Sur ma mère de Tahar Ben Jelloun

Sur ma mère de Tahar Ben Jelloun

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Arabe

Critiqué par Amanda m, le 22 février 2008 (Inscrite le 10 janvier 2008, 57 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 937ème position).
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Hommage à une mère

« La mémoire défaillante de ma mère l’a replongée pendant les derniers mois de sa vie, dans son enfance. Redevenue soudain une petite fille, puis une très jeune fille tôt mariée, elle s’est mise à me parler, à se confier, convoquant les morts et les vivants. »

Tahar Ben Jelloun écrit la vie de Lalla Fatma, sa mère. A travers les derniers mois de sa vie, il raconte la vie de cette femme, rythmée par les traditions, les coutumes marocaines.

Une femme qui s’est toujours pliée aux usages, mariée à 15 ans, veuve et mère à 16 ans. Remariée, veuve à nouveau. Remariée une troisième fois et veuve une nouvelle fois.

C’est un hommage touchant qui nous entraîne dans le Maroc d’hier et d’aujourd’hui. Celui des femmes qui se doivent d’obéir à leur mari, celui des jeunes mariées qui découvrent leur mari le soir des noces, celui des femmes à la fois soumises et souveraines. Des traditions qui peuvent choquer les occidentaux, Tahar Ben Jelloun dit aussi la poésie, le respect et la tolérance qu’elles expriment. Les femmes sont les piliers du foyer, infaillibles, solides, elles règnent silencieusement en maîtresses et leur soumission n’est qu’apparence.

Il raconte avec pudeur et simplicité la maladie, l’oubli, l’effacement de la mémoire, la solitude, la dépendance qu’elle entraîne. Le dévouement de Ketmoul, la dame de charge, dédiée au bien-être de Lalla Fatma, sa maîtresse, sa rage parfois d’être totalement consacrée, dévouée, sa fatigue, sa lassitude qui ne pointent que rarement au milieu d’un océan de tendresse et de dévouement, le désarroi des enfants, tiraillés entre le respect, le devoir et leurs vies à mener. Petit à petit, le corps lui aussi lâche Lalla Fatma. Elle s’éteint le 4 février 2002 et va rejoindre ses hommes, sa mère, son père, ses frères, venus l’accueillir (« Alors voilà, nous sommes là. Le voyage n‘a pas été trop pénible. Le voyage ou la traversée. Tu arrives en plein hiver. Nous allons enfin dormir, dormir longtemps, toute l’éternité, viens, avance, assieds-toi, repose-toi. Tu verras, ici le temps tourne en rond, parfois il nous donne le vertige. Tu n’aimes pas ça, quand tu étais petite, tu es tombée d’un manège à Jnane Sbile, au jardin public. Tu avais vu des étoiles et tu es restée étourdie pendant quelques minutes. Là, il n’y a pas de manège. Mais tu verras on sent le temps au vent qu’il fait naître à son passage. Nous ne nous méfions ni du temps ni du vent. Plus rien ne peut nous atteindre. Tant qu’on se souvient de nous, nous existons. D’ailleurs c’est le vent qui nous informe. Il nous renseigne sur l’état des choses que nous avons laissées derrière nous. »)

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Lourd

2 étoiles

Critique de Takkay (, Inscrite le 16 novembre 2010, 40 ans) - 16 novembre 2010

Dans ce livre, l'auteur retrace les derniers jours vécus de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer à un stade très avancé.
Des souvenirs de son enfance et de sa vie d'adulte lui reviennent et sont couchés sur le papier par l'auteur dans un style littéraire assez oral (les phrases sont mises les unes après les autres sans pour autant avoir de lien direct).
Sur les 100 premières pages, on peut mettre en relation ce style avec les souvenirs qui sont eux aussi sans lien entre eux.
Au delà des 100 pages, ce style devient assez lourd et lassant.
On a la sensation de tourner autour de la vie de Lalla Fatma, de la maladie d'Alzheimer mais aussi des ressentis de la famille sans jamais rien toucher du doigt réellement.

Lassant

5 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 10 juin 2010

Lalla Fatma est une mère marocaine analphabète et très croyante qui souffre d’alzheimer.
Son plus jeune fils nous raconte sa lente et longue agonie, ses nombreuses hallucinations et divagations. En effet, sa mère vit avec les morts de sa famille : ses parents, ses trois maris défunts, son frère, etc. (« Comment lui dire que je ne suis pas dérangée, que je suis en voyage et qu’il m’arrive de m’arrêter dans la ville de mon enfance, là je retrouve mes parents, mes objets, mes parfums. ») Cela donne des réflexions sur la garde des personnes âgées dans un pays où les maisons de retraite n’existent pas ; sur l’euthanasie, interdite par l’islam...
Voici comment l’auteur décrit la maladie d’alzheimer : « Penser à cette faillite, à ces absences où le temps s’ennuie et s’effrite, regarder sa propre image défaite dans ce miroir plein de trous, aller chercher en soi les traces du bonheur dans l’espoir de colmater ce fissures de l’âme et sauver les mots de ce désarroi qui fait mal. »
Le livre commence de manière sympathique en remémorant la vie de Fatma, mais il devient vite lassant, bourré de redites : il faut beaucoup de patience pour accompagner une personne souffrant de cette terrible maladie, mais quand en plus il s’agit d’une personne qui ne nous est pas proche, je ne vois pas l’intérêt. Le style ne facilite pas la lecture non plus : des phrases accolées les unes aux autres par des virgules, indéfiniment, dans un style oral ; avec en prime, des fautes de français. Le lecteur a du mal à suivre lorsque l’auteur fait passer la parole du fils à la mère ou autre sans prévenir, sans ponctuation, sans changer de paragraphe. Cela rend peut-être bien le climat de confusion de la malade, mais c’est très pesant à lire.

Un regard franc et émouvant sur la vieillesse

7 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 6 novembre 2008

On lira avec émotion ce roman dans lequel , entre tendresse et gravité, mais sans pathos, Tahar Ben Jelloun rend compte de la dégradation dont est victime sa mère à la fin de sa vie .

Cet ouvrage à caractère intime dédié à ses propres enfants, où il reconstitue 60 années de vie familiale , offre parallèlement un intérêt documentaire, puisque en retraçant la vie d’épouse de sa mère, il présente un état de la condition féminine au Maroc et une observation des ravages causés par la maladie d’Alzeimer .

Tahar Ben Jelloun intégre dans ce récit des monologues où la logorrhée débridée de sa mère en proie aux ravages de la sénilité traduit sa confusion entre passé et présent, réel et imaginaire, mais, par ce parti pris de restituer ces ressassements obsessionnels, l’auteur prend le risque de lasser le lecteur .

Emouvant!

8 étoiles

Critique de Nana31 (toulouse, Inscrite le 29 janvier 2006, 55 ans) - 27 octobre 2008

L'auteur retrace les derniers jours vécus avec sa mère,pendant lesquels elle fut atteinte de la maladie d'Alzeihmer.
L'auteur vient la voir souvent, et sa mère se livre soudain au gré de leurs conversations. (chose qu'elle ne faisait jamais auparavant). L'histoire familiale ressurgit alors ;un Maroc oublié ressurgit, entre Fès et Tanger, mariages traditionnels et arrangés etc).
Ce récit raconte aussi la maladie et ce qu'elle entraîne (oubli de la mémoire, dépendance, solitude,) mais aussi le dévouement de Keltoum l'aide malade).
C'est un hommage sur sa mère très émouvant!

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