Le sergent dans la neige
de Mario Rigoni Stern

critiqué par Septularisen, le 15 avril 2008
( - - ans)


La note:  étoiles
UN GRAND ECRIVAIN A DECOUVRIR!
Il y a des livres qu’on aime tellement que l’on se dit que l’on arrivera jamais à en parler assez bien pour pour le faire aimer aux gens à qui on en parle… c’est le cas ici !

Pourtant au départ le sujet de ce livre est assez simple : la retraite de l’armée italienne (aux côtés de l’armée allemande) du front russe en 1943, du point de vue des vaincus, à savoir ici un simple sergent, nommé Mario RIGONI STERN lui-même, puisque ce livre est autobiographique.

Le livre est divisé en deux parties, dans la première, intitulée «L’avant-poste» Mario RIGONI STERN raconte la vie au jour le jour dans une position fortifiée sur le fleuve Don.
Dans cette première partie, l’écriture est très belle, très poétique, en peu de pages, l’auteur raconte énormément de choses, mais surtout des choses de la vie quotidienne, puisque malgré quelques escarmouches avec des patrouilles de soldats russes, l’auteur n’est pas vraiment entré «dans la guerre». Il nous raconte ce qu’il vit, ce qu’il voit ; les étoiles, la lune, le ciel, ses camarades, ses supérieurs hiérarchiques…

La deuxième partie (la plus longue) est, elle, intitulée «La poche». En effet, au cours de la retraite, les troupes allemandes et italiennes se retrouvent encerclées par les soldats russes. Les repères disparaissent et le héros se retrouve très seul pour la longue marche du retour vers «sa maison», il n’y a plus de repères géographiques, plus d’indications du temps qui passe, si ce n’est quelques dates comme le 26 janvier 1943, jour où le sergent Mario RIGONI STERN perd la quasi totalité des soldats de son bataillon.
Il faut marcher, marcher et encore marcher en colonne, de village en village, combattre contre l’encerclement des russes, contre le froid extrême, conquérir maison après maison en se battant très courageusement, trouver de quoi manger, un endroit où dormir…

Cette deuxième partie pose quelques questions existentielles très importantes Jusqu'à quand peut-on rester humain ? Quel est le bout de l'horreur et de l'épuisement physique ? Ce livre dit des choses essentielles sur l'humanité. Le héros (ou plutôt l’anti-héros) est un homme fort, réfléchi, un meneur d'hommes, mais à un moment il chute complètement, il ne peut plus (ne veut plus) penser aux autres, il marche seul. Il s’étonne lui-même de la résistance humaine face à des conditions extrêmes…

L’écriture de ce livre est très belle, facile, minimale, presque minimaliste, poétique et nous rend proche des paysages et des gens. Mario RIGONI STERN rend bien l'universalité de la guerre (la peur, la faim, la souffrance, la mort, l’amitié et la solidarité entre soldats, l’envie de retourner à la maison, de revoir sa famille, sa fiancée…).

Mario RIGONI STERN (né en 1921) est un des trois, quatre grands écrivains italiens encore actuellement vivants. Vu son grand âge, il passe pour être «la conscience vivante» des lettres italiennes envers la Deuxième Guerre Mondiale (il occupe la même place que Günter GRASS en Allemagne) et c’est vraiment dommage qu’il ne soit pas beaucoup plus connu (et reconnu) et diffusé dans nos pays.

Inutile de dire que j’ai vraiment, vraiment beaucoup aimé ce livre, qu’il soit dit et répété ici, Mario RIGONI STERN est un grand, très grand écrivain et que l’histoire du «Sergent dans la neige» est celle d’un homme d’une grande, très grande humanité.