Retour de l'URSS : Suivi de Retouches à mon Retour de l'URSS de André Gide
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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La révolution d'octobre 20 ans plus tard...
Le 20 juin 1936, André Gide prononce un discours sur la place Rouge lors de l'enterrement de Gorki. Il profitera de sa venue en U.R.S.S. pour faire un voyage dans plusieurs régions et villes du pays. Il ne faut pas oublier que Gide était un solide soutien de la révolution soviétique en France.
Dans ce petit livre, Gide nous raconte ce qu’il a vu dans la patrie du « Peuple » et les impressions qu'il en a recueilli. Déjà dans la préface de son texte, il se dit ceci : « Si je me suis trompé d'abord, le mieux est de reconnaître au plus tôt mon erreur ; car je suis responsable, ici, de ceux que cette erreur entraîne. »
Gide est tout d'abord enthousiasmé par ce qu’il voit, tant dans les villes, que dans les usines, les écoles et les crèches. D'accord, il n’y a pas assez de marchandises à vendre dans les magasins et, celles qui le sont, sont d’une laideur terrifiante. Mais il lui semble logique que l’on privilégie d’abord la quantité à la qualité. Et les besoins sont gigantesques !. Les gens lui semblent de bonne humeur et heureux, bien plus heureux qu'en France. Il attribue cela au fait qu’il n'y a plus de classes et quasiment pas de différences entre les uns et les autres.
Il visitera des écoles extraordinaires, mais se verra obligé de reconnaître qu'elles ne sont pas accessibles à tous. Il verra des complexes hôteliers superbes, ouverts à la population, mais les ouvriers qui travaillent sur des constructions aux environs vivent à quatre dans une cabane de bois de quinze mètres carrés et sans confort… D'autres choses le choqueront aussi et il se posera quelques questions sur l’avenir de cette belle révolution.
Le plus grave est que, selon lui, en Union Soviétique, c’était la culture qui allait tout faire avancer. Or, que voit-il ? Un peuple totalement fermé aux autres et qui avale tout ce que le journal unique, la Pravda, lui donne. Et cela au point que le peuple est convaincu qu’il est le meilleur dans tout et le plus heureux de la terre !… Un étudiant lui dira qu'il ne voit pas l’intérêt d’étudier l’allemand ou l’anglais, car ces peuples n'ont rien à leur apporter… Un cadre va aller jusqu'à lui demander s’il existe des écoles en France et est sceptique quand il répond oui !
L’horreur réside aussi dans le conformisme. Il y a une ligne tracée par le parti et la question n’est jamais de savoir si quelque chose est bien ou non, le seul problème est : « Sommes- nous dans la ligne » et seul cela compte ! Quant à « la ligne », on ne la critique jamais et, le serait-elle, que la moindre protestation est passible des pires peines et étouffée dans l'œuf. Gide écrit : « Et je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fût-ce dans l'Allemagne de Hitler, l’esprit soit moins libre, plus courbé, plus craintif (terrorisé), plus vassalisé. »
Gide tirera également les conclusions de cet état de fait en matière d'art et de littérature.
Il rentrera donc très perturbé de son voyage et tentera, dans cet ouvrage, d'en donner le récit le plus objectif possible.
Un livre vraiment très intéressant à lire et très actuel au niveau de la réflexion politique ou culturelle.
Les éditions
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Retour de l'URSS [Texte imprimé] André Gide
de Gide, André
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070343218 ; 6,90 € ; 05/11/2009 ; 212 p. ; Broché -
Retour de l'U.R.S.S. [Texte imprimé] André Gide
de Gide, André
Gallimard / Littérature
ISBN : 9782070353965 ; EUR 3,89 ; 14/09/1978 ; 184 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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Dès 1935 : les preuves du monstrueux régime communiste soviétique !
Critique de Anonyme11 (, Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans) - 21 août 2020
En effet, à travers son voyage en U.R.S.S., André Gide nous décrit un contexte sociétal terrifiant :
– Dès leur plus jeune âge, dans les jeunesses communistes (Komsomols) : l’Etat encourage les enfants à dénoncer autrui ; les gens sont endoctrinés, fichés et surveillés ;
– La liberté de penser par soi-même est considérée comme « contre-révolutionnaire » ;
– Le but à atteindre est : le nivellement social, l’uniformité des comportements et des esprits ;
– Certes, il n’y a plus de « classe sociale », mais TOUS sont pauvres, sauf les dirigeants du Politburo évidemment ;
– Les gens ne peuvent pas se plaindre puisqu’ils n’ont pas de point de comparaison, étant hermétiquement coupés du reste du monde (pas de journaux hormis l’officielle et Etatique Pravda, interdiction d’expression, d’opinion, etc.) ; et de toute façon, l’Etat-Parti unique ment au peuple, fait de la propagande en lui disant que les conditions sociales sont pires encore, dans le reste du monde ;
– Interdiction de quitter l’unique Parti Communiste ;
– Interdiction du droit de grève ;
– Pas de possibilité de se déplacer librement dans le pays (passeport intérieur).
Dans ce système totalitaire communiste, l’Etat promet le « bonheur »… pour plus tard ; mais d’abord il faut travailler à l’édification de l’idéologie communiste, la fumeuse « dictature du prolétariat », effectuée dans le cadre de la « lutte des classes » (guerre civile). Des générations entières ont travaillé (esclavagisme) et espéré pendant 74 ans, de 1917 à 1991. Mais en guise de récompense le peuple Russe a juste eu le droit : à la déportation en camps de concentration (environ 18 millions de personnes) et/ou à l’extermination (environ 20 millions de morts innocents) !
Et le « bonheur », lui, n’est jamais advenu !
Scandale de la vérité
Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 81 ans) - 19 novembre 2011
On sait le peu de cas qu'André Gide faisait du conformisme, de quelque bord qu'il fût. Ce bouquin en est une preuve supplémentaire.
Un témoignage politique d'importance
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 12 août 2010
Les descriptions de l'Union soviétique stalinienne constituent des données assez rares, surtout à l'époque. Il n'est donc pas étonnant, comme il le relate lui-même après coup, que ses écrits aient suscité maintes réactions.
Ce qui m'a frappé est la réaction des Soviétiques qui s'intéressaient surtout à la manière dont on les enviait et flattait à l'étranger, en sus de leur manque d'esprit critique face à la désinformation de la Pravda.
Gide et la désillusion face au communisme.
Critique de Eniotna (Savenay, Inscrit le 27 juin 2004, 37 ans) - 31 octobre 2004
C'est en 1937, à l'âge de 68 ans, que l’auteur de Corydon et du Voyage au Congo remet une fois de plus toute sa notoriété en jeu et qu’il publie le Retour de l’U.R.S.S.. Je ne rajouterai pas de couche supplémentaire à la critique que Jules a faite de l’ouvrage mais voulais simplement insister sur la justification que ce livre a suscitée : les ventes importantes qu’il a provoquées ont entraîné un déchaînement des intellectuels favorables au système soviétique : après avoir été honni par la droite qui l’avait vu choisir le communisme, il allait être considéré comme un traître par la gauche. Ainsi, dans les Retouches à mon Retour de l’U.R.S.S., Gide justifie fortement sa position à l’aide de textes, de statistiques, de témoignages et même… d’extraits d’articles de la Pravda !
J’avais aimé le Retour de l’U.R.S.S. mais j’étais resté un peu sur ma faim : les « Retouches » au voyage apportent alors une pleine satisfaction. (Les éditions regroupent généralement les deux livres dans un même ouvrage)
Ces deux petits ouvrages sont d’abord admirables en tant que récits parfaitement engagés d’un homme qui pouvait perdre beaucoup mais a continué à poursuivre un idéal de vérité toute sa vie ; aussi en tant que témoignages précis et objectifs (pour la plupart) d’une réalité vécue au jour le jour par leur auteur.
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