Une gigantesque conversation
de Gérard de Cortanze

critiqué par Adelee, le 28 avril 2008
( - 43 ans)


La note:  étoiles
De cortanze s'en va-t-en guerre
Ecrire, est-ce mourir ? L’écriture ne fait-elle qu’assouvir une pulsion de mort ? Non, répond Gérard de Cortanze, et il le prouve dans Une gigantesque conversation, où ses auteurs de prédilection clament leur amour de la vie.

Alexandre Dumas ne décrivait-il pas son plaisir d’écrire ? Que dire de la soif de vie et du désir de créer de Maupassant ? Lord Byron ne rêvait-il pas d’un Orientalisme étrange, fantasmé, obscène. Henry James n’a-t-il pas été tenté de percer les mystères féminins ? Femmes belles et farouches, obsédantes, vampiriques, déesses virginales.
Gérard de Cortanze met en lumière que le mot clef du surréalisme est l’érotisme : c’est une révolte, une libération des interdits pour la restauration du plaisir, force subversive et créatrice. Le surréalisme n’est-il pas quant à lui un style de vie ? L’écriture d’Hemingway n’a-t-elle donc rien à voir avec sa vie débauchée, entre femmes et alcool ?
Le point commun entre ses grands noms de la littérature est bien la force de leur pulsion vitale.

Pourtant, beaucoup de critiques littéraires, à l’instar de Maurice Blanchot, ont associé l’écriture à une pulsion de mort, à un suicide passif, à la disparition de l’auteur dans l’oeuvre. N’en déplaise à ceux qui affectionnent L’Entretien infini, Une Gigantesque conversation met l’accent sur la vitalité de ces hommes de génie. Gérard de Cortanze abandonne donc les perspectives malarméennes, où la littérature n’aurait vocation qu’à retrouver son essence : la disparition. Le plaisir, l’humour, l’amour, le désir, la joie, l’érotisme, l’alcool, motivent l’écriture. Autrement dit, bien plus que la disparition, c’est la vie qui suscite le désir d’écrire.
L’écriture est alors, selon le mot de Flaubert, « une orgie perpétuelle ».