La compagnie ou les mémoires d'un meurtrier
de Arabella Edge

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 23 mars 2008
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
En mauvaise compagnie
Spécialiste des désastres nautiques, cette écrivain australienne s’inspire du naufrage réel du « Batavia » pour faire revivre la grande époque des navires marchands hollandais qui sillonnaient les mers, en quête d’épices et produits exotiques, que l’on retrouvait dans les colonies de l’Indonésie. Le roman est un journal du quotidien. Celui de Jeronimus Cornelisz, un apothicaire d’Amsterdam qui s’enfuit sur le « Batavia » sentant la soupe chaude en raison de ses agissements pas très catholiques.

Un homme hautain et pédant, ce narrateur raconte la vie sur le bateau avec sa vision malsaine des choses. Lorsqu’il échoue sur une île déserte, le hasard fait de lui le responsable des survivants, hommes-femmes et enfants. Il peut alors laisser cours à ses instincts criminels. Mais, Jeronimus n’est pas un meurtrier vulgaire. D’ailleurs la vue du sang le répugne. Il ne se salit pas les mains et laisse son équipe s’occuper de la sale besogne, heureux du règne de terreur – non sans rappeler celui de ‘Sa majesté des mouches’ – qu’il instaure.

Comme toujours chez Actes Sud, la traduction est impeccable. On peut reconnaître le style original de l’écrivain. Dans le cas présent, une écriture précise sans fioritures pour une reconstitution fabuleuse des périples en bateaux au 17e siècle. Parce que l’histoire évolue à travers les yeux d’un prétentieux psychopathe, il y’a une certaine distance avec les événements. Un froid. Mais en dépit de cet aspect clinique, il s’agit d’un voyage fantastique et totalement envoûtant.

(Prix Herodotus)