Pommes d'amour : 7 Love Stories
de Paz Boïra (Scénario et dessin), Verena Braun (Scénario et dessin), Élodie Durand (Scénario et dessin), Claire Lenkova (Scénario et dessin), Barbara Yelin (Scénario et dessin)

critiqué par Shelton, le 1 juin 2008
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Love stories... Souvenirs, souvenirs...
Il y eut, jadis ici, un mini débat pour savoir si la bande dessinée était ou pas, devait être ou pas un art narratif… Alors, sans trancher de façon définitive, une preuve absolue que la bande dessinée est un art car Pommes d’amour, avant d’être un ensemble de récits d’amour, sept pour être précis, est un objet artistique indiscutable fruit de sept arts combinés de sept femmes d’origine européenne puisqu’elles sont allemandes, autrichienne, françaises et espagnole.
Elles nous offrent, chacune, une histoire d’amour avec ses particularités, sa quête d’absolu, sa poésie, ses mots, ses extases, son avenir…
Il faut bien être fou comme Guy Delcourt pour continuer ce genre d’ouvrages atypiques qui déstabilisent profondément critiques, lecteurs, libraires… Les uns ne savent pas comment se positionner, les autres comment les classer dans leurs rayonnages tandis qu’il en reste peu pour oser les acheter et les lire… Est-ce encore de la bande dessinée ? C’est la question que l’on peut légitimement se poser en découvrant l’histoire d’amour de Paz Boïra, Le sortilège de l’amour, travail entre poésie et magie, ésotérisme et vie quotidienne, qui montre bien la capacité des humains à transformer à l’extrême les rencontres de la vie…
Comme les graphismes et les narrations graphiques sont fondamentalement différentes, il sera bien légitime que chaque lecteur se trouve déstabilisé par une des histoires, séduit ou conquis par une autre, insensible à la dernière… C’est le lot de ces anthologies, de ces recueils et il ne faut pas s’en offusquer…
J’ai été fortement touché par Les moitiés d’Elodie Durand qui m’a expliqué pourquoi les hommes et les femmes cherchaient à s’unir, pourquoi certains hommes ou femmes préféraient le faire avec des personnes du même sexe et, surtout, pourquoi les échecs pouvaient entraîner de telles souffrances… Graphisme et scénario sont de très bonne qualité, une poésie certaine et des couleurs que j’ai aimées, bref la meilleure pour moi de ces histoires…
Le dessin de Barbara Yelin est très fort et je pense qu’il ne laissera que fort peu de lecteurs indifférents. Pourtant, soyons clair, notre héroïne est dans une mauvaise passe, il lui faut redécouvrir le sommeil, le bonheur du rêve, la force de l’amour et son côté imprévisible même pour une femme qui prévoit, planifie et organise tout dans son travail…
La dernière histoire, racontée par Ulli Lust est d’une force incroyable car elle est là pour nous rappeler que l’amour peut frapper à toutes les portes, à n’importe quel âge et que ce sera toujours un moment spécial, unique, dérangeant… y compris pour le lecteur qui se demande s’il ne vient pas de se transformer en voyeur… Elisabeth et Richard, quel pourra bien être leur avenir ?
Pommes d’amour est un très bel ouvrage comme sait nous en offrir cette collection Mirages de chez Delcourt qui est, pour moi, un des plus grands labels de la bande dessinée. Si vous n’aimez pas la bédé, si vous n’en lisez jamais, si vous ne savez pas si c’est un art narratif ou pas, alors plongez sans retenue dans ces Mirages et vous trouverez sans aucun doute le bonheur, le bonheur du lecteur qui se laisse surprendre et qui chemine sur le chemin de la vie en très bonne compagnie, pensez donc sept femmes pour vous tout seul…