Loranne, tome 1 : Clover
de Dieter (Scénario), Viviane Nicaise (Dessin)

critiqué par Shelton, le 10 mai 2008
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Une grosse histoire noire !
[Critique valable pour la série entière Loranne et non uniquement pour le premier album de cette dite série]
C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé avec cet album dans les mains. Je n’en avais jamais entendu parler et je le trouvais soudainement en vente à très bon prix lors du « grand nettoyage » de la bibliothèque de Besançon. Fallait-il le prendre ? L’essayer ? Tenter la grande aventure ?
Deux éléments m’ont poussé : d’une part je connaissais Dieter comme scénariste de la série Névé (dont il faudra que je vienne vous parler un de ces jours) et d’autre part je gardais un excellent souvenir de deux séries noires écrites par ce duo Dieter – Nicaise, La vie en rose et Six jours et mourir. Deux bonnes raisons de foncer et me voilà avec trois volumes de cette série Loranne.
Tout d’abord, première découverte de taille, il n’y avait que trois tomes, donc je venais d’acheter l’histoire entière ce qui était fort réconfortant. Second volet de ma satisfaction, dès le départ, l’histoire est prenante, efficace et plaisante. On a envie d’avaler les trois albums à la suite sans perdre de temps et du coup il faut envisager trois lectures consécutives…
La première est celle de la satisfaction scénaristique. En effet, il s’agit d’un thriller angoissant et nous voulons savoir, le plus rapidement possible ce qui attend cette pauvre Loranne et son frère Dusty. Autant le dire, dès le départ nous comprenons bien qu’ils sont manipulés et méprisés par cet énigmatique Keith… Mais pourquoi ? S’en sortiront-ils ? A quel prix ?
La seconde lecture à pour but de nous faire voyager aux Etats-Unis, car nous allons en profiter avec Keith, dans sa voiture (si on peut dire car toute voiture qu’il trouve devient la sienne), et tout cela à travers des paysages magnifiquement dessinés par Viviane Nicaise dont j’aime beaucoup le graphisme…
Enfin, il faut bien une troisième lecture pour prendre la mesure de la force de cette narration graphique co-signée Dieter-Nicaise. Il y a des séquences réalistes, somme toute assez proches de la ligne claire. Puis, perdu dans l’infinité américaine, on voit poindre comme une touche de poésie habitée par le mythe des States… Alors, sans aucune précaution, les auteurs nous plongent dans l’action, la violence, le crime avec un rythme endiablé et une percussion graphique d’une grande maîtrise…
L’histoire est assez simple : Loranne et Dusty vivent dans une petite ville abandonnée en plein désert, en pleine chaleur, Clover. Leur père, un homme d’affaires limites, semble posséder la ville entière et voudrait que ses deux enfants apprennent la vie, que son fils fasse son service militaire au Vietnam, que sa fille devienne rapidement responsable… Mais Loranne ne rêve que de partir loin de Clover, vers l’océan Pacifique vers la Californie, vers San Francisco…
Le prix à payer pour un tel voyage sera lourd comme il l’était pour les conquérants de l’Ouest… Mais tout commence quand Keith arrive dans Clover…
Une bonne série noire où l’on voit poindre ce que les auteurs feront ensemble par la suite. J’ai beaucoup aimé cette noirceur, cette désespérance, ce refus de nous raconter des histoires à l’eau de rose…