Les années de Annie Ernaux

Les années de Annie Ernaux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Bobobea, le 12 mars 2008 (Inscrit le 19 février 2008, 46 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 18 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 165ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 9 650 

J'ai lu pour vous "les années"

Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l'après-guerre à aujourd'hui. En même temps, elle inscrit l'existence dans une forme nouvelle d'autobiographie, impersonnelle et collective. Je vous le conseille vivement.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

À la recherche du temps perdu...

8 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 23 décembre 2022

Au début ce livre se présente, avec un aspect «Je me souviens». Mme. Annie ERNAUX (*1940) raconte ses souvenirs en phrases très très courtes, - comme des petites sentences -, où elle parle de tout et de rien. Je suis trop jeune pour avoir connu la période dont elle parle, mais certaines choses dont elle parle, m’ont rappelé quelques souvenirs de jeunesse. Par contre, j’ai bien reconnu dans ses souvenirs de jeunesse, une étonnante similitude avec ceux que mes parents, nés à la même époque, m’ont racontés.

Dans la suite du livre, elle «égrène» ses souvenirs de jeunesse en se servant de photographies comme «support de mémoire» et repères chronologiques. Chaque photographie dont elle commente l’image est comme une borne, un jalon posé tout au long de sa vie.
Elle nous parle ensuite de sa vie, de ses des souvenirs, allant de l’après 2e Guerre Mondiale jusqu’à la première décennie des années 2000 (le livre est paru en 2008). Elle nous raconte sa vie, en parallèle avec l’histoire de la France, le tout en pudeur et en sensibilité… Il est vrai que pour peu que l'on soit francophone et/ou francophile, ces souvenirs parleront, de près ou de loin, à tous... La façon qu’elle a de partager ses souvenirs, ses sentiments et ses émotions avec une facilité déconcertante, est très étonnante, et surprendra plus d’un lecteur… On aime ou on n’aime pas, je suppose…
Ici le livre n'est pas sans rappeler (attention sur le fond, eihn... pas sur la forme!..), celui de M.Jean-Paul DUBOIS : «Une vie française» (1).

Un mot sur le style. Comme toujours chez Mme. ERNAUX, l’écriture est magnifique, toute en nuances, jamais un mot « plus haut » que l’autre, jamais un mot qui fait «de l’ombre» ou qui en «heurte» un autre! Le tout toujours avec son écriture épurée, simple, minimaliste… Les mots «coulent» d’eux même, que l’écriture est très fluide, cela se lit très donc facilement…
J’aime le détachement, la distance avec lequel elle écrit, un peu comme si l’écrivaine ne parlait pas d’elle, comme si elle regardait sa propre vie se dérouler «d’en haut», avec objectivité, neutralité, et bienveillance…
Comment vous expliquer cette écriture plus clairement? C’est très difficile d’en parler, car cela ne ressemble vraiment pas à un autre écrivain que je connais. Je pourrais peut-être tenter une description «picturale»? Vous connaissez tous le tableau «Nighthawks» (1942 «Les oiseaux de nuit» en français) (2) de M. Edward HOPPER (1882 - 1967) (3), un des tableaux les plus connus et célèbre au monde.
Et bien, quand on regarde ce tableau, on a l’impression de voir, d’assister, à une scène (de théâtre ?) d’en «haut», de l’extérieur, sans y avoir vraiment été invité, - un peu comme un voyeur, on «entre» dans une certaine intimité -, et il y a une certaine «distance», vous êtes séparés, il y a comme un «recul» entre vous et ce que vous regardez, vous êtes à la fois dans la scène, mais aussi en dehors de la scène, et pourtant le tout se déroule très «loin» de vous!.. Mais votre attention est captée, vous êtes captivés, et vous regardez le moindre petit détail…
Et bien chez Mme. ERNAUX c’est la même chose, sauf qu’au lieu de regarder la scène, vous êtes en train de la… Lire! Bien sûr, encore une fois, on aime ou... On n’aime pas!.. Mais cela a au moins le mérite de ne laisser personne indifférent!

En conclusion je dirai que, s’il est vrai que ce livre est différent des autres livres de l’écrivaine, dans le sens que ce n’est pas une histoire à proprement parler, mais plus un livre de souvenirs, un «exercice» de mémoire où l’autrice parle d’elle-même d’abord à partir de photos, puis de façon libre en évoquant les souvenirs qui lui reviennent en mémoire, je dois dire qu’il n’en reste pas moins très intéressant à lire.

Je finis avec la certitude qu’il s’agit simplement d’un très bon livre, très bien écrit, et je dois reconnaître que j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire, que j’ai beaucoup aimé, et que j’ai passé un très bon moment de lecture…

Rappelons que le livre «Les Années» a obtenu le Prix Marguerite Duras 2008 ; le Prix François-Mauriac de la région Aquitaine 2008 ; le Prix de la langue française 2008 et le Prix Strega européen en 2016.
Mme. Annie ERNAUX a quant à elle obtenu le Prix Prince-Pierre-de-Monaco en 2021 et le Prix Nobel de Littérature en 2022.

(1) : Cf. : Ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/6387
(2) : Cf. : Ici sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nighthawks
(3) : Cf. : Sa biographie sur Wikipédia est ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Hopper

A la hauteur d’un Nobel de Littérature ?

4 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 21 décembre 2022

J’aurais dû ne pas savoir que ce livre avait été écrit par un prix Nobel de Littérature parce qu’alors je l’aurais pris pour ce qu’il est : un livre original, amusant à lire mais, certainement pas un grand livre. Franchement, sachant que l’auteur(e) était « nobelisée », je m’attendais à mieux !

Les chapitres autobiographiques commencent par la description d’une photo qui représente l’auteur(e) aux différentes époques de sa vie. La manière est originale et la photo est bien décryptée. Mais, bien vite, le lecteur se rend compte que la vie de Annie Ernaux a été tristounette et, somme toute, d’une affligeante banalité ; pas de quoi en faire un roman !

En même temps, elle évoque ses souvenirs. Ceux de la première partie du livre se rapportent aux années d’après guerre et se liront sans doute avec plaisir par ses contemporains, parce qu’ils évoquent des événements qu’ils ont vécus.
Mais dans la seconde partie du livre, ses souvenirs sont ceux d’une actualité qui commence aux années soixante et qui ne sont, le plus souvent, que de l’actualité franco-française. Le lecteur qui n’est pas Français devra souvent consulter Wikipédia s’il veut savoir qui est qui, parmi tous les noms cités.

Certaines de ces actualités, les plus marquantes comme Mai 68, sont agrémentées de commentaires et de considérations politiques. Mais ce sont ceux d’une certaine Gauche française, perpétuellement grognonne et toujours revancharde. Alors, le lecteur se demande pourquoi Annie Ernaux les attribue à « nous », ou le plus souvent, à « on », comme si tous les Français pensaient comme elle. (Il paraît qu’elle a donné une explication mais, faute de l’avoir entendue, le lecteur reste perplexe). Mais, finalement, ça ne dérange nullement la lecture.

A mon avis, malgré son écriture assez quelconque et souvent laborieuse, ce livre est à classer parmi les livres originaux et distrayants mais, sans grand intérêt et même décevant quand on connaît la réputation faite à son auteur(e).

amarcord…

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 7 octobre 2021

Annie Ernaux a accompli son devoir de mémoire, depuis sa naissance en 1940 jusqu’à la date de son écriture en 2006, à travers la vie fictive d’une professeure de lettres qui, à sa grande différence, n’a jamais trouvé le temps de se consacrer comme elle le rêvait à l’écriture avant d’atteindre le seuil de la vieillesse. Comme des jalons au fil du temps qui passe, des photographies, voire de petits films la représentent à différentes étapes de sa vie, depuis son plus jeune âge dans sa Normandie natale. Le corps change, en bien comme en mal, les êtres chers apparaissent puis disparaissent au gré des naissances et séparations, des amours et désamours successives. Inventaire d’une vie, mais aussi de tous ces petits riens qui ont fait l’ordinaire de tout un chacun, au cours de ces soixante et six années qui ont vu le monde changer comme jamais auparavant. Slogans publicitaires, modes vestimentaires, façons de s’exprimer, petits et grands événements, allant de la vie quotidienne à la géopolitique, participent à ce joyeux inventaire à la Prévert, sous la plume allègre d’Annie Ernaux. Arrivé en fin d’ouvrage, on se dit qu’il est dommage que l’éditeur n’ait pas prévu quelques pages blanches pour nous permettre de le poursuivre. On aurait aimé y parler de la folie des portables et autres objets connectés, des réseaux sociaux fauteurs de suicides mais aussi des nouvelles routes de la soie tissant leur toile invisible, des catastrophes soi-disant naturelles s’enfilant comme des perles, d’un président américain fou à lier, des prêtres pédophiles, la jacquerie des gilets jaunes, les attentats (toujours), l’essor des religions, sous leur forme la plus sectaire et mortifère, des populismes de tout poil, et la grande frousse des années pandémiques, avec ses hordes de bandits masqués déferlant dans les villes, et la fin des bisous…

Le temps retrouvé

9 étoiles

Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 9 août 2016

C'est la première fois que je lis un livre de Annie Ernaux et cette découverte me fait regretter de n'avoir pas exploré plus tôt son oeuvre. Car cet ouvrage m'a fortement enthousiasmé. Le talent de l'auteure y est indéniable. En 250 pages, en se basant sur quelques photos, Annie Ernaux évoque plus de 60 ans de l'histoire contemporaine. Elle le fait à la fois d'une manière intime puisqu'elle se réfère à un album de photos personnelles et d'une manière globale, collective, non seulement en retraçant les événements marquants de chaque époque ou de chaque décennie mais en les caractérisant, en en donnant les couleurs, en les faisant ressentir. C'est incroyable comme elle arrive, en quelques pages, à faire ressurgir toute une époque révolue, tout un état d'esprit qui s'est évanoui. Je le perçois d'autant mieux que, à une dizaine d'années près, les années évoquées par Annie Ernaux sont aussi mes années! Cela va du milieu des années 40 jusqu'au milieu des années 2000. Il faut lire ce livre pour mesurer, autant qu'il est possible, combien le monde a changé en si peu de temps. C'est à en avoir le tournis!

Belle réussite littéraire

8 étoiles

Critique de Jmb33 (, Inscrit le 6 novembre 2011, 63 ans) - 6 novembre 2011

Magnifique exercice de biographie individuelle et collective, des années 40 à nos jours. Annie Ernaux parvient à concilier air du temps, sociologie et évènements politiques avec des passages autobiographiques à la troisième personne. Ce livre est puissamment marqué par l'inquiétude du néant, la vanité d'essayer de retenir les choses et les êtres par leur remémoration. Ce récit est tenu tout du long par un sens aigu de la progression inexorable du temps, et il est difficile de ne pas le lire en continu. Je ne crois pas pourtant qu'il soit indispensable d'avoir vécu toutes ces années pour l'apprécier vraiment.

Voyage à travers le temps

9 étoiles

Critique de Nogui (, Inscrit le 11 juin 2010, 36 ans) - 18 août 2010

Super les années,
Plein de références sur plusieurs décennies, de la culture en prenant du plaisir grâce à une plume alerte qui remonte le temps en faisant surgir à toutes les pages "la madeleine de Proust" ....
A conserver pour ne pas perdre la mémoire.

Déception

6 étoiles

Critique de Guermantes (Bruxelles, Inscrit le 18 mars 2005, 77 ans) - 29 avril 2010

Déception est en effet le mot qui me vient à la plume après la lecture de ce livre. Certes, celui-ci possède un charme certain dans son évocation d'un monde soumis à l'implacable érosion du temps qui passe. Mais je crains que ce charme ne touche guère que les quinqua et sexagénaires de culture française qui y retrouveront une évocation très réussie de leurs années d'enfance et de jeunesse (il est d'ailleurs remarquable, à cet égard, de constater que ce charme n'opère plus beaucoup pour les décennies les plus récentes: l'évocation recourt alors, pour celles-ci, à des rappels du contexte économique et social de ces années plus qu'au parfum subtil qui pouvait se dégager d'une chanson, d'un livre, d'un film des années 50 ou 60).
Je crains fort que ce livre n'éveille que peu de résonances dans l'esprit des lecteurs de 20 ou 30 ans ou étrangers qui viendraient à le lire. Et cela, peut-être parce que l'expérience singulière et vivante de l'auteur est très peu présente dans ces pages (là où elle transparaît malgré tout l'intérêt se réveille, me semble-t-il). On me dira que telle était bien l'intention d'Annie Ernaux qui définit du reste bien son projet aux pages 250 et 251 du livre (édition Folio): "Ce ne sera pas un travail de remémoration, tel qu'on l'entend généralement, visant à la mise en récit d'une vie, à une explication de soi. Elle ne regardera en elle-même que pour y retrouver le monde, la mémoire et l'imaginaire des jours passés du monde, saisir le changement des idées, des croyances et de la sensibilité, la transformation des personnes et du sujet, qu'elle a connus et qui ne sont rien, peut-être, auprès de ceux qu'auront connus sa petite-fille et tous les vivants en 2070. Traquer des sensations déjà là, encore sans nom, comme celle qui la fait écrire."
C'est superbement dit, certes, mais personnellement, je préfère alors me replonger dans le Perec des "Choses" ou de "Je me souviens".

Souvenirs universels...

9 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 21 janvier 2010

Au travers de photos et de souvenirs laissés par les évènements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l'après-guerre à aujourd'hui. En même temps, elle inscrit l'existence dans une forme nouvelle d'autobiographie, impersonnelle et collective des plus originale!
Pour nous québécois, les évènements, les personnages sont tous connus, mais les mots, les choses, les souvenirs..., d'une nature ou plutôt d'une culture fort différente,
De toute évidence une écriture sensible, intelligente, universelle!
Une lecture fascinante que j'ai beaucoup appréciée sans connaître auparavant cette auteure.

Une "marqueuse d'époque"

4 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 23 décembre 2009

Si à peine 20 ans et 20 km nous séparent, je me retrouve complètement dans bon nombre d'événements mais surtout d'expressions, d'attitudes de ces 50 dernières années.
C'est un inventaire très complet que dresse Annie Ernaux; rien ne semble oublié: des personnages illustres aux marques publicitaires, aux objets de consommation...
Mais, comme elle l'écrit elle-même à la fin du livre: "Aucun "je" dans ce qu'elle voit comme une sorte d'autobiographie impersonnelle - mais "on" et "nous"- comme si, à son tour, elle faisait le récit des jours d'avant."
Et c'est bien ce qui m'a le plus dérangé, cette impression, en bannissant la première personne du singulier, de lire un livre documentaire .

Un superbe condensé émotionnel de l'histoire contemporaine française

9 étoiles

Critique de NQuint (Charbonnieres les Bains, Inscrit le 8 septembre 2009, 52 ans) - 8 septembre 2009

L'histoire d'une femme, d'une baby-boomeuse, de la Libération à nos jours. Cette femme, c'est l'auteur, le parallélisme des destinées est totalement assumé. Le projet est assez similaire à celui de Jean-Paul Dubois : l'hélice de l'individu qui s'enroule autour de l'hélice de la société pour créer l'ADN de l'air du temps. La seule différence, c'est que l'on remonte plus loin dans le temps. Le dispositif est aussi différent dans le sens où Annie Ernaux raconte son histoire à la troisième personne du singulier et entrecoupe son récit d'arrêts sur images.
Le résultat est fantastique, l'auteur évite à merveille l'écueil de la nostalgie larmoyante ou du "c'était mieux avant". Le tour de force, c'est qu'on a l'impression de revivre des années ... que l'on n'a pas vécu tant la maïeutique de l'imaginaire collectif est réussie. Ce qui fait également la force du récit c'est que l'on trouve écho aux sentiments d'Annie Ernaux, enfant, adolescente ou jeune adulte par delà les générations et/ou les sexes.
Un tour de force à ne pas manquer.

Aux années passées... et surtout à celles à venir...

9 étoiles

Critique de Luange (, Inscrite le 25 novembre 2008, 43 ans) - 28 juillet 2009

Très beau roman qui nous fait vieillir un peu vite en redécouvrant toutes ces années passées... mais quel bonheur de les revivre !

Kaléidoscope

7 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 27 juin 2009

Je rejoins l’avis de Melany, sans qui j’aurais sans doute arrêté ma lecture au bout de quelques pages. Il faut effectivement s’accrocher, car on se passionne à revivre toutes ces années. Annie Ernaux a fait un remarquable travail de recherche. Au-delà des évènements majeurs, on retrouve une foule d’anecdotes enfouies dans le profond de nos souvenirs : des émissions de radio, des produits à la mode, des chansons… Tout se trouve mêlé dans un kaléidoscope qui se déroule au fil du livre. À recommander chaudement à la génération du papy boom !

Petit à petit

7 étoiles

Critique de Maylany (, Inscrite le 11 novembre 2007, 44 ans) - 1 février 2009

Difficile de s'accrocher durant les 60 premières pages : pas de personnage central, une interminable juxtaposition de faits au fil des pages. Puis, petit à petit, "la mayonnaise prend" et on se laisse emporter par les années qui défilent et les souvenirs qui remontent.

les années: témoins de notre passage ici bas.

8 étoiles

Critique de Clara33 (, Inscrite le 29 septembre 2008, 77 ans) - 17 janvier 2009

Annie Ernaux a voulu retracer les "années" marquantes de sa vie. C'est une biographie allégée : les éléments importants de sa vie sont bien sûr d'ordre privé mais et c'est là tout l'intérêt du livre, l'auteur rappelle les événements historiques qui ont accompagnés ces années là. Annie Ernaux écrit juste et sobre. Le ton est impersonnel, comme détaché; une simple petite phrase mais incisive lui permet de reconstituer un événement historique et le lecteur, touché, se dit : "c'est vrai, ça s'est passé comme çà. je l'ai vécu comme ça!" Plus de quarante ans défilent ainsi, et chacun peut, à son tour, se souvenir ou retrouver la mémoire d'un événement oublié. De l'après guerre à aujourd'hui, le passage des "années" a fait des dégâts dans la vie d'Annie Ernaux, comme dans la notre, mais pas de plainte, pas de nostalgie, juste un sentiment d'urgence face au vieillissement: ne pas oublier. Ce qui compte pour elle désormais: "saisir cette durée qui constitue son passage à une époque donnée, ce temps qui l'a traversée, ce monde qu'elle a enregistré rien qu'en vivant"

à la recherche du temps perdu

8 étoiles

Critique de Francesco (Bruxelles, Inscrit le 16 février 2001, 79 ans) - 5 août 2008

A la recherche du temps perdu ou " les années " d "Annie Ernaux
Voilà bien un vrai coup de coeur " bouquins" de cet été : l 'auteure égrène avec nostalgie plus d'un demi siècle de vie dans cette belle autobiographie impersonnelle car écrite à la 3è personne.
Chaque étape de de son parcours est décrite avec des images , photos , icônes de toute cette génération d'après guerre ayant connu les changements politico-sociaux (guerre froide , Mai 68 , pilule , avortement , années Beauvoir Sartre....) et technologiques ( voiture , télé , portable , internet...)
Elle saisit le temps qui passe avec cette exploration de la mémoire émouvante et nostalgique et nous laisse des tas de madeleine de ce temps perdu..
Un bonheur de lecture

page après page tournez la page

3 étoiles

Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 12 avril 2008

feuilleter un catalogue de souvenirs dont les pages marquées affichent les titres gras d'un évènement particulièrement marquant pour être répertorié à la suite des autres déjà inscrits

pages de photos dentelées, jaunies

sourire aux mots références des années poussiéreuses

avancer contre le temps jusqu'à trouver la tristesse du récit

saveur d'un rôti de boeuf dégusté le dimanche à la sortie de la messe autour d'une table familiale

références cinématographiques, littéraires, rattachées à un détail anecdotique déclencheur d'épanchement lacrymal

suffisance mélodramatique la fin du livre donne dans la caricature d'une suite d'événements organisés par un mauvais monteur, qu'aurait oublié de caler le son et l'image omettant les transitions entre les scènes flash

originale écriture déstructurée comme un long monologue lascif

Six décennies d'histoire de France.

10 étoiles

Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 24 mars 2008

J’ai beaucoup aimé ce livre retraçant les 60 dernières années, chacun peut se retrouver dans la narratrice guidée par des photos et des souvenirs. Un récit chronologique sur sa vie, d’enfant, de femme, de mère. J’ai retrouvé des images, des phrases, des publicités que je croyais avoir oubliées et qui m’ont fait rire ou m’ont émues.
On se réapproprie le passé, l’histoire, les années 40 et après guerre avec ses difficultés, sa rigidité, la dureté de la vie, ensuite les années 60-70 avec son vent de liberté, de légèreté, de communication, le début de la société de consommation, sans oublier ses problèmes, l’enfant occupant une part plus importante au point de devenir essentiel et sujet de conversation dans les dîner, (le temps des enfants remplaçait le temps des morts) et depuis la fin des années 80 à nos jours, c’est de nouveau difficile malgré les progrès, la pauvreté s’installe, le RMI, les SDF, le SIDA, la hausse du chômage, la dictature de la consommation et ses paradoxes (« Il était normal que les produits arrivent du monde entier, circulent librement, et que les hommes soient refoulés aux frontières » et aussi « La sollicitude de la grande distribution allait jusqu’à mettre à la disposition des pauvres des rayons de produits en vrac et bas de gamme, sans marque, corned-beef, pâté de foie, qui rappelaient aux nantis la pénurie et l’austérité des anciens pays de l’Est. »

C’est un livre formidable à lire et faire lire pour se souvenir et faire se souvenir

Forums: Les années