Constant : l'atelier d'Amsterdam de Jean-Clarence Lambert

Constant : l'atelier d'Amsterdam de Jean-Clarence Lambert

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Arts (peinture, sculpture, etc...)

Critiqué par Kinbote, le 29 octobre 2001 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 4 280  (depuis Novembre 2007)

Un artiste en mouvement

Constant, de son vrai nom Constant Anton Niewenhuys, est né en 1920 à Amsterdam. Il a participé à quelques grands mouvements du siècle passé : Cobra, dont il fut un des cofondateurs, l'Internationale Situationniste avec Guy Debord, et le projet architectural New Babylon dont il fut l’initiateur.
Jean-Clarence Lambert, qui a déjà consacré quelques livres au peintre, nous guide ici dans son oeuvre des trente dernières années. Pour mieux y voir clair, les tableaux sont présentés suivant les thèmes récurrents du labyrinthe, de la ville, de la guerre et de la révolution, de la musique, de l’amour et des mythologiques.
L'auteur du livre souligne dans cette dernière partie l'inguérissable carence mytho-poétique de notre société. Un parcours qui nous fait découvrir des peintures admirables comme Le Vieux clochard de 1994, en noir et blanc seulement rehaussé du rouge des lèvres et du contour des mains, l'Insurrection (1983-84), l'une des toiles préférées du maître avec ce corps de femme aux cuisses écartées dans le coin gauche, le Winterreise III de 1989 qui atteste de l'attachement musical de Constant pour Schubert, La Cantatrice andalouse (1996), Orphée (1988-1989), Faune et l'Espagnole(1997) , ses Belle Noiseuse de 1990 ou encore ses portraits d’animaux, qui tous prouvent les talents de coloriste de l’artiste.
L'interview rapportée au début du volume nous apprend comment Constant travaille. Il ne réalise que quelques toiles par an, « un à deux tableaux, guère plus ». Il dit son admiration pour la peinture des grands coloristes, Delacroix et Chagall, se sentant plus proche de la lenteur de Cézanne que de la rapidité de Van Gogh, s’intéressant au Titien des dix dernières années, ou encore au flamand Permeke, qui fut un de ses premiers coups de coeur.
« Quand je me mets devant une toile vierge, je la contemple longuement avant d'oser une première tache. » Les taches se multiplient et ce sont elles qui vont déterminer le type de figuration vers lequel ira le peintre, une figuration jamais nette, comme sortie du brouillard de l’abstraction, pour mieux accrocher l’imaginaire.
Constant proclame qu’il est optimiste pour l’avenir de la peinture malgré ce qu'il appelle la fureur iconoclaste, le terrorisme de l’anti-art qui a pris aujourd’hui place dans les musées. Un beau livre d'art!

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