Choléra
de Joseph Delteil

critiqué par Tistou, le 30 janvier 2008
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Sans queue ni tête.
« Je suis né le 25 décembre à minuit, d’une moujique et d’un grand-duc. Mon père avait le teint blond, une barbe de pope et des sourcils de dieu. Il fumait les havanes par le nez, et se soûlait d’une vodka spéciale confectionnée à Tsarkoié-Sélo dans un monastère de vierges à poil. A pied, il ne manquait pas de sentimentalité, ses jambes tendrement prises dans de hautes bottes de cuir suave. Mais à cheval, il n’était que torse, comme s’il eût fourré ses deux bottes dans les oreilles de sa monture. Il avait toujours un long jonc à la main, dont il fustigeait sans relâche l’air, la morale et la Russie. »

Ainsi commence le premier chapitre, intitulé « Autobiographie ». Télescopages, trous d’air dans les phrases, absurdités les plus solennelles, Joseph Delteil ne nous épargne rien. Il faut laisser la raison au vestiaire lorsqu’on attaque « Choléra » et juste se laisser porter par la magie des mots. Alors est-ce moi qui suis trop lourd, ou la magie pas assez costaude ? Je suis retombé plus souvent qu’à mon tour et alors ne reste plus que l’absurdité. J’ai mis 2* peut-être parce que ce n’était pas mon jour pour le lire … « Choléra » est plus que tout autre le genre de livre que vous ressentez très différemment selon votre état psychologique.
C’est de la poésie brute déguisée en prose ! Et on n’est pas tous les jours accessible à la poésie brute déguisée en prose !
Choléra est une des trois maîtresses du narrateur, celui dont l’autobiographie précède. Du reste il nous en fait la description au chapitre II, sobrement intitulé « Mes maîtresses » :

« Choléra : une brune de 15 ans, une brune au quinzième degré. Le visage est plein de sable, de jaunisse et de confiture. Longue, longue, longue fille ! Deux jambes avec un nez dessus et un sexe entre. Les cheveux par-dessus le marché. Frais dans ce visage d’épine-vinette, il y a des yeux d’érable. L’aiguillon, c’est la langue, et les boeufs les joues. Le front maigre et rectangulaire d’un corbeau. Au second plan, comme deux lunes rousses, les seins. »

Choléra est l’une des trois maîtresses, donc. Il y a aussi Corne et Alice. Après ? … Euh ! C’est un peu touffu … beaucoup poétique et échevelé … carrément pas racontable !