L'homme en arme
de Horacio Castellanos Moya

critiqué par Septularisen, le 8 avril 2008
( - - ans)


La note:  étoiles
UN HOMME EN ARME
Ce livre d’Horacio CASTELLANOS-MOYA se présente un peu comme la suite du livre «La mort d’Olga-Maria» (déjà critiqué par ailleurs sur CL) puisque l’auteur salvadorien nous fait découvrir ici la vie de «Robocop» qui n’est autre que le tueur de la fameuse Olga-Maria!

Juan Alberto Garcia surnommé «Robocop» (en raison de sa grande taille), est un ancien sergent du corps d’élite du bataillon Acahuapa. Il vient d’être démobilisé après huit années de guerre civile au Salvador, passées dans la jungle à se battre contre ceux que le gouvernement appelle «les terroristes». Il souffre de son retour à la vie civile, car il ne connaît pas de métier, n’a plus d’argent et il est ulcéré de voir ceux qu’il combattait hier être des députés dans la nouvelle démocratie d’aujourd’hui.

Il rencontre Bruno Pérez, un ancien camarade d’armes lui aussi démobilisé, et se lance avec lui dans le trafic de voitures et des petits cambriolages, n’hésitant d’ailleurs pas à tuer si le coup tourne mal…
Un jour dans une taverne ils rencontrent Saul, un autre ancien sergent qui travaille pour le Majeur Linares, (l’ancien supérieur de «Robocop» dans le bataillon Acahuapa) et sont recrutés pour combattre des commandos urbains que les terroristes conserveraient en sommeil, le tout bien sûr de façon complètement anonyme.

Après un premier assassinat et une première «mise au vert» au Guatemala, «Robocop» est de retour au Salvador, un jour alors que sa voiture est arrêtée devant une maison, Saul lui ordonne sans aucune raison ni motif, d’entrer dans la maison et d’exécuter la femme qui s’y trouve, ce qu’il fait sans hésiter un instant et devant les deux petites filles de la victime. Il s’agissait justement d’Olga-Maria de Trabantino et pour «Robocop» c’est le début de la fin…

L’écriture d’Horacio CASTELLANOS-MOYA est toujours aussi nerveuse et rapide, passant d’un thème à un autre, d’un sujet à un autre, d’une scène d’action à une autre, le tout toujours à un rythme soutenu et haletant. Le livre se lit vite et facilement, d’autant plus qu’il ne fait qu’une centaine de pages… c’est d’ailleurs mon plus grand regret dans ce livre, car j’aurais beaucoup aimé que l’histoire soit plus développée, plus approfondie et la psychologie des personnages plus fouillée, plus consistante, surtout en ce qui concerne les nombreux personnages secondaires…

Encore une fois, le livre vaut surtout pour ses descriptions : celle de la vie au Salvador après huit années de guerre civile, celle de la petite bourgeoisie du pays, celle des anciens militaires laissés pour compte de la société, celles des trafiquants en tout genre qui dirigent en sous main le pays, celle des politiciens corrompus…

Un livre très agréable à lire en tout cas et indispensable pour tous ceux qui ont aimé la lecture de «La mort d’Olga-Maria»…
Survivre une fois la guerre terminée 10 étoiles

La perfection est-elle de ce monde ? Plus je lis Horacio Castellanos Moya, plus je crois bien que oui. Ce livre est une perfection, un chef d’œuvre dans son genre. L’écriture de Moya est dense, serrée, c’est un feu roulant d’action qui ne vous lâche pas une seule seconde du moment où vous ouvrez ce livre jusqu’au moment où vous le refermez, ce que j’ai fait avec une intense satisfaction et je remercie monsieur Moya de me procurer tant de plaisir… par le biais de la lecture bien entendu.

Le résumé a été fait donc je m’abstiens mais je ne peux que répéter encore et encore que cet écrivain possède un talent hors du commun que j’apprécie de plus en plus. On dit que ce livre est la suite de « La mort d’Olga Maria » donc j’aurais dû le lire après mais je suis dans le désordre avec Moya ce qui n’est pas bien finalement mais peu importe, j’ai bien l’intention de passer au travers de l’œuvre de cet écrivain que j’aime d’un amour inconditionnel.

Pour en revenir au livre, il est remarquablement bien construit. C’est une machine parfaite, bien huilée et qui tourne au quart de tour. Oui, une perfection sans longueurs, bourrée d’action, de rebondissements, de revirements inattendus et ça bouge, ça explose de partout, c’est presque meilleur qu’un bon jeu vidéo, en tout cas, c’est aussi jouissif ! J’aime le genre de personnage incarné par Robocop, un homme aux abois, qui n’a plus rien à perdre et qui doit survivre une fois la guerre terminée en se recyclant en voleur de voitures puis en faisant partie de commandos au service de puissants magnats de la drogue. C’est une machine réglée pour tuer, sans sentiments ni pitié. Il exécute ce qu’on lui demande un point c’est tout. Il est froid comme l’acier mais quand il rencontre Vilma, sa froideur fait place à autre chose mais pas pour longtemps… Vivement le prochain Moya !

« Qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? » m’a-t-elle demandé. Mais j’étais de nouveau en forme. Elle m’a sucé, puis s’est mise sur le dos, ouverte ; ses mouvements ont constitué une récompense pour toute cette confiance que j’avais en elle. Plus tard, après m’être rendu aux toilettes, alors qu’elle dormait allongée sur le ventre, je lui ai fait un trou dans le dos. »

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 26 janvier 2009


Tueur à gages 6 étoiles

Juan Alberto Garcia, surnommé Robocop par son entourage, a été formaté pour lutter contre les terroristes insurgés au Salvador dans les années quatre-vingt. Ses talents de combattant lui valent rapidement une réputation flatteuse au sein des escadrons de la mort où il devient un exterminateur d’élite. Mais, quand la paix survient, le prestigieux tueur perd son emploi et la raison d’exercer ses talents comme le Capitaine Conan de Roger Vercel a vu disparaître son champ d’action et d’honneur à la fin des hostilités. C’est alors un rapide glissement de la petite délinquance vers le trafic et enfin comme tueur à gages qui attend notre héros en mal d’argent et de sensations.

Dans ce très court roman, l’écrivain Honduro-salvadorien Horacio Castellanos-Moya décrit la trajectoire de ces mercenaires qui ont perdu leur emploi à la fin des hostilités et qui sont allés grossir les rangs de ces milices au service de tous les trafics mais surtout de la cocaïne. Au-delà de la puérilité et de la bestialité des guerres intestines qui ravagent régulièrement ces petits états d’Amérique centrale, l’auteur a voulu montrer que l’idéologie était totalement absente de ces conflits, ou plutôt utilisée par les véritables instigateurs des révolutions que sont les trafiquants qui se disputent le monopole si lucratif des trafics illégaux en corrompant les dirigeants et en terrorisant les populations. « Il m’a expliqué les méthodes qu’ils avaient employées pour amadouer les populations et nettoyer la zone terroriste : chaque Kaibil devait violer et dépecer une fillette, puis boire son sang. »

Un livre efficace, sans aucune fioriture, sans aucun sentiment : la violence à l’état brut, l’épure de la bestialité où pour survivre le mercenaire devient un robot prêt à se vendre au plus offrant sans aucun état d’âme, en a-t-il une seulement ? Un sujet en or pour une production dont les Américains sont si friands !

Débézed - Besançon - 77 ans - 25 juin 2008