C'est arrivé à Lucile
de Anne-Laure Boselli

critiqué par Laure256, le 29 mars 2008
( - 52 ans)


La note:  étoiles
L'importance d'être là
Une nuit, Lucile appelle son amie Alexia. L’adolescente de seize ans dort et ne veut pas répondre. Le message qu’elle trouve la réveille immédiatement et la bouleverse : le père de Lucile est décédé subitement. Comment aider sa meilleure amie ? Que dire ? Que faire auprès d’elle ?
Sur un temps très court et avec une économie de moyens assez impressionnante, Anne-Laure Boselli nous propose un roman sensible et délicat sur l’impuissance face à la mort, mais sur l’importance de l’amitié. Plus que les phases du deuil qui n’ont pas le temps ici d’être développées, c’est sur cette impuissance et maladresse d’Alexia que l’auteur insiste. La jeune fille « se sent nulle », ne sait pas quoi dire à son amie, ne sait pas comment la soutenir, mais elle est là, même désemparée, elle a répondu présente à son appel, et c’est cela qui est important.

Extrait p. 53 : « Les deux amies se regardent en silence. Dans leurs yeux, défilent quinze années de jeux, de rires et de larmes, de secrets partagés. Elles se sourient. Elles fixent dans le passé, pour l’éternité, leurs souvenirs d’enfants. Il y aura un avant et un après ce moment, elles le savent. Après, il n’y aura plus d’insouciance, plus de légèreté. Après, la vie ne sera plus aussi belle. L’enfance sera restée derrière, comme un livre que l’on a trop tôt refermé. La mort l’a emporté avec lui, alors que l’encre n’était pas sèche et qu’il restait des pages à écrire. »

p. 89 : « […] J’ai perdu mon père et ça ne va pas. Oui, je pleure. Oui, ça fait mal. Non, je ne vais pas l’oublier avec le temps. Jamais. Jamais. Jamais. Je ne veux pas. Il est dans mon cœur. Il reste dans ma tête. Dans mon corps. Je suis née de lui, je suis une part de lui. Je suis faite de lui… »