Nuée d'oiseaux blancs de Yasunari Kawabata

Nuée d'oiseaux blancs de Yasunari Kawabata
(Sembazuru)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Sentinelle, le 16 janvier 2008 (Bruxelles, Inscrite le 6 juillet 2007, 54 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 982ème position).
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La cérémonie du thé

"Nuée d'oiseux blancs" est un récit au style épuré dans lequel les émotions et les sentiments se découvrent essentiellement au détour d'une suggestion ou d'une métaphore faisant allusion à la cérémonie ancestrale du thé.

Nous sommes en présence de Kikuji, jeune homme d'une vingtaine d'années vivant seul dans la maison de ses parents aujourd'hui disparus.

Il est cordialement invité à une cérémonie du thé donnée par Mademoiselle Kurimoto, professeur de thé mais également ancienne maîtresse éphémère de son père aujourd'hui décédé. Enfant, accompagnant son père à son domicile, il l'avait surprise le sein dénudé et avait été frappé par les marques de naissance couvrants son sein gauche. Pris de dégoût mais également de fascination pour ces taches violacées et noirâtres, Kikuji ne peut s'empêcher de repenser à ce jour chaque fois qu'il revoit Mademoiselle Kurimoto.

Il n'apprécie pas beaucoup cette femme pleine de fiel et de méchancetés, à l'image de ses taches sombres qui l'obsèdent encore, mais il ne peut refuser son invitation, d'autant plus que Mademoiselle Kurimoto s'est mise en tête de lui présenter une de ses élèves dans l'intention de le marier à cette jeune femme.

Au grand dépit de Mademoiselle Kurimoto , deux femmes, initialement non invitées à la cérémonie mais que la convenance oblige à recevoir, se présentent également à la cérémonie.

Il s'agit de Madame Ota, elle aussi ancienne maîtresse du défunt père de Kikuji, accompagnée de sa fille qui fut conçue lors de cette union qui fut tout sauf éphémère, et donc demi-sœur de Kikuji.

Kikuji tombe sous le charme de l'ancienne maîtresse de son père et Madame Ota tombe sous le charme de celui qui lui rappelle tant son défunt amant tant aimé. S'ensuivra une relation charnelle pétrie de sensualité mais également de culpabilité de part et d'autre.
De même, Kikuji n'est pas insensible à la fille de Madame Ota, sa propre demi-sœur, qui lui rappelle à son tour la tendre et affectueuse Madame Ota.

La confusion des sentiments et des identités, les effets de miroir, l'amour empreint de culpabilités et de péchés, la beauté et la laideur, le clair et le sombre, la place occupée par les défunts dans le cours de la vie, la question de la transmission, la nécessité de se libérer des traditions et des héritages, les marques et les empreintes, autant de thèmes que nous rencontrons tout au long du récit par l'intermédiaire de la cérémonie traditionnelle du thé.

Extrait :

Destin bizarre que celui de cet objet ! Mais à tout prendre, ne connaissait-il pas aussi le sort des toutes les pièces d'art attachées au rite du thé ?

Avant même que Mme Ota l'eût en sa possession, tout au long des trois ou quatre siècles passés depuis le jour où ce mizusashi était sorti du four, transmis de mains en mains et de génération en génération, quelle histoire fantastique n'était pas la sienne, avec la vie et les secrets de chacun des ses possesseurs successifs.

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Les éditions

  • Nuée d'oiseaux blancs [Texte imprimé] par Yasunari Kawabata
    de Kawabata, Yasunari
    Plon / 10-18
    ISBN : 9782264007490 ; 2,98 € ; 01/02/1986 ; 206 p. ; Poche
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Amours et thé.

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 4 mars 2011

Furieusement nippon que cette “Nuée d’oiseaux blancs”. Le Daniel Charneux de “Nuage et eau” ne le renierait certainement pas ! Il y règne une ambiance ouatée, feutrée, comme seul le Japon les inspire, me semble-t-il ?
Soit Kikuji, jeune homme qui a perdu son père, et quatre femmes. Deux anciennes maîtresses de son père ; Madame Ota et Chikako, et Fumiko, la fille de Madame Ota et Yukiko, charmante jeune fille que Chikako, qui ne fut qu’éphémèrement maîtresse du père, tient à marier avec Kikuji. En réalité la maîtresse durable fut Madame Ota et l’on devine (devine seulement, beaucoup de choses restent fugitivement suggérées chez Kawabata) que sa fille est aussi la fille du père, Fumiko serait donc la demi-sœur de Kikuji ? L’art d’ailleurs de Kawabata est de faire en sorte qu’il nous le dise dans le tuyau de l’oreille délicatement, et au lecteur seulement, car manifestement Kikuji ne semble pas traversé par ce genre de pensée.
Alors il va être question de cérémonies de thé, d’objets cérémoniels, de choses délicates et ténues … De choses délicates et ténues, et d’objets cérémoniels qui auront, cela dit grande importance, puisque c’est par eux, par des codes bien japonais, qu’évolue la situation.
Kikuji, théoriquement promis à Yukiko, se retrouve avoir une aventure avec Madame Ota. Pour elle, tout se passe comme si elle recherchait le père dans le fils. Plus tard, après le suicide de Madame Ota, Kikuji recherchera lui peut-être la mère dans la fille, Fumiko. Autour des jeux amoureux, Chikako intervient comme un joker, comme une maîtresse de cérémonie, pour recadrer, définir, surligner les situations. C’est étrange, comme embrumé, évaporé, éphémère. Kawabata n’a pas choisi la simplicité, surtout, je pense, pour des lecteurs occidentaux. Il s’en sort néanmoins très bien. Malgré le handicap des patronymes japonais, malgré l’aspect seulement « effleuré » de la réalité des choses, il ne nous perd pas. Il nous intrigue plutôt et nous emmène de l’autre côté du brouillard.
Au bout du compte on ne sait pas trop par où on est passé. Ni où on est arrivé !

Tasse à thé

5 étoiles

Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 5 juillet 2009

Ce roman se lit comme un huis-clos entre trois femmes et un homme ayant tous le même point commun, le père de Kikuji.

Deux des femmes furent sa maîtresse et l’une d’entre elles le considéra comme son père. Le phénomène se reproduit et Kikuji couche avec Mme Ota, tombe peu à peu amoureux de sa fille Fumiko et tous ont à lutter contre Chikako maîtresse éphémère du père qui se vengera de tous parce qu’ayant à dépasser une tare physique et intime. Ce roman est lent, parfois ennuyeux et illustré tout au long par l’art nippon du thé, l’amour des tasses qui sont des œuvres d’art.

L’écriture est belle et ciselée, simple et précise mais l’intrigue trop simple pour l’être, tant, qu’elle m’a sans doute échappé.

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