Trop belle Orovida
de Yael Guiladi

critiqué par FROISSART, le 21 avril 2008
(St Paul - 77 ans)


La note:  étoiles
Le commentaire de Patryck Froissart
Titre : Trop belle Orovida
Auteur : Yael Guiladi
Editeur : Pygmalion/Gérard Watelet – Paris – 1985
Titre original : Orovida
Traduit de l’anglais par Gisèle Bellew
459 pages
ISBN : 2-85704-180-2

Orovida, juive espagnole, vient d’épouser Don David Villeda, riche lainier de Tolède, dont la famille, en partie convertie au christianisme, fait partie des familiers d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon, les nouveaux souverains de l’Espagne en cours de Reconquista.

La beauté et la culture d’Orovida sont renommées bien que le couple reste volontairement à l’écart des fastes et des honneurs de la Cour, ce qui vaut à Don David, qui a pourtant aidé Isabelle et Ferdinand dans leur conquête du pouvoir, le mécontentement de la reine.

Isabelle décide que l’Espagne sera catholique.
Elle incite les non catholiques à se convertir.
Don David refuse.
Les disgrâces pleuvent.
Isabelle dépouille peu à peu les Juifs riches qui lui résistent, et met en place dans chaque ville d’Espagne un ghetto où les Juifs sont, l’un après l’autre, obligés de s’enfermer.

Don David et Orovida quittent Tolède pour Villafranca, où ils remettent en valeur, à force de travail, un domaine viticole. La reine n’ose pas s’attaquer ouvertement à eux : le beau-frère d’Orovida, le meilleur médecin du royaume, est le seul qui sache soigner la dauphin à la santé fragile.

Mais Isabelle obtient du pape un décret lui permettant d’installer l’Inquisition espagnole.

Don David et Orovida, comme tous leurs coreligionnaires, mais aussi les convertis, tous soupçonnés d’avoir conservé secrètement des pratiques judaïsantes, subissent les pires persécutions.
Don David est tué.
Orovida, veuve, riche, et belle, aimée et protégée par Juphré, seigneur catholique dont l’épouse est devenue la maîtresse du roi Ferdinand, devient l’objet des désirs libidineux des représentants locaux du pouvoir, qui, à force de complots et de calomnies, réussissent à écarter Juphré et à parvenir à leurs fins, avant de livrer Orovida au bûcher, après l'avoir à plusieurs reprises emprisonnée, libérée sur intervention royale, reprise, et suppliciée publiquement.

Les tribunaux de l’Inquisition se sont mis à l’œuvre, et leur activité infernale ne sera officiellement supprimée qu’en 1834, après 4 siècles d’un holocauste juif, arabe, puis protestant qui aura fait des dizaines de milliers de victimes.

Ce roman n’est pas, littérairement, une grande œuvre.
Mais il offre l’intérêt de nous faire pénétrer dans l’histoire, insuffisamment connue, de ces familles juives qui, avec les savants arabes, ont fait la puissance de l’Espagne avant d’être persécutées, dépouillées, torturées, massacrées ou déportées.

A lire.
Patryck Froissart, le 21 avril 2008, à St Gilles les Bains