Mon traître de Sorj Chalandon
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Déchirement irlandais
Antoine est parisien, luthier, il ne connaît de l'Irlande que ses bières et ses vertes vallées, voire un peu sa musique, mais du Nord, rien. Or si du Nord on ne sait rien, d'Irlande, en gros, on ne connaît rien ou presque.
Alors son ami lui raconte plus de vingt-cinq ans de combat irlandais, l'histoire des rues, des revendications, des politiques et des résistances. Petit à petit, Antoine se laisse subjuguer par ce récit et écoute attentivement le destin de Tyrone Meehan, combattant de l'IRA, militant convaincu, qui partagea une profonde amitié avec son ami, jusqu'à ce que celui-ci apprenne qu'il était un traître au service des Britanniques. Coup de poing, coeur déchiré et rage au ventre... on imagine assez facilement les émotions qui ont pu étreindre l'ami d'Antoine puis ce dernier lorsque tout cela lui est raconté.
Ce récit est largement autobiographique. Sorj Chalandon a couvert le conflit irlandais pendant des années et était un ami très proche de Denis Donaldson, assassiné en 2006. Pendant plus de deux décennies, Chalandon a suivi l'histoire irlandaise dans les pas de Donaldson, qui était bien plus pour lui qu'une source et un contact sur place. Les deux hommes avaient appris à s'apprécier et lorsque Chalandon sût que Donaldson travaillait en réalité au service des Anglais, la chute fut rude.
Alors ce roman, c'est sans doute une manière de faire la paix avec le passé mais aussi avec lui-même et c'est ce qui explique cette émotion permanente qui habite chaque page. Des passages poignants, l'impression de (presque) vivre la déchirure en même temps que Chalandon, sans parler de toutes ces infos sur le conflit irlandais vu de l'intérieur. A lire et à relire tant ce roman est humain et intéressant, j'ai passé un bon moment, partagée entre la révolte, la prise de position personnelle (cette histoire me touche de près) et l'empathie.
Les éditions
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Mon traître [Texte imprimé], roman Sorj Chalandon
de Chalandon, Sorj
B. Grasset
ISBN : 9782246726111 ; 18,20 € ; 09/01/2008 ; 275 p. ; Broché -
Mon traître [Texte imprimé], roman Sorj Chalandon
de Chalandon, Sorj
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253126393 ; 7,20 € ; 26/08/2009 ; 216 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (20)
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Un roman très orginal
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 17 mars 2020
Curieusement, la personnalité du « traître », personnage principal du livre, n’est pas très fouillée et ses raisons ne sont pas très claires. L’auteur s’étend plutôt sur les réactions de son ami parisien. Ceci dit, l’intrigue est très bien trouvée.
Sorj Chalandon écrit très bien. Son style est vif et jamais ennuyeux... malgré quelques « trucs » d’écriture comme toutes ces phrases qui commencent par « j’ai imaginé, j’ai imaginé, j’ai imaginé… ou bien : il m’a dit, il m’a dit, il m’a dit... » ce qui, à la longue, fait un peu ficelle.
Sans être bégueule, j’ai été gêné par certaines vulgarités : le mot « pisser », par exemple, revient 11 fois sur 6 pages. Ce mot a sa raison d’être dans beaucoup de circonstances mais, à mon avis, pas en littérature, surtout avec une telle insistance.
Mais c’est, bien sûr, un détail qui n’enlève rien au plaisir de lire ce bon roman dont le principal mérite est l’originalité du sujet et de l’intrigue.
Amitié
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 15 janvier 2017
Terre déchirée.
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 5 juin 2016
Mon jugement est probablement altéré par le fait que je lis dans le désordre sans suivre la chronologie des éditions.
Retour à Killybegs m'avait séduit et Mon traître m'aura laissé un peu désabusé.
Ceci dit, tout est intéressant dans ce texte ; les idées véhiculées sont instructives et didactiques. le style est toujours rondement mené, mais j'ai trouvé que l'histoire s'emmêlait un peu
L'Irlande, cette terre déchirée est l'objet de bien des larmes.
Amitié sans mesure
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 27 février 2016
Changer de vie, prendre des risques, se sentir "à la façon de", aimer irlandais, sentir irlandais, vivre irlandais, voici l'expérience que vit ce luthier parisien.
Sa vie est chamboulée et il n'a plus d'autre repère. Alors la chute est brutale, j'imagine le mal-être et le désarroi qu'il a connus à l'annonce des faits reprochés à son traître, et la tristesse de constater qu'il a été trahi, comme les autres.
Un livre immensément humain, qui remue tout entier.
Sunday Bloody Sunday
Critique de Pytheas (Pontoise - Marseille, Inscrit le 5 avril 2012, 59 ans) - 8 décembre 2014
ballade tragique irlandaise
Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 31 août 2014
Je n'ai pas été touché par cette histoire, le contexte de la guerre religieuse en Irlande du Nord est extrêmement bien retranscrit mais je ne me suis pas senti concerné, de sorte que j'ai traversé le livre en passant sans doute à côté du caractère poignant de cette "traîtrise"
Sans doute un très bon livre, comme l'ont bien décrit les critiques précédents, je n'étais simplement pas le public cible.
Miché éïra !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 23 octobre 2013
Tel un boxeur, j'avais été compté à la lecture de "Retour à Killybegs". Je n'imaginais pas 1 seconde que le KO viendrait avec "Mon traître" d'une sensibilité et d'une puissance insolentes !
Je souhaite à toutes les femmes d'être aimées avec la même intensité que celle développée par l'auteur dans ce roman.
Jugez plutôt :
"Je n'étais pas irlandais. Je ne le serais jamais. Mais j'étais entré dans sa beauté terrible et c'était sans retour. Ce serait elle. Mise Eire. Mon Irlande rebelle, ma rassurante".
"Je ferme les yeux et j'écoute l'odeur de cette ville. Un goût de brique, un goût de guerre, un goût de tristesse et de colère aussi".
"Un air épais de tourbe et de charbon. L'odeur de Belfast".
"L'accent champêtre, rugueux, pierreux du Kerry ou boueux du Donegal".
"j'étais le bienvenu dans une maison simple, ouvrière, de briques sales et d'ardoises sur le toit; collée à une maison identique".
"Je chantais le Soldier Song, portait une Claddagh ring".
"J'étais juste fier de marcher avec lui (Tyrone Meehan, mon traître), le long des rues inquiètes, avec ces gens qui le saluaient".
"J'étais parmi eux, le Français à la table de Cathy et Jim , luthier parisien de 32 ans, j'étais comme irlandais !
Que rajouter de plus ?
Ce court roman (216 pages) respire l'Amour d'une nation blessée, d'hommes et de femmes d'honneur, de sons, d'odeurs et de chaleur humaine.
Une oeuvre magique qui m'a projeté hors du temps pendant 2 jours... de la magie en format Poche.
In-dis-pen-sa-ble !!!!!
L'ami disparu
Critique de Olivierm38 (, Inscrit le 2 janvier 2013, 59 ans) - 2 janvier 2013
Il raconte l'histoire d'un jeune luthier solitaire, qui vit à Paris sans vraiment y être chez lui, et se trouve une patrie d'adoption - ou qu'il croit telle -, l'Irlande et tout particulièrement l'Irlande du Nord.
La douleur qu'il va ressentir sera à la hauteur de sa passion, progressivement obsessionnelle - le coupant peu à peu de ses amis, ou simples connaissances, pour ce pays qui n'en est pas un.
Sorj Chalandon raconte avec intensité la dureté de ce conflit, la violence des humiliations, les haines et la peur quotidienne au temps pas si lointain de ce qu'on appelait 'la guerre d'Irlande" dans les années 80. Il évoque aussi avec justesse la difficulté de la transition vers une phase "politique" du conflit.
En sus de cette dimension historique et sociale, il y a des portraits marquants, attachants, et au tout premier de ceux-ci, le couple formé par le narrateur et son traître, Tyrone Meehan dont on peut révéler le nom sans peine puisque Sorj Chalandon n'a pas choisi la facilité consistant à faire de l'identité du traître, gardée secrète, le principal sujet de l'intrigue.
L'auteur ne donne pas de réponse définitive aux questions qui taraudent son narrateur, il laisse chacun construire les siennes à partir des éléments qu'il a livrés dans son roman: comment devient-on traître, comment vit-on une vie de traître, reste-t-il une place pour la sincérité dans quelques instants, trace-t-on un trait complet sur sa vie d'avant... l'ultime rencontre entre le narrateur et son traître est frustrante et authentique.
Son livre est dur dans ses descriptions, mais sensible, avec une compassion qui n'est pas de la pitié. Il pourrait être extrêmement noir, mais laisse cependant une place à l'espoir, de façon presque inattendue.
BELFAST, IRLANDE DU NORD… CHEZ MOI !...
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 22 janvier 2012
Et puis, et surtout, surtout, l’écriture magnifique, sombre, concise avec des phrases justes, courtes, simples, épurées, rapides, concises, émouvantes, une écriture au burin, que dis-je au scalpel, des phrases travaillées, ciselées, comme du fer forgé… Des phrases qui sortent des tripes, des phrases qui te prennent aux tripes... au service d’une langue pure et belle…
Voilà ce qu’est ce livre… Tout cela est encore beaucoup, beaucoup plus… pour découvrir tout cela une seule chose à faire… le lire…et découvrir un livre exceptionnel, comme on en lit rarement !...
Pour que les noms de Bobby SANDS, Francis HUGHES, Raymond McCREESH, Patsy O’HARA, Joe McDONNELL, Martin HURSON, Kieran DOHERTY, Kevin LYNCH, Thomas McELWEE, Micky DEVINE et des autres, toutes les autres victimes de tous les camps du conflit Irlandais ne soient jamais oubliés…
Dépaysement prenant!
Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 27 novembre 2011
A travers son écriture, il réussit à nous faire ressentir tout le mal que son ami traître a pu lui infliger, et on ne regarde plus les évènements seulement avec ses yeux mais aussi avec son coeur.
Sorj Chalandon semble vouloir nous livrer ses blessures pour mieux les panser.
A mon goût, ce roman est un peu court, et j'aurais aimé m'imprégner un peu plus de cette atmosphère et de ce drame. Mais le résultat est tout de même vraiment prenant...
Je ne connais pas l'Irlande
Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 24 novembre 2011
Quant au cadre de ce livre, l’Irlande du Nord des trente dernières années, quelle claque ! Qui se souvient ici de ces familles décimées par la guerre, des enfants abattus, des maris emprisonnés dans des conditions d’un autre temps, de ces dix prisonniers Irlandais morts de faire la grève de la faim ? Ce n’est pas vieux, ça a trente ans et c’était en Europe.
C’est à la lecture des critiques sur Retour à Killybegs que j’ai décidé de lire ce livre, merci aux CéLiens qui me l’ont fait découvrir.
Ireland's call
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 4 novembre 2011
Il existe peu de livres sur l’Irlande, la vraie, loin des clichés touristiques, l’Eire n’est pas qu’une jolie carte postale avec ses pâturages verts, ses moutons et sa Guinness, elle possède une histoire, riche, pesante, une culture forte, une atmosphère envoûtante, un charme inné, qui peuvent vous conquérir à tout moment.
Cette histoire d’amour entre un homme et l’Irlande, c’est celle d’Antoine le luthier parisien, ou plutôt Tony comme le surnomme son « traître », son meilleur ami. Cet homme rencontré à Belfast va tout changer. Ce personnage charismatique, leader de l’IRA, reconnu, aimé et respecté de tous est le fil rouge de ce roman.
Fort, poignant, Mon Traître est un roman qui vous prend, vous emporte directement en Ulster, l’écriture est brute, concise, on sent tout le vécu, toute la passion de Chalandon dans chacun de ses mots, car bien entendu il existe un fort parallèle entre ce roman et l’amitié ayant lié l’auteur à Denis Donaldson, lui aussi membre de l’armée républicaine Irlandaise, en réalité traître à sa cause, à son pays, à ses amis, à ses frères d’arme, à tous ceux qui on fait de lui, l’homme qu’il était.
Mon Traître est donc un roman sur le conflit Nord-Irlandais, mais pas uniquement. Il s’agit également d’une histoire d’amitié, avec Cathy et Jim O’Leary, Tyron Meehan, une réflexion sur l’inenvisageable, la trahison, la complexité des relations humaines.
Un très bon roman.
I am a Belfaster !
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 8 mai 2011
Notre luthier devient peu à peu tellement inféodé à la cause républicaine irlandaise, que c'est lui qui rappelle aux militants de l'IRA qui l'ont accepté comme un ami de leur combat, et qui auraient cédé à quelque découragement, que cette cause et ce combat sont justes et méritent les sacrifices consentis.
Des sacrifices qui peuvent être immenses, c'est parfois leur vie -pire- leur dignité que les militants offrent dans l'espoir de faire bouger les choses : certains préfèrent croupir dans leurs propres déjections ou se laisser mourir de faim, plutôt que de pactiser avec l'ennemi. Et l'Irlande sait honorer ses martyrs.
Il arrive aussi que des époux et pères de famille, pour retrouver la douceur du foyer, trahissent......
mon ami, mon traître
Critique de Lilule (baalon, Inscrite le 24 février 2006, 51 ans) - 23 février 2011
Un récit fort et tenu
Critique de Poisson-Chat (, Inscrit le 12 février 2011, 52 ans) - 12 février 2011
Pour les besoins de la fiction, le narrateur endosse les traits d’Antoine, un luthier parisien qui va, au cours d’un voyage, découvrir l’Irlande du nord et se passionner pour cette guerre qui la déchire. Il n’aura de cesse d’y retourner. Surtout après avoir fait la connaissance de Tyron Meehan, leader de l’IRA et condensé de héros charismatique et sympathique, prêt à souffrir pour sa patrie. Il prendra Antoine sous son aile, de virées dans des pubs ou dans des paysages grandioses, il le familiarisera avec la "question irlandaise", tout en veillant à ne pas l’impliquer dans une cause qui n’est pas la sienne.
Antoine possède tous les traits du parfait naïf dans son engagement sans rime ni raison pour le parti des républicains catholiques. C’est peut-être une des rares faiblesse du récit. Ce qui rend toutefois la duperie de son ami irlandais peut-être encore plus cruelle. Car elle en dit long sur la complexité des relations humaines, de nos rapports aux idéaux, aux croyances et aux engagements.
Un récit fort et tenu, dont chaque phrase frappe sur une plaie encore ouverte. Pour tenter de rendre compréhensible, l’impensable. Mais, surtout, pour interroger : peut-on trahir son engagement sans cesser d’aimer son pays ? Peut-on dénoncer les siens sans perdre son âme ? Peut-on tromper son ami tout en conservant pour lui respect et affection ?
La trahison
Critique de Math_h (Cahors, Inscrit le 11 août 2008, 38 ans) - 12 octobre 2009
Un des plus beaux livres que j'ai eu l'occasion de lire. On ne peut qu'être touché, interpellé et interrogé par ce roman.
Douleurs............
Critique de Spirit (Ploudaniel/BRETAGNE, Inscrit le 1 février 2005, 64 ans) - 17 janvier 2009
J’ai rencontré l’Irlande vers mes 16,17 ans, au milieu des années 70. J’ai d’abord épousé la cause avant de connaître la Stout, les paysages, les gens, la musique et bien plus tard grâce à un ami, la littérature. J’ai épousé la cause sans vraiment osé franchir le pas (le comité Bretagne/Irlande se trouvait à cent mètres de chez moi) et depuis j’ai été en Irlande, plusieurs fois, la première m’a mis en face des hélicoptères Anglais, des soldats, des miradors durant 15 minutes, le temps d’un passage du car à la « frontière » entre le sud libre et le nord occupé… depuis les voyages ont été plus doux, j’ai dormi en ULSTER…. je ne connais rien, je n’ai rien vu, rien entendu………. le coup de poing à l’estomac que j’ai reçu à la lecture du livre de Sorj Chalandon est indescriptible, c’est un livre magnifique mais tellement douloureux….. et l’Irlande me manque comme un membre amputé…… Ce n’est pas un livre que l’on doit acheter mais un livre que l’on doit offrir.
Belfast, mon Irlande
Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 10 août 2008
C’est en avril 1977 qu’il va faire la connaissance de « son traite » il va lui apprendre à « pisser ». Son traite, il s’appelle Tyrone Meehan « aux yeux très bleus, une friche de sourcils, des cheveux blancs qui faisaient désordre au-dessus de ses oreilles », un leader de l’IRA.
En quelques années Antoine va apprendre à connaître ce pays, ses partisans, ses militants, partager les bières, les accolades, la mort, la vie, il va jusqu’à en prendre les attitudes, le comportement, il veut devenir Irlandais. Mais peut-on réellement changer son origine ? Le faut-il vraiment pour être adopté ?
Au cours de ce récit viennent s’intercaler les interrogatoires de Tyrone par l’IRA.
Tout comme Antoine beaucoup de questions nous trottent dans la tête, Pourquoi ? Pourquoi fait-on ça ? Qu’est ce qui se brise en nous ? Ca fait mal ? Ca fait du bien ? Ca pourrait arriver à n’importe qui ? …
Faut-il regarder ‘Le Mouchard » de John Ford pour commencer à comprendre ? Pour chercher comme Antoine la compagnie de Tyrone Meehan ?
C’est un très bon livre, ce roman retrace 30 années de l’histoire de l’Irlande du Nord, une Histoire que son auteur connaît bien en tant que journaliste, il a suivi l'histoire irlandaise dans les pas de Donaldson. C’est un roman humain, vrai, à lire et relire
casse la visière, t'auras l'air vrai
Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 8 avril 2008
Propulsé dans une lutte à mort, le petit luthier parisien n'a rien à voir avec ce combat qui n'est pas le sien. Les Irlandais du nord l'accueillent, parce qu'il est franc, l'acceptent parce qu'il est travailleur, l'adorent parce qu'il est courageux.
Tony suit le combat d'un peuple dont il ne sera jamais citoyen. Les idées dépassent les frontières, accaparent les esprits, unissent les forces d'opposition, divisent les révolutionnaires. De l'inégalité nait la révolte des injustices tout de suite récupérées par des mouvements d'extrémistes dangereux, dangereux dans le sens où, de prôner la violence comme seule réponse à la violence, engendre les guerres.
Il s'agit de la trahison d'un homme, envers une lutte sans merci menée par l'IRA. Trahir ses frères, renier sa terre, sa patrie n'est pas une mince affaire, innocente. La sournoiserie de l'ennemi anglais dirigée par une main de fer...
L'habileté de l'auteur donne à son texte, un parti pris obligeant le lecteur à rallier cette cause.
Avec cet engagement, il procure, chez moi, un réel besoin d'information supplémentaire. Il m'est nécessaire de me renseigner sur la survivance de cette lutte à laquelle j'ai adhéré au moment des évènements forts jalonnant nos esprits de jeunes étudiants révolutionnaires.
Deuxième sujet profond de Chalandon pour lequel les questions restent en suspend à la fin du roman.
À ceux qui sont restés 18 ans en camp de décérébralisation, aux autres qui, après avoir vécus enfermés, nus, sont sortis de leur geôle les pieds devant, aux débilités de toute guerre détruisant la vie de civils, enfants compris, je garde une ligne blanche amère, éclairée par ces seuls points de suspension
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le ciel d'Irlande, sa pluie, sa peau...
Critique de Sentinelle (Bruxelles, Inscrite le 6 juillet 2007, 54 ans) - 12 mars 2008
J'ai été très vite captivée par le ton passionné de cet auteur lorsqu'il nous confiait son histoire d'amour qui le reliait à l'Irlande du Nord et sa cruelle désillusion lorsqu'il apprit que Denis Donaldson, leader charismatique de l'Armée républicaine irlandaise, qui fut avant tout son maître, son mentor, son ami, celui dont il était si proche et qui l'appelait "fils" fut aussi son traître pendant plus de 20 ans à la solde du gouvernement britannique.
J'ai retrouvé cette même exaltation et ce même élan passionné dans son roman.
L'homme Denis Donaldson devient le personnage Tyrone Meehan.
Sorj Chalandon le journaliste devient Antoine, un jeune luthier parisien, qui épouse la cause irlandaise républicaine de l'Irlande du Nord, au point de côtoyer de près et d'offrir son aide aux membres de l'IRA. L'Irlande, il la boit, il la hume, il l'écoute, il s'enivre au son du violon et verse des larmes à l'écoute de l'hymne national avec ses compagnons de lutte. L'Irlande, c'est son pays de cœur, bien plus précieux que celui de sa naissance.
Extrait :
"Je n'étais plus de ce lieu, de ces immeubles qui empêchent le ciel. Je n'étais plus rien ici. Je voulais Tyrone Meehan, leur regard, Falls Road, le sourire de Bobby Sands, l'odeur de tourbe à l'âtre, les clins d'œil au coin des rues, une main sur mon épaule, le cahot des taxis collectifs, les enfants en uniformes d'écoliers, les frites graissant le journal roulé en cornet, ma pinte de bière noire, le métal des blindés ennemis, l'aigrelet des fifres, le sourd des tambours, le ciel d'Irlande, sa pluie, sa peau."
Il va très vite faire la connaissance de celui qui deviendra presque un père pour lui, le leader respecté de tous, Tyrone Meehan. Cet homme qui trahira sa patrie, sa communauté, sa famille, ses amis, Antoine aussi…
Un très bon roman qui nous parle de la cause irlandaise républicaine mais également des rapports humains dans toutes leurs complexités. Un roman qui nous parle de la trahison et d'un homme marqué à jamais par cette traîtrise mais qui essayera jusqu'à la fin de sa vie de ne pas juger celui qui n'était finalement qu'une victime supplémentaire de la guerre.
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