L'ère du soupçon
de Nathalie Sarraute

critiqué par Petitefille, le 25 janvier 2008
(d'une certaine manière, je pense que sans domoicile principal est la meilleure alternative - 35 ans)


La note:  étoiles
un pied de nez au déterminisme?
Malgré quelques longueurs, L'ère du soupçon parvient à atteindre son but (si l'on peut supposer qu'elle en eût un); tous les sens du lecteur sont en éveil lorsqu'il referme ce livre. En effet, Madame Sarraute pointe de son index délicat la crédulité dont nous sommes tous auteurs et victimes. Victime d'une mise en place "totalitaire" des écrivains qui livrent le tout, le trop de l'oeuvre au point que tout lecteur n'est plus guidé mais mené à la baguette. Auteur d'un excès de confiance en un démiurge tout puissant auquel on choisit d'asservir notre imagination par pure fainéantise.
Son analyse de l'incise (dans le dialogue), quoique très intéressante, ne m'a pas convaincue. Effectivement, tous les "dit-il", "soupira-t-il" et autre "murmura-t-il" peuvent apparaître comme des entraves à la lecture des dialogues. Mais pour répondre à Madame Sarraute, ne sont-ils pas là pour nous rappeler simplement que nous sommes dans un roman et au non au théâtre? Ce processus de distanciation, un peu lourdaud dirons-nous, est néanmoins utile, à mon avis (qui est loin d'être unanime).
Cette oeuvre est plus qu'un essai littéraire. On y perçoit toutes les influences futures du Nouveau Roman, cette fougue mêlée au constat accablant du "tout a déjà été dit"
Madame Sarraute, Vous êtes la preuve que le déterminisme biologique ne régit pas l'espèce humaine. Comment une femme aussi brillante que vous a pu pondre une Nathalie Sarraute?
Belle invitation à relire différemment 7 étoiles

Cet essai constitue une invitation à lire avec plus de discernement, plus de sens critique. Le lecteur ne devrait donc plus suivre une intrigue, il doit lui aussi apprendre à se méfier, à aiguiser son sens critique.

Cet essai apporte sa pierre à l'édifice de la littérature mondiale. Certes, une grande partie des romans publiés continuent à utiliser les règles existantes (une histoire, des personnages, une fin, dans un schéma souvent convenu), particulièrement pour ce qui concerne les livres les plus vendus.

S'il n'est pas en soi critiquable de sombrer parfois dans la facilité, il faut parfois essayer de se "faire mal" un peu, en lisant, d'aiguiser son esprit critique.

Je regretterai parfois quelques longueurs.

Fa - La Louvière - 49 ans - 27 avril 2010