P'tit Paul
de Paul Bëck

critiqué par BONNEAU Brice, le 15 avril 2008
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Roman intimiste dans un passé brouillé
Grandir dans la France de 39-45 fut une lutte permanente pour les enfants juifs, et c’est ce qu’aborde Paul Bëck dans ce roman qu’on imagine volontiers enrichi d’un vécu personnel, en partie autobiographique. Vivant à Paris avec le reste de sa famille d’origine hongroise, Paul est envoyé en province lorsque les rafles débutèrent. Afin d’être recueilli chez trois soeurs célibataires dans un petit village de campagne, Paul doit prendre la place d’un enfant absent et cacher son identité comme sa religion. Il deviendra alors Daniel Descamps.

Au village, Daniel commence à se faire connaître et apprécier par tous, et lorsque les allemands s’installent pour occuper l’endroit, ils prennent plus où moins en affection ce petit garçon aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Profitant de cette indifférence totale à son égard, Daniel grandira dans l’insouciance aux côtés de Lucie, une orpheline de quinze ans vivant chez les trois soeurs.

Lorsque la guerre approche de la fin, la résistance se fait de plus en plus solide, en même temps qu’elle est mise à mal par les allemands. Entre la visite de son père qui voyage clandestinement au risque de sa vie pour venir le voir, et les premiers habitants fusillés pour résistance, Paul ne tardera pas à voir le véritable visage de la guerre et de l’occupation. Les allemands partis, il découvre le corps sans vie de Lucie dans une grange. Quinze ans plus tard, il décide de revenir au village découvrir la vérité.

A mi-chemin entre le roman policier et l’autobiographie, P’tit Paul est une expédition personnelle dans une France occupée et un voyage intimiste dans les secrets de famille que tous pensaient enterrés. En confrontant les protagonistes encore vivants à leur passé, Paul Bëck révèle avec intelligence tout ce que le désordre de la guerre aura permis de dissimuler.