Lièvre de Mars (Le)
de Patrick Cothias (Scénario), Antonio Parras (Dessin)

critiqué par Shelton, le 2 mai 2008
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Très bonne aventure !
Une fois n’est pas coutume, c’est la série entière que je vais me permettre de présenter et non un album spécifique. En effet, Le lièvre de Mars est une œuvre entière dont les auteurs eux-mêmes ont refusé la division en album puisqu’ils ont refusé des les nommer. On parlera donc du lièvre de Mars sachant que neuf albums composent cette fresque de science-fiction et fantastique. Là encore, j’admettrais bien volontiers que l’on puisse cataloguer cette histoire en aventure, en grand mythe, en science-fiction, en fantastique, en espionnage, en politique et en grand rêve de l’humanité. Tout est possible et honnête.
C’est en 1993, que le premier album de cette série signée Cothias et Parras est sorti en librairie aux éditions Glénat. Il y avait, qui sait, comme une envie de faire mieux que la série XIII de Van Hamme et Vance qui sortait aux éditions Dargaud. Il faut dire que XIII amnésique que l’on retrouvait sur la côte et David Rutheford seul survivant du naufrage d’un chalutier de marins pécheurs bretons qui prétendait être tombé de la planète Mars dans l’océan étaient deux personnages présentant quelques similitudes… Mais la comparaison cessera là car d’un côté nous avions une bande dessinée assez réaliste malgré les rebondissements et de l’autre une histoire qui très rapidement plonge dans la science-fiction car qui pourrait bien prétendre être allé sur Mars pour y travailler durant trois ans en dehors d’un personnage d’une aventure de SF ?
Patrick Cothias, le scénariste bien connu des « 7 vies de l’Epervier », nous livre là une histoire assez étonnante qui le positionne comme un grand raconteur d’histoires. Je trouve même que ces séries les meilleures ne sont pas les plus populaires. Je pense en particulier à « Tanatha », dessinée par Hé, qui pour moi est un chef d’œuvre d’une forme philosophique de la science fiction et qui n’est pas loin de présenter des liens de parenté avec « Le lièvre de Mars ».
Le dessin est celui d’Antonio Parras, un auteur complet originaire de Barcelone, terre catalane qui est aussi féconde que le sont la France et la Belgique, enfin presque… Oui, l’Espagne mérite sa place dans le monde des bulles et cette série démontre la grande maîtrise de Parras qui nous offre une narration graphique de très haute volée…
Mais revenons-en à notre lièvre de Mars. David Rutheford avoue avoir passé trois ans à travailler sur la planète rouge pour qu’un jour des humains puissent s’y installer. Mais voilà depuis son retour violent sur la planète bleue, une force occulte et très forte, qui semble avoir des alliés partout y compris dans les gouvernements des grandes nations, s’acharne à vouloir le faire taire. L’utilisation de la violence est telle que les morts jonchent le chemin de ce pauvre David… Un camionneur plutôt atypique, une prostituée bien sympathique, une équipe médicale de Brest sont les premières victimes à moins que les marins pêcheurs bretons ne fussent les premiers… Et la liste sera longue et de plus en plus volumineuse car des unités entières des forces de l’ordre françaises et américaines y passeront aussi…
Cette histoire ne serait-elle qu’une longue suite de crimes et d’assassinats ? Non et David Rutheford va connaître une femme qui saura le comprendre… Alice pense que David est honnête même si son histoire lui semble impossible… Elle va réussir à le motiver et l’aidera à trouver un coin au calme… Sur une île ensoleillée, les voilà à l’abri, et c’est ainsi qu’à la fin du quatrième album prend fin le premier cycle… Mais Alice et David sont-ils fait pour un bonheur tranquille ?
Non, d’ailleurs quand une série fonctionne bien on cherche les rebondissements possibles et comme ceux qui veulent faire taire David existent encore, il était évident qu’ils pouvaient à tout moment réapparaître dans sa vie et tuer encore… Les Américains ont mis près de lui une certaine Keith, femme très belle mais aussi hyper professionnelle dans sa surveillance. Est-elle franche ? N’est-elle là que pour renseigner les forces du mal ou séduire un homme et le ravir à sa chérie ? Autant de questions qui relancent la série et lui donnent un rythme endiablé…
Je vous ai dit, au départ, que cette histoire avait un aspect fantastique. Pour le moment, vous comprenez bien le côté aventure, espionnage et science-fiction. Mais pourquoi du fantastique ? C’est à partir de maintenant que ce pan de l’histoire va se développer. En effet, un des présidents des Etats-Unis semble de doté de pouvoirs bien particuliers… Quant aux sous-sols de la zone 51… Je vous laisse y faire une visite en compagnie de David…
Cette série est très bien construite et menée d’une façon très dynamique. Le changement de dessinateur à partir du volume 8 ne dérange pas trop le lecteur même si je dois vous avouer préférer Antonio Parras à Guéra. J’ai été séduit par le graphisme de Parras et sa capacité à faire apparaître des têtes connues d’acteurs, de président… Il fallait oser mettre Kennedy dans la Maison Blanche… et le faire mourir… Quant au week-end en compagnie de Léotard (l’acteur), c’est tout simplement délicieux…
En lisant cette série que j’ai pu acheter grâce à une vente de la bibliothèque de Besançon et une annonce de mon ami Débézed, j’ai retrouvé le plaisir du fameux « à suivre » qui ponctuait les histoires en bandes dessinées de ma jeunesse et que je trouvais dans Pilote et le journal Tintin… Oui, toutes ces grandes aventures scénarisées par Charlier et Goscinny, Jacobs et Martin, sans oublier Hergé et Greg, ne nous étaient offertes que séquence par séquence et à chaque fois nous devions attendre une semaine avec ce petit mot diabolique « à suivre »… Il fallait des rebondissements, des personnages par dizaines avec de nombreuses disparitions, des mystères impossibles à résoudre seul… et c’est l’esprit du « lièvre de Mars ».
Mais, au fait, qu’allait faire David sur cette planète Mars, que s’est-il passé là-bas, comment en est-il revenu, comment se termine l’histoire ??? A vous de voir si vraiment vous voulez le savoir… Si oui, alors vous n’avez plus qu’à lire cette série bédé !