Je suis d'ailleurs
de Howard Phillips Lovecraft

critiqué par Nance, le 31 mars 2008
( - - ans)


La note:  étoiles
Intéressant, mais inégal
C’est mon premier recueil de cet auteur. On sent l’influence d’Edgar Allan Poe, il y a beaucoup de références, de phraséologies similaires. Ce qui est très bien pour moi parce que j’adore Edgar Allan Poe. Tout comme pour Poe, soit j’embarque dans l’atmosphère ou soit je reste indifférente.

Je suis d'ailleurs: Le personnage principal a, depuis que sa mémoire se rappelle, toujours vécu seul. Il vit enfermé dans un château abandonné entouré d’arbres si hauts qu’ils cachent le soleil. Un jour, il se décide de monter une tour en ruine pour pouvoir le voir. C’est vraiment bien écrit, on peut très bien visualiser la noirceur. La tournure de la fin est géniale. 4/5

La musique d'Erich Zann: Un homme recherche une rue où il aurait habité autrefois. Excellent, mais j’aimerais avoir plus de réponses à mes questions, mais je suppose que si c’est énigmatique, c’est pour faire travailler l’imagination du lecteur. 3.5/5

L'indicible: Un homme essaie de faire admettre l’existence d’un monstre à un ami sceptique. Je n’ai pas embarqué dans l’histoire. 1/5

Air froid: Un homme aide un vieil homme à se conserver froid. Oui, j’adore. Très Edgar Allan Poe, mais dans le style, je préfère Valdemar, c’est plus épeurant. 4/5

Le molosse: Des violeurs de tombes volent une amulette qui les mènera à leur perte. C’est macabre, gothique. Le début est lent, mais j’ai adoré le reste. 4.5/5

La maison maudite: Le narrateur décide de faire une enquête sur une maison étrange dans une ville où Edgar Allan Poe aurait fait la cour à une fille. Le commencement est trop long, trop de détails, pas assez de concision. J’ai commencé à entrer dans l’histoire vers la fin quand il y a plus d’action. C'est trop peu, trop tard. 3/5

La tourbière hantée: Un homme va dans un château hanté. J’ai trouvé l’ensemble moyen, mais le récit comporte tout de même de belles descriptions. 2/5

Arthur Jermyn: Voyage dans l’arbre généalogique des Jermyns. Grotesque. J’aime la tournure de la fin, ça me donne le goût de relire l’histoire pour capturer les indices. Cependant, j’ai été mal à l’aise à certaines reprises par quelques éléments racistes. 3.5/5

Le modèle de Pickman: Ma nouvelle préférée! Un homme qui aime l’art glauque va chez un ami peintre. Cette nouvelle m’a laissé plusieurs images mentales. J’adore la description des peintures, c’est très macabre. J’ai toujours aimé ce thème dans les nouvelles: Une page d'histoire d'Aurevilly, Le portrait ovale de Poe, Le portrait de Gogol... 5/5

La cité sans nom: Un homme décide d’aller dans une ville pour y découvrir ses mystères. J’aime beaucoup la partie où le narrateur se déplace dans le temple dans le noir total. 4/5

La peur qui rôde: Un homme cherche à connaître le mystère derrière les morts et les légendes d’un village éloigné. Moyen. Je l’ai trouvé trop long et pas aussi atmosphérique que ses autres nouvelles. 2/5

Je ne suis pas tout à fait convaincue, même si j’ai fait quelques bonnes découvertes. Il va falloir que je lise d’autres choses de lui pour avoir une idée plus nette.
Un parfait recueil 10 étoiles

Je suis d'ailleurs, c'est sa plus belle nouvelle, l'histoire biographique d'un homme revenu de nulle part, magnifiquement bien écrite. Un rare chef d'oeuvre de la littérature américaine. Il y a d'autres histoires, le plus souvent des essais qu'autre chose. Ce sont surtout des recherches sur l'existence, sa propre existence, à chaque elle représente l'histoire d'un homme confronté à son destin, des abîmes à la rue pavée. On passe à l'art, la maison hantée, la tourbière hantée, pis la mort, le sujet évidement principal de toutes les histoires. Un point commun forcé et inéluctable.

Obriansp2 - - 54 ans - 29 décembre 2015


Parfait classique 10 étoiles

Je sais: de nos jours les ploucs et leurs vastes succédanés ont horreur qu'on les contredise, il est défendu d'être autre part que dans leur opinion. Sinon ils l'ouvrent bien plus fort, bien plus vite, comme les clébards qu'ils sont restés animo conjunctissimo...comme quoi Lovecraft n'a pas inventé grand chose. Ou du moins il a effectué de ces rapports certains, afin de percevoir une réalité telle qu'elle est, et non selon ces grossiers clichés qu'on tente de nous inoculer au quotidien avec force.

Voilà pourquoi j'adore l'écrivain du mythe de Cthulhu car celui-ci n'a pas uniquement vanté les mérites de la déraison mais surtout prévu l'avenir. Egalement éminent spécialiste des changements corporels et mutations variés, quoi de plus vrai de toute façon dans notre société d'aujourd'hui - excepté cette dictature esthétique ou les modèles ont pour la plupart l'air anorexiques, sinon à la limite inhumaines ? Parlons peu, parlons bien, et disons les choses tout net. Inutile de pratiquer l'éloge de ce pourfendeur du sens commun si trompeur, les nouvelles se défendent d'ailleurs très bien elles-mêmes. Même le Necronomicon apparaît presque superflu.

Antihuman - Paris - 41 ans - 19 octobre 2012


TO : The Outsider TF : Je suis d'ailleurs 10 étoiles

En ce qui concerne l'une des nouvelles, qui est apparemment la première et a donné son titre au recueil de nouvelles du très reconnu Howard P. Lovecraft, je m'intéresserai à faire de cette oeuvre une critique plus détaillée, car essentiellement articulée sur cette nouvelle, ce que ne présente pas la critique de Nance tout simplement parce qu'il (elle ?) a consacré sa critique à l'ensemble des nouvelles en réduisant ce qu'il y avait à dire sur chacune d'elles.

Je disais que je m'intéresserai à cette nouvelles, parce qu'elle témoigne pour moi d'un talent littéraire digne de la reconnaissance de Lovecraft, selon moi ; car The Outsider est la seule nouvelle qui m'a véritablement marqué de cet auteur.

Profondément marqué, oui, c'est même pour moi un morceau culte de la littérature mondiale. A travers le style, d'une grande classe, la trame qui innocente d'abord m'a pour ma part tout simplement subjugué. Un personnage qui ne laisse pas indifférent. The Outsider, je suis d'ailleurs apparaît au lecteur dans un sursaut théâtral, qui lance sur l'oeuvre une figure d'apothéose. Je parle là des dernières lignes, que j'exalterais à citer ici, mais je ne le ferais pas. Car il faut les lire avec ses précédentes qui restent d'une profondeur remarquable, on est emporté dans un maelström de lettres qui se suivent et animent l'oeuvre d'une splendeur presque réelle. D'autant plus que cette nouvelle n'a absolument pas vieilli, elle peut s'immiscer dans toutes les époques.

J'applaudis, je respecte, je m'incline, c'est une nouvelle tout simplement réussie.

Elouan.A - - 32 ans - 30 avril 2010