les gardiens de la mémoire de leurs maîtres. Où tout est lumière et où l'auteur nous offre une explosion de couleurs, de senteurs et de saveurs à chaque page.
C'est aussi une ode à la langue française. En le refermant, nous nous sentons honteux de négliger une aussi belle langue. De presque l'oublier alors qu'elle fait partie de ce que nous sommes.
Erik Orsenna nous explique l'utilité des accents sans même que l'on s'en aperçoive, tout est ludique.
Enfin, ce livre est un rayon de joie de vivre qu'un homme amoureux de la langue nous offre.

A lire absolument, d'autant plus qu'il est très bien illustré.
De l'importance des accents 5 étoiles

Jeanne est une jeune fille qui décroche le poste d’adjointe stagiaire à la capitainerie du port. Elle se retrouve en haut du phare de son île à surveiller les arrivées de bateaux et surtout à devoir donner l’alerte en cas d’arrivée de pirates.
Arrive un jour une jonque remplie de comédiens. La fête sur le port, sauf pour Jeanne qui ne doit pas quitter son poste, réunit tous les îliens. Mais elle sera de courte durée, car le lendemain matin, plus de jonque, plus de comédiens, et surtout plus d’accents sur l’île.
Jeanne sera chargée de partir à leur recherche jusqu’en Inde dans la région où vivent épices et accents suspicieux et d'où viennent les comédiens.
L’occasion pour elle de découvrir des accents du monde entier dont certains complètement inconnus.

À l’aide de phrases tirées d’œuvres classiques, M . Orsenna nous montre, s’il en était besoin, le rôle et l’importance des accents dans la langue écrite comme orale, ainsi que leur diversité.
Curieusement, ce livre était sur la table des nouveautés au rayon adulte ; je ne pense pas que ce soit le lectorat visé, il aurait à mon avis été plus judicieux de viser un public moins convaincu de l’importance de ces indispensables caractères.

Marvic - Normandie - 66 ans - 8 octobre 2018


Une recette qui s'affadit, à force... 6 étoiles

Erik Orsenna poursuit, avec ce troisième volume, après « La grammaire est une chanson douce » et « Les chevaliers du subjonctif », son exploration de la langue. Nous retrouvons Thomas et sa sœur Jeanne qui s’est trouvé un job d'été comme gardien de phare, aux côtés du capitaine Fernando Juvénal, le gardien de phare en titre dont les yeux sont bien fatigués à force de scruter l’horizon…
Une nuit, des comédiens débarquent dans une jonque. Au matin, alors qu'ils sont partis, c’est la stupeur, les épices et les accents ont disparu, comme par enchantement. Commence alors un formidable voyage pour Jeanne, à la recherche des épices et des accents perdus… un périple qui va la mener jusqu'en Inde, dans une vallée magique où elle retrouvera son frère, parti avec la jonque des comédiens…

Encore un joli conte pour la jeunesse, bien que moins efficace que les deux précédents… et en même temps, si l’on en croit l’auteur, une véritable « déclaration de guerre à la fadeur » appuyée sur un constat : les accents sont à la langue ce que sont les épices à la cuisine.
Et comme toujours dans cette série, des illustrations tout simplement magnifiques.

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 68 ans - 17 janvier 2013


Rendez-vous manqué 5 étoiles

Première rencontre avec l’académicien. Je n’ai pas été sensible à son charme bien que le tête à tête -assez bref il faut l’avouer- a été quelque peu intéressant. Car la conversation a porté sur les accents que j’affectionne. Sauf que ces derniers ont décidé de se révolter et je n’aime pas ça surtout lorsque les protagonistes refusent de parler autour d’une table dans un premier temps.

Pour punir celles et ceux qui osent les confondre ou les omettre, les accents ont fait le choix de disparaître volontairement de la bouche des humains. Le dialogue de sourds peut donc commencer. Ouf, il ne dure pas très longtemps. Très vite, j’ai appris à connaître Hatchek, le double inversé de Circonflexe. Hatchek est slovaque dixit Erik Orsenna. Qui m’explique son utilité au sein de la société slovaque. Là, je me dis qu’il y a une erreur de casting. Bien qu’ayant des origines slaves entre autres, je suis française et lorsque j’accepte un rendez-vous avec un académicien français, c’est pour parler de Circonflexe, Aigu, Grave et non de Hatchek. Dieu sait que j’aime bourlinguer et découvrir. Avec La révolte des accents, je pensais voguer au fil de notre jolie langue française pour la redécouvrir. C’était peine perdue.

Peut-être que apprendre à connaître l’autre permet de mieux se connaître et de parfaire ses connaissances. Alors si votre route vous amène à croiser Hatchek, donnez-lui le bonjour de ma part. Il n’est pas désagréable et a un joli accent lorsqu’il parle. Et puis, je me dis que c’est certainement une bonne chose de ne pas m’être entretenue avec Circonflexe. Car en bonne gaffeuse, je lui aurais dit que près de Arras, en mars 2006, j’avais signalé à un élève de 5e son oubli de l’accent circonflexe au mot évêque. Ce garçon ne connaissait pas Circonflexe. A priori, c’était la première fois qu’il entendait son nom. C’est son camarade qui l’a aidé à se remémorer. « Mais si, c’est le chapeau pointu ! »

Nomade - - 13 ans - 30 mai 2012