La Transe des insoumis
de Malika Mokeddem

critiqué par Pascale Ew., le 14 juin 2008
( - 57 ans)


La note:  étoiles
La vie d'une révoltée
Malika Mokeddem se raconte dans ce livre, entre ici (en France, maintenant) et là-bas (en Algérie, dans son enfance et sa jeunesse). La révolte est sa charpente et elle tire sa volonté de sa colère qui transpire de chaque page. Son style est très recherché, une langue riche, imagée parfois, peu commune en tous cas. Et en même temps, ce style résonne comme des coups de marteau ; l’auteur a l’air d’écrire dans l’urgence, de laisser courir sa plume comme si coucher ces mots sur le papier était une nécessité vitale, impérieuse. Et c’est d’ailleurs ce qu’elle explique.

L’Algérienne a toujours été une insomniaque et cela fait partie de sa révolte :
« Pour moi, l’insomnie, c’est la transe des insoumis. » Elle a toujours été passionnée par les livres - alors que ses parents étaient illettrés - et a suivi une éducation peu commune pour une fille de gardien de puits dans le désert, descendante de nomades. Elle est devenue médecin, néphrologue et a terminé ses études en France, où elle a rencontré son mari. A l’heure où elle commence ce livre, celui-ci vient de la quitter parce que l’écriture prenait trop de place entre eux. Elle a coupé les ponts avec sa famille pendant de nombreuses années. Ils ne lui ont jamais donné beaucoup d’affection, dans une famille très nombreuse, et ne l’ont jamais comprise. Ensuite, elle a coupé les ponts avec son pays, révoltée par l’intégrisme et se nomme apatride. Mais même en France, elle sera poursuivie par les menaces des terroristes qui ne supportent pas ses écrits. Elle partage son temps entre son cabinet de généraliste pour les arabes qui ne parlent pas bien français, ceux qui se terrent chez les marchands de sommeil, notamment et ses romans.