Pauvres zhéros
de Pierre Pelot (Scénario), Baru (Dessin)

critiqué par Shelton, le 12 mai 2008
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
... à en pleurer !
Certains sont convaincus que les bons romans ne peuvent pas subir une adaptation sans perdre leurs âmes ! C’est un point de vue que je ne partage pas du tout, à condition de bien se mettre d’accord sur le sens du mot « adaptation ».
Adapter un roman, c’est le lire, se l’approprier, le réécrire dans un nouveau mode narratif (théâtre, cinéma, bande dessinée) et ne surtout pas vouloir faire de la copie ! C’est ce type de travail que l’on va trouver dans une nouvelle collection, sous un nouveau label ou, plus exactement, dans la rencontre de deux éditeurs, Casterman pour la bande dessinée, et Rivages pour les romans policiers et noirs.
C’est en 1986 qu’est née la collection Rivages / Noir. Les amateurs et fans de polars et romans noirs la connaissent bien et y trouvent régulièrement frissons, énigmes, angoisses et motifs de rester au lit avec un bon bouquin. Il faut dire que les collections de bons polars et romans noirs ne sont pas si nombreuses que cela. Pour être de qualité, il ne suffit pas d’un nom anglo-saxon ou d’une quatrième de couverture énigmatique. Il faut une bonne intrigue, des personnages solides, une écriture percutante…
Les premiers auteurs à tenter leur chance ne sont pas des débutants et c’est l’adaptation de Baru que j’ai choisi de vous présenter en tout premier lieu. Tout d’abord parce que Baru est lorrain comme moi. Ce n’est pas un gage de qualité, mais c’est quand même un pays. En suite, parce que j’aime beaucoup ce qu’il fait en bédé depuis des années et que je qualifierais de qualité, engagement, humanisme et noir. Enfin, parce qu’il a décidé d’adapter un roman de Pierre Pelot, lui aussi Lorrain, Pierre Grosdemange de son véritable nom, et très bon romancier. J’ai la série des Dylan Stark et c’est pour moi un excellent souvenir, moi qui aime tant le western…
Pauvres zéros est une histoire noire et pathétique dont je ne vais pas pouvoir vous dire beaucoup pour garder intact le suspense, élément incontournable de ces histoires quel que soit le mode narratif. Une jeune femme est responsable d’un groupe d’enfants. C’est la promenade… Son amant vient la retrouver sur le bord de la prairie… Quelques instants de bonheur et au moment de repartir, il manque un enfant. Joël n’est pas là. N’est plus là. C’est un trisomique… Que pourra-t-il bien faire seul, perdu dans la nature ? Enfin, s’il est bien perdu !
D’un autre côté, des personnages glauques, des foutraques et des alcooliques… et une enquête qui progresse lentement et étrangement…
C’est un roman, une bande dessinée, mais c’est surtout une description de la misère au quotidien dans la France profonde… Des enfants en perdition, des vieillards sur le chemin de la mort, des adultes qui ne savent plus ce qu’ils font sur cette terre… ni comment… ni comment ???
J’ai adoré ce bouquin, c’est triste à pleurer et je sais déjà que je le relirai encore, pas pour le plaisir, pour sa force, son efficacité, son pouvoir à nous retourner…
Décidément, Baru est un grand de la bande dessinée et ceux qui ne le connaissent pas encore ont tort, tout simplement ! Mais il n’est pas trop tard pour bien faire…
[Déjà plusieurs Baru sont présentés sur le site et d’autres viendront encore, pour moi meilleurs…]
Quel talent ! 10 étoiles

Je n'aime pas les romans policiers, mais je dois reconnaître que cette bande dessinée est de qualité, tant par ses dessins que par l'histoire très noire.

Sylvette a la charge d'un groupe d'orphelins lors d'une sortie en campagne. Son amant la klaxonne alors qu'elle les surveille. Elle décide de s'éclipser avec lui pour prendre du bon temps. Quand elle revient, le petit José, un enfant trisomique a disparu. C'est la panique !

De nombreux personnages secondaires permettent aux auteurs de reconstituer ce petit monde de petits commerçants, de voleurs, de fainéants. Les personnages se disputent, se soupçonnent, cherchent naïvement la notoriété et certains sont de vrais imbéciles pour rester poli.

J'ai été captivé par cette histoire, les visages des personnages sont très expressifs, en revanche le lecteur aura une image de la France profonde peu séduisante. L'histoire est sombre, mais pas dénuée d'humour. La scène d'ouverture est très amusante, mais l'on passe assez vite à la consternation.

Je ne connaissais pas Baru, je crois que je vais très vite être l'un de ses plus fidèles lecteurs !

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 9 septembre 2012


Sombre mais bon ! 8 étoiles

Que de noirceur dans cet album ! Le dessin se marie parfaitement avec l'aspect sombre des événements et des personnages, que ce soit dans l'utilisation des couleurs ou la grosseur variable du trait. Un aspect déprimant très bien rendu, qui rend hommage - si je puis m'exprimer ainsi - à la misère humaine ici décrite.
Je ne peux juger des qualité de l'adaptation, n'ayant pas lu le roman original, mais l'album tel quel tient sacrément bien la route. Le récit est bien ficelé, les personnages sont prenants par la force qu'ils dégagent et cette histoire transpire d'humanité, que celle-ci soit morose ou non. Une belle découverte !

Sahkti - Genève - 50 ans - 30 septembre 2011


Glauque 6 étoiles

N'ayant pas lu le roman, il est difficile pour moi de valider si l'adaptation est réussie. À cet égard, je peux seulement dire que le scénario m'a semblé faible. J'avais l'impression qu'il manquait des dessins pour illustrer l'histoire. Toute la mise en scène de ces personnages tristes et sombres est bien rendue toutefois.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 15 août 2011


Conte cruel 8 étoiles

Après lecture du roman, je suis impressionnée par la qualité des dessins.
L'ambiance est très bien respectée.
Dans les premières pages, le "dialogue" entre Nanase et sa mère:
Elle en rage avec son nez de poivrote, lui calme en train de couper en petits fragments son rollmops au centre de l'assiette.
Plus tard, la représentation de la tante Yvonne vivant avec tous ses chats, on n'a pas de mal à imaginer l'odeur qui règne dans la cuisine...
Je ne parlerai pas de la fin qui est aussi représentative des sentiments de José.
Aventure intéressante que de lire aussi le roman.
Roman noir de noir!

Koudoux - SART - 60 ans - 20 février 2011


Noir de chez noir 8 étoiles

Une commande de la maison d’édition (Casterman, Rivages Noir) pour faire redécouvrir des romans noirs sous forme bédé, qui dit avoir donné beaucoup de liberté pour les adapter. Je n’ai pas lu le roman original de Pierre Pelot pour comparer avec Baru, mais c’est du très grand.

« Ils verront bien que des fois, on compte aussi pour quelque chose, tous ces cons... »

Dans un petit village, on suit une bande de bons à rien, des zéros qui attendent plus de la vie, qui veulent s’en sortir, devenir des héros, mais à qui on remet toujours le nez dans leur merde. Ça ne peut aller qu’en empirant...

C’est hyper déprimant, mais puissant. La tension est palpable et les dessins rendent bien l’intensité des émotions. Si les autres adaptations de cette collection sont de cette hauteur, c’est sûr que je vais y jeter un coup d’oeil (Prisonniers du ciel et Shutter Island m’intéressent énormément).

Nance - - - ans - 2 janvier 2011