Samuel Pepys - Journal, tome 1 : 1660-1664
de Samuel Pepys

critiqué par Bolcho, le 25 octobre 2001
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Le seul véritable journal intime ?
Très peu connu chez nous, mais il paraît que tout bon Anglais en possède un exemplaire dans sa table de nuit, entre la Bible et le pot de chambre (enfin, pour le pot de chambre, je ne suis pas sûr).
Pepys a écrit son Journal entre 1660 et 1669 et la grande originalité de cette oeuvre est qu'elle n'était pas du tout destinée à être publiée, au point qu'elle a été écrite en langage codé. Cela vous donne un ton d'une sincérité assez surprenante; l'homme ne se montre pas que sous son meilleur jour. Et pourtant, il est extrêmement attachant. Pepys est haut fonctionnaire à la Marine à Londres. On va vivre avec lui la Grande Peste de 1665, l'incendie de 1666 et la guerre contre la Hollande et la France par exemple. A côté de ces "reportages" de première main, on aura droit à tout ce qui fait la vie quotidienne de Samuel Pepys: sa femme qu'il adore (et toutes les autres qu'il bouscule goulûment), sa première consommation de thé en 1667 (eh oui, les Anglais ne l'ont pas toujours connu ce breuvage...), de chocolat chaud, de jus d'orange ("agréable, mais je me demandais si ça n'allait pas me faire du mal").
Pepys ose des synthèses magnifiques. Sur ce qui est vraiment important par exemple: "La Reine délire toujours mais on espère la sauver. La peste fait rage à Amsterdam et l'on commence à avoir des craintes ici. Les Turcs envahissent les terrtoires de l'empereur. Moi je vais bien, mais je suis si constipé que, de tout le mois, je n'ai pas eu une bonne selle naturelle".
Les considérations sur la santé sont nombreuses. Rester en vie, à l'époque, c'était surtout affaire de chance. Lorsque sa femme à un rhume, Pepys craint de la voir mourir, ce qui ravive sa passion lorsqu'elle est remise, le lendemain. La précarité de la vie avait du bon, après tout... Pepys est un grand curieux en matière scientifique. Il suit de près tous les progrès de l'époque (les lunettes d'approche, les premières transfusions de sang, les premières montres portables, les expériences sur la lumière, la discussion sur la génération spontanée, etc). Quelle époque! Dernière chose avant de vous laisser au plaisir de lire ce Journal (diverses versions publiées, des très partielles aux presque intégrales). Il va avec sa femme et des amis dans une auberge: "lits excellents mais plein de poux, ce qui nous amusa fort". Ah, les bonnes natures...
Intéressant ! 9 étoiles

Il me semble vachement intéressant ce "Journal" !... Passer des événements du monde directement à sa constipation est un raccourci pour le moins étonnant, mais c'est assez colossal comme suite dans les idées. J'aime aussi revoir des choses banales dans leur contexte de l'époque, comme le thé, le jus d'orange et la santé. Garder sa vie devait avoir du piment, alors que nous, nous finissons par trouver cela tout à fait normal et nous ne comprenons pas que la "Science" n'ait pas encore résolu tous nos problèmes !...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 26 octobre 2001