Monsieur Jones de Pascale Petit

Monsieur Jones de Pascale Petit

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Théâtre , Enfants => 12-15 ans

Critiqué par Feint, le 2 avril 2008 (Inscrit le 21 mars 2006, 61 ans)
La note : 10 étoiles
Visites : 5 135 

« Je ne me souviens même plus de ce que je viens de penser. »

C’est du théâtre, c’est publié dans une collection pour la jeunesse, prénom et nom de l’auteur sont communs à d’autres artistes : on pourrait presque croire à un cas d’homonymie. Mais non, l’auteur de Monsieur Jones, publié en 2005 par L’Ecole des Loisirs est aussi celui de Tu es un bombardier en piqué surdoué édité en 2006 aussi au Bleu du Ciel et de Manière d’entrer dans un cercle & d’en sortir, paru au printemps 2007 aux éditions du Seuil, dans la toute nouvelle collection « Déplacements » de François Bon – lequel a omis, dans la liste des œuvres précédentes de l’auteur, de citer son importante production pour la jeunesse.
« Pour la jeunesse », à lire la pièce, n’est peut-être pas d’ailleurs l’expression qui conviendrait le mieux. Quant au doute sur l’éventuelle homonymie, quelques lignes à peine suffisent à le dissiper : l’univers est bien celui de Pascale Petit, aux couleurs ici du cauchemar d’un vieil enfant – quant à la lecture, elle est pour tous.
Le protagoniste, presque anonyme (« Monsieur Jones », comme tout le monde), dans le noir, est tombé : « Bruit de chute (couperet qui fend l’air) », nous dit la didascalie – qui se répètera souvent, histoire qu’on comprenne qu’on n’est pas non plus, assis dans notre fauteuil, à l’abri de la chute au fond d’un trou… de mémoire, apprendra Monsieur Jones. En effet il y a bien du monde, dans ce trou de mémoire, bien des rencontres pour Monsieur Jones. Il va croiser les Triplés qui crient de plus en plus fort, parce que « le trou est mauvais, aujourd’hui », et qu’il faut le calmer : aux moments critiques, on ne s’y souvient même plus de ce qu’on vient de penser ! Il rencontrera aussi un marchand de souvenirs qui a le sens des affaires : celui-ci saura notamment vendre à Monsieur Jones un « souvenir lointain de grand reporter dans le désert du Kalahari » qui, à l’usage, ne tient pas ses promesses : on y trouve trop de… grands reporters, précisément, acheteurs antérieurs des mêmes souvenirs frelatés, souvenirs de contrebande. Monsieur Jones, au fond du trou, en arrivera même à souhaiter d’oublier ses souvenirs. Heureusement, d’autres rencontres encore attendent Monsieur Jones qui lui laisseront sans doute de beaux… souvenirs.

Un extrait :

« Dans mon souvenir, j'étais beau et plein d'humour, intelligent et adaptable. Seulement, dès le quatrième jour, les choses commençaient à tourner mal.
Je me mettais à dire des choses incompréhensibles : je posais des questions en ouolof ou en tagalog et répondais en songhay-zarma.
J'étais incapable de jouer Where Are You Going to, my Pretty Girl ? (je chantais à tue-tête Frère Jacques).
Je ne savais plus danser, même les slows.
... J'envoyais toutes les balles de golf à la mer.
Je mettais des tee-shirts fluo et des pantalons trop larges de joueur de hockey.
Je fumais les pailles, tenais les menus à l'envers, mangeais tous les desserts.
Bref, à chaque instant, le pire était à craindre si bien que le lendemain de ce quatrième jour, je décidai de ne plus sortir de ma cabine, ou seulement le soir, pour une promenade solitaire sur le pont, pleine d'amertume et de mélancolie, quand j'étais sûr de ne croiser personne. »

Monsieur Jones, scène 7 (où Monsieur Jones joue au ping-pong et chante sur l'air de Where are you going to, my pretty girl ?)

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Forums: Monsieur Jones

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Monsieur Jones".