Rêves amers
de Maryse Condé

critiqué par Imani, le 29 mars 2008
(Toulouse - 44 ans)


La note:  étoiles
Haïti chérie.
J'ai beaucoup aimé l'histoire de ce roman.
J'ai été déçu par la fin.
Trop de fatalité pour un roman destiné à la jeunesse.
J'aurais préféré une fin heureuse, cela même si le thème servait, surement, à attiré l'attention sur une tragédie ayant pratiquement lieu tous les jours.

Rose-Aimée, une petite Haïtienne, vit dans sa petite île. Elle est employée comme bonne et rêve d'Amérique où vivent déjà de nombreux autres, partis d'Haïti.
Fuir Haïti et la misère, il le faut.
Elle fera le voyage, la grande traversée des eaux qui doit la mener vers le Pays de la Liberté.
Hélas, elle n'y arrivera pas...

L'histoire est touchante, autant que l'amitié qui lie Rose-Aimée à son amie Lisa? avec laquelle elle effectuera la traversée.
C'est beau de voir autant de force et de conviction dans un petit être.

Il y a de la musique dans ce roman.
Dommage que le refrain ne soit pas plus enchanteur.
Rêves amers, à prendre au sens propre 8 étoiles

Rêves amers est un ouvrage jeunesse, donné par l’éditeur pour un public de plus de dix ans. J’avoue être incapable d’évaluer quel impact cet ouvrage peut avoir sur un enfant de dix ans ? Ce qui est certain, c’est qu’il ne s’agit pas d’un conte de fées !

»Ce fut Mano qui parla d’une voix grave :
- Ecoute, tu as bientôt treize ans. Tu n’es plus une enfant. Tu vois notre misère ici. Aussi, nous avons écrit à une connaissance à Port-au-Prince et elle a trouvé une bonne famille qui veut bien se charger de toi et te prendre à son service. Tu partiras demain.
Demain ? A Port-au-Prince ? Effarée, Rose-Aimée fixa son père qui, pour cacher son chagrin sans doute, se mit à la rudoyer :
- Eh bien, qu’est-ce que tu as à me regarder comme cela ? Est-ce que tu ne sais pas qu’un enfant baisse les yeux devant ses parents ?
Rose-Aimée obéit, cependant que sa mère expliquait avec douceur :
- Tu sais, la dame qui a accepté de te recevoir, madame Zéphyr, est très gentille. Et puis, que feras-tu chez elle que tu ne fais pas ici ? Laver, repasser, aller au marché … »

Les éléments du drame qui concerne Rose-Aimée est en place. Mano, son père, et sa mère ont dû se résoudre à cet expédient : placer leur fille Rose-Aimée, qui, à treize ans « n’est plus une enfant » chez une famille, celle de madame Zéphyr, à Port-au-Prince, qui serait « très gentille ».
Rose-Aimée va donc quitter son village de Limbé, dans la région du Cap, en Haïti, pour la capitale. Sa famille, protectrice, pour celle de madame Zéphyr, exploiteuse. Drame certainement courant dans cette île maudite d’Haïti.
Ca va bien sûr être rapidement affreux, madame Zéphyr n’étant pas la gentille dame décrite, et ça va virer cauchemar, et même plus car affinités.
Pas de concessions sur la réalité des choses de la part de Maryse Condé. Comment un enfant de dix ans peut-il aborder un tel drame, j’avoue ne pas savoir ? Mais si les enfants de dix ans ont parfois (sûrement ?) accès aux informations de nos médias, ils ne seront pas réellement surpris.
Notamment les drames des migrants et leurs fins tragiques, parfois, sont souvent évoqués. Haïti aussi peut être une terre d’exode après avoir été une terre de quasi esclavage …
De même que le sort réservé à Rose-Aimée et Lisa, sa coreligionnaire, ne nous surprend hélas pas … Hélas !

Tistou - - 68 ans - 3 septembre 2019