Inishowen
de Joseph O'Connor

critiqué par Sentinelle, le 30 mai 2008
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Tristan et Iseut à la mode irlandaise
Quatrième de couverture

Tristan et Iseut à la mode irlandaise d'aujourd'hui... Elle habite New York, vient d'apprendre qu'elle a un cancer et décide sans prévenir les siens de s'en retourner en Europe, dans l'Ile Verte où elle est née. Lui est flic à Dublin, un peu abîmé par la vie et par le whiskey, fatigué surtout de se battre contre la mafia locale, qui a résolu, il le sait, de lui faire la peau. Ces deux êtres poussés à bout vont se rencontrer par hasard, prendront la fuite ensemble et iront trouver refuge tout au nord de l'Irlande, dans les parages d'Inishowen, un lieu de beauté et de paix... où le sang coule aussi bien qu'ailleurs.

Avouons le tout de suite, je n’aurais jamais été tentée par un tel résumé si je n’appréciais pas l’auteur. Le sempiternel flic désabusé irlandais; le mari bien propre sur lui, chirurgien esthétique en Amérique et coureur de jupons invétéré ; la femme trompée atteinte d’un cancer qui veut retrouver sa mère biologique irlandaise qui l’avait abandonnée à sa naissance ; des adolescents un peu crétins mais bien gentils dans le fond ; le bon vieux copain milliardaire égocentrique et complètement disjoncté, sans oublier les habituels conflits en Irlande où l’alcool coule à flots et les petites frappes comptent les points, bref rien de nouveau sous le soleil me diriez-vous. Oui mais c’est sans compter sur Joseph O’Connor. Il arrive à nous présenter ces personnages de manière si touchante sans jamais se départir de son humour sarcastique que la sauce prend malgré tout. Ce n’est pas son meilleur roman mais j’ai passé un agréable moment de lecture.
Tragédie mollassonne 5 étoiles

La quatrième de couverture de ce livre mise particulièrement sur l'aspect très romantique d'un amour tragique. Évidemment, l'histoire se passe en Irlande, pays de la mélancolie et des dénouements funestes. Inishowen, c'est une péninsule située à l'extrême Nord de la République d'Irlande. On a la rencontre entre une américaine condamnée par un cancer, en quête de sa mère biologique, et un vieux flic alcoolique, tendu et sur la touche. Tous les deux ont passé la cinquantaine et peuvent compter allègrement leurs nombreuses erreurs et désillusions bien au-delà des doigts de leurs mains.

Elle, a passé sa vie à militer pour la cause irlandaise sans vraiment avoir vécu son histoire, à fermer les yeux sur les infidélités de son riche et chirurgien de mari, à mentir, à s'enfuir, à se chercher. Lui, blasé et égoïste, n'a jamais pu se remettre de la mort de son fils et a maintenu longtemps sa fuite dans le boulot. Finalement, on se retrouve avec des caricatures attachantes et agaçantes à la fois, qui se creusent une histoire dans le terreau pluvieux d'une terre en souffrance.

Faut-il avoir un attrait pour l'Irlande pour se mettre à la lecture de ce bouquin? Oui, sans doute. On s'y fait prendre, le critique est a priori bonne, et on se plonge ici dans l'espoir d'une belle épaisseur de psychologie humaine dressée dans un paysage charismatique. Pourtant, "Inishowen" accumule les invraisemblances et les situations très peu crédibles, le tout dans une succession de clichés prévisibles.

La plume de Joseph O'Connor reste ce qu'il y a à sauver, tout en restant assez conventionnelle, elle apporte un peu plus de matière et d'aspérités à ce qui semble en manquer à la base. Petit ouf.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 18 juin 2016