Aie! Aie! Aie!

Michèle Cotta a été une journaliste réputée (L'Express, France Inter, etc.). Elle a également occupé des postes importants dans des organismes officiels. C'est donc une personnalité de premier plan. Elle a tenu, sinon au jour le jour, du moins à la semaine semaine, le journal de ses entretiens avec une large palette de femmes et d'hommes politiques français, pour l'essentiel. La lecture de ces notes ne permet pas de se rendre compte de réécritures éventuelles, compléments postérieurs ou caviardages pudiques. Le livre se lit plutôt bien, difficilement d'une seule traite.
Le terme "cahiers secrets semble plus relever d'une politique marketing et publicitaire de l'éditeur que du dévoilement de réalités cachées jusqu'ici. Mon niveau d'information politique ne me permet pas de juger de l'apport réel de ce livre à la connaissance de l'époque couverte.
Il suscite cependant l'étonnement de mon esprit naïf dans trois champs principaux. Et cela relève de la manière par laquelle j'aborde en général le sujet politique. Je comprendrai très bien que d'autres lecteurs y trouvent d'autres perspectives.
En premier lieu il montre une étonnante proximité de certains journalistes avec le personnel politique. Les entretiens privés, semi-publics ou publics sont légion. On déjeune et on dîne aussi beaucoup. La question ici est alors celle de la distance entre l'observateur et ses sujets. Manipulation: que de crimes as-tu pu faire commetrre?
Ensuite, ce qui nous est raconté relève à 90% de la politique politicienne: la conquête du pouvoir et sa conservation, les oppositions (le mot "haîne" revient étonnament souvent pour caractériser les relations entre deux ennemis ou amis politiques), les rapprochements, les coups tordus, les hésitations et j'en passe. L'analyse de l'intérêt général, la pertinence des projets, les refus d'agir pour des raisons électorales ne sont pratiquement jamais évoqués. Seul, Michel Debré est crédité d'une attention certaine à ces manières de voir. Il en ressort le sentiment - nourri également par d'autres lectures - que nous avons été très mal gouvernés pendant la période sous auscultation.
C'est ici que se pose une troisième question. Une telle médiocrité ambiante relève-t-elle uniquement des sources ou aussi de l'observatrice? On a vraiment l'impression de regarder la vie politique par le petit bout de la lorgnette. Jamais la journaliste ne semble se poser ni ne pose de questions de fond. Depuis longtemps la collusion des journalistes et des politiques me paraît être une des plaies du fonctionnement de notre démocratie. Ceci en est une preuve de plus. Pas pire qu'une autre. Même plutôt meilleure que la moyenne. Mais néanmoins terriblement décevante sur le fond.

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  Cahiers secrets de la Ve République [Texte imprimé] Michèle Cotta

  de Cotta, Michèle
  Fayard
  ISBN : 9782213631950 ; 28,50 € ; 08/11/2007 ; 874 p. ; Broché

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