Les carnets de Jane Somers - Si vieillesse pouvait
de Doris Lessing

critiqué par Tistou, le 13 février 2008
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Si vieillesse pouvait
Doris Lessing poursuit avec son héroïne, Jane Somers, qui a traversé le premier tome (Journal d’une voisine), à soutenir, contre toute attente, Mrs Fowler une vieille femme un peu acariâtre jusqu’à sa fin. Un peu au détriment de sa carrière de rédactrice en chef d’un magazine féminin, mais sans dommages importants. Jane Somers est à ce moment de son existence comme « vierge » affectivement. Je veux dire par là qu’elle n’a pas d’amour et qu’elle se demande même si elle en a jamais eu !
Le tome II commence très fort :

« Je descendais du métro quand mon talon s’est coincé. J’ai alors senti mon pied droit basculer dans le vide et je suis tombée, me retrouvant à quatre pattes sur le quai, parmi la foule qui attendait de s’engouffrer dans la rame. Je me suis relevée tant bien que mal tandis qu'on se bousculait autour de moi. Encore chancelante, j’ai vu un homme s’avancer prestement vers moi, et, malgré mon trouble, j’ai été aussitôt frappée par son autorité, sa vivacité, sa maîtrise. »

Et vous devinez quoi ? Jane Somers, celle qui se demande si elle est capable d’aimer, tombe amoureuse. C’est le premier paramètre du roman.
Second paramètre, Jane Somers a une soeur, qui elle-même a deux filles : Jill qui s’est ouverte à la vie, tome I, dans l’ombre protectrice de Jane, et … Kate. Jill annonce à Jane qu’elle va quitter son appartement pour voler de ses propres ailes et prévient Jane de l’intention de Kate de venir prendre la suite. Souci : Kate est une très jeune femme immature, incontrôlée, incontrôlable. Et de fait, arrive Kate.
Le roman oscillera entre ces deux évènements en contrepoint ; un amour tardif impossible, une nièce qu’elle se sent incapable de mettre à la porte et qui s’avère un souci de tous les instants. A cet égard le tome II est l’antithèse du tome I. Dans celui-ci, Jane Somers s’épuisait à maintenir une illusion de vie auprès d’une très vieille femme finissante. Dans le tome II, Jane Somers rencontre ses limites dans ses tentatives à convaincre une très jeune personne à faire quelque chose de sa vie. Paradoxalement, ce tome consacré à la jeunesse et l’amour est plus crépusculaire que le tome I pourtant consacré à la vieillesse et la mort.
J’ai senti Doris Lessing moins à l’aise dans ce registre, notamment dans les relations de Jane Somers avec Kate. Un peu d’invraisemblance m’a-t-il semblé ?
Ca reste néanmoins un roman « Lessingien », plein de finesse et dense.
Une envie 9 étoiles

Cela semble surtout un roman fait pour passer un très bon moment.
Je ne l'ai pas encore lu et tout me pousse à y aller.

Imani - Toulouse - 44 ans - 14 février 2008