Pour un pacte écologique
de Collectif, Nicolas Hulot

critiqué par Veneziano, le 25 janvier 2008
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Un programme ambitieux
Ce projet, qui tient à la base du quasi-programme présidentiel, dresse un état des lieux, connu mais alarmant de l'état de la planète. En fustigeant les discours dénués d'action subséquente et le peu de moyens donnés aux politiques environnementales, Nicolas Hulot explique comment gérer la pénurie, mettre en place des politiques de développement durable et le principe pollueur-payeur, notamment par une taxe sur la production de carbone.
Il insiste sur l'importance de la biodiversité, de la recherche scientifique, de l'information et de l'éducation et un changement radical de la politique agricole commune, au niveau communautaire.
Par ailleurs, il constate que l'accumulation de procédés juridiques complexes, tout justifiés qu'ils puissent être, pris isolément, est néfaste à la prise de décision et à l'appréhension du champ des actions possibles.

Ce livre a eu un effet pendant l'élection présidentielle française qui a suivi la publication de cet ouvrage, puisque les principaux candidats ont adhéré au pacte ; puis, le numéro deux du gouvernement, un Ministre d'Etat à défaut d'un Vice-Premier Ministre - Alain Juppé puis Jean-Louis Borloo - est chargé de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables.
Il semble que le Grenelle de l'environnement permette au moins une crise de conscience populaire.

Il me semble que l'auteur ne met pas l'accent encore suffisamment sur le poids de la pollution agricole, bien qu'il en parle. Il développe assez longuement l'influence de l'industrie et la menace de la volonté - pourtant légitime en soi - des grands pays émergents.

Ce n'est pas un ouvrage de littérature ; le style en est assez épuré, mais il est très didactique et clair, avec une énumération des actions à mener.

Il est très clair, même lumineux.
Oui, mais... 5 étoiles

Paru en 2006, présenté par le célèbre « journaliste » Nicolas Hulot et ratifié par la plupart des candidats aux élections présidentielles de 2007, ce « pacte », véritable programme environnemental transcourant recueillit un accueil enthousiaste dans tous les grands médias. Montagne accouchant d'une souris, le « Grenelle pour l'environnement » de l'inénarrable Borloo en fut la concrétisation et la taxe carbone le fiasco. Quel intérêt peut-on trouver, sept années plus tard, à lire aujourd'hui un programme que peu de gens avaient lu à l'époque ? Apparemment aucun, ce genre de littérature est bien connue pour ne durer que ce que durent les roses, l'espace d'un matin, celui du rêve, des espoirs déçus et des promesses qui n'engagent que celui qui les écoute...
Et pourtant, dans le cas de ce pacte, il en va différemment. A croire qu'avec le temps qui passe et les occasions manquées, les problématiques posées, les catastrophes annoncées et les erreurs commises sont toujours là, bien visibles, bien prégnantes et toujours sans solution. Même si l'on ne souscrit pas totalement aux analyses de ce Comité de veille écologique surtout quand elles se laissent aller aux dérives catastrophistes type Al Gore (en climatologie, va-t-on vers un réchauffement, un refroidissement ou un dérèglement complet, nul ne le sait vraiment...), il n'en demeure pas moins que l'épuisement des ressources, la mondialisation et ses circuits fous de production et distribution, la pollution, le danger des OGM, de l'utilisation abusive des pesticides, herbicides et autres fongicides laissent à penser que nos civilisations mercantiles et consuméristes vont dans le mur sans crier gare. Mais là où le bât blesse et où l'on comprend pourquoi les politiques traînent un peu la semelle pour mettre en application les belles idées de Monsieur Hulot, c'est quand on découvre « les cinq propositions concrètes pour tout changer » dans la seconde partie de ce livre très bien documenté et relativement bien écrit : création d'un poste de vice-Premier ministre chargé du développement durable, instauration d'une taxe carbone progressive jusqu'à en devenir totalement confiscatoire, réforme de la Pac en faveur d'une agriculture de qualité, multiplication des débats publics pour impulser les nouvelles orientations et promotion d'une grande politique d'éducation à l'environnement en y mettant les moyens bien sûr. Tout cela fleure bon son vilain relent totalitaire, fiscaliste, directif et sectaire qui fait froid dans le dos et amène à conclure que l'enfer étant pavé de bonnes intentions, il n'est finalement pas si mal que ce genre de programme reste encore à décanter quelques années ou décennies de plus sur une étagère oubliée...

CC.RIDER - - 66 ans - 27 juin 2013