Une enquête de Mary Lester, tome 30 et tome 31 : Te souviens-tu de Souliko'o ?
de Jean Failler

critiqué par Shelton, le 3 avril 2008
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Et même jusqu'en Australie ?
Je vous ai raconté, il y a déjà quelques temps, comment après avoir écrit « Le Renard des grèves », son auteur Jean Failler s’était retrouvé en situation fort délicate avec la justice et, surtout, une personne qui avait cru se reconnaître dans son roman. Du coup, il avait décidé de confier l’écriture des enquêtes de Mary Lester directement à l’intéressée. Les romans étaient alors rédigés à la première personne du singulier. Le choc était rude pour certains lecteurs de la série mais, soyons honnêtes, on retrouvait bien le style de Jean Failler et en plus, ce mode narratif permettait de petites incursions dans le mental de Mary, son héroïne, ce qui donnait un peu plus le sentiment de rencontrer enfin cette femme de grande qualité…
Avec le nouveau titre, « Te souviens-tu de Souliko’o », Jean Failler reprend l’écriture avec un narrateur plus neutre – mais Jean est-il neutre vis à vis de Mary, ça j’en doute fort ! – et il se garde, en tout cas il le dit, la possibilité d’alterner les styles…
La deuxième chose à noter, avant d’entrer dans le fond lui-même, c’est que les malheurs de l’auteur étaient nés avec un roman en deux volumes et que c’est avec un nouveau roman en deux volumes qu’il reprend ses habitudes littéraires, un peu comme pour tourner la page définitivement avec cet incident…
Nous retrouvons Mary, capitaine de police à Quimper, après sa grande aventure racontée dans « Le passager de La Toussaint ». Il faut dire que tout s’était terminé à l’hôpital pour elle et son cher ami Fortin, lieutenant de police, taillé dans le roc, mais qui avait, quand même pris une balle ce qui secoue quelque peu même les plus solides…
Le commissaire Fabien recommande donc à Mary de prendre un mois de congés avec solde pour reprendre des forces, se reposer, et pouvoir partir du bon pied dans quelques temps… Mary n’aime pas trop prendre des vacances, surtout en abandonnant Fortin… Mais comme son ami lieutenant a été envoyé à Saint-Malo pour animer un stage de combat rapproché, sa passion, elle est plus à même d’écouter son patron… d’autant plus qu’une amie, une certaine Monette Charron, infirmière de son état, semble lui proposer de la rejoindre dans le nord du Finistère… Vous l’aurez compris, cette fois-ci nous allons visiter une nouvelle région de Bretagne, au nord, sur une côte sauvage où la nature a gardé ses droits, enfin presque…
Un homme semble faire régner la terreur dans la région, mais quel est le danger réel pour les habitants, pour le village de Trébeurnou. Si Monette a si peur, si elle croit que son téléphone est sur écoute, Mary se dit que ses vacances vont être comme elle aime, actives comme du travail… Parfait, elle va retrouver le moral et la santé…
Vanco est assez violent, imprévisible, soutenu politiquement comme ce n’est pas possible… C’est lui et ses magouilles qui semblent mener la danse… Il cherche à exproprier, monopoliser, concentrer… Mais pourquoi ? Qui est-il réellement ? Comment Mary, en congés de surcroît, pourra-t-elle faire face à la gendarmerie locale, aux renseignements généraux, à la police… aux autorités australiennes… Oui, ne soyez pas surpris, la Bretagne et l’Australie n’ont pas changé de place mais cette enquête va pousser Mary à aller, en vacances aussi, du côté des grandes étendues australiennes pour avoir des éléments précieux sur la vie antérieure de ce Vanco…
Très bon roman en deux volumes où le côté policier est renforcé par de l’aventure, de l’humain et presque de l’espionnage… Mary est donc vraiment une héroïne complète qui aura décidément rendu de grands services à la police nationale et Jean Failler aux pauvres lecteurs que nous sommes…
Un très bon opus 8 étoiles

Tome 30
Mary cède de nouveau la plume à Jean Failler et cela me semble une bonne chose car lui donnant davantage de possibilité pour changer d'angle dans le récit, de point de vue.
L'écriture, qui n'a jamais été un problème, s'enrichit au fil des tomes.
On retrouve une Mary Lester libre, indépendante, éprise de justice avec son caractère déterminé. Son aisance financière héritée d'une histoire précédente lui permet également de pouvoir prendre des risques avec sa hiérarchie.
Certes les situations sont parfois à la limite de la légalité mais c'est là aussi le côté plaisant du roman qui permet de tordre le cou à la rigidité administrative voire politique. Mary est alors une sorte de projection du lecteur lui permettant de réaliser ce qu'il est impossible de faire.

Cet épisode ne manque pas de rythme, les personnages on une personnalité bien tracée, l'ambiance villageoise rendue avec réussite tout comme l'atmosphère délétère provoquée par ce fermier venu d'on ne sait où.
Un opus particulièrement réussi.


Tome 31
Une première partie très originale qui est une première dans les aventures de Mary : elle part à l'étranger et très loin : En Australie. C'est pour les besoins de son enquête mais la description sociale et physique des lieux laisserait à penser que l'auteur y est allé lui-même. Le lecteur est entraîné dans ce pays et y apprend pas mal de choses sur l'histoire des peuplades autochtones, les coutumes, l'évolution du pays les relations entres les différentes catégories sociales, les légendes. Un passage très intéressant.
De retour en France, pour la seconde partie, elle utilisera ce qu'elle a appris pour s'opposer à Vanco.
Enfin, alors que l'énigme est résolue, s'ouvre une troisième partie où Mary est confrontée tout à la fois à la hiérarchie et aux rouages activés par les politiques qui chargent d'autres de faire la sale besogne. Cette partie est très plaisante avec des dialogues amusant et flattant le lecteur car narrant une mise en scène qu'il a déjà sûrement pouvoir vivre mais que la réalité ne permet pas.
Mary a un charisme, une détermination, un sens de la répartie, une connaissance des textes et une indépendance financière qui lui permettent de pouvoir agir ainsi, pour notre plus grand plaisir.
On pourrait peut-être reprocher que les agents des RG s'apparentent plutôt aux Pieds Nickelés qu'à James Bond mais cela permet la mise en place de ces scènes amusantes, un peu comme une BD satirique.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 22 décembre 2020