Dans la colonie pénitentiaire (BD)
de Franz Kafka, Sylvain Ricard (Co-auteur), Maël (Dessin)

critiqué par B1p, le 22 juin 2008
( - 51 ans)


La note:  étoiles
loyauté aveugle à la barbarie
Dans la colonie pénitentiaire d'un pays indéterminé, un voyageur est appelé à assister à l'exécution d'un condamné. Celle-ci s'effectue à l'aide d'une machine hautement sophistiquée qui permet de torturer le mourant pendant douze heures tandis que les pointes acérées d'une herse lui inscrivent le motif de son supplice dans la chair comme autant se stylets sanglants et mortels.
Évidemment, cette méthode est d'un autre âge. L'officier qui se charge avec conviction de juger et d'exécuter ses propres jugements en est conscient, d'autant plus que le nouveau commandant de la colonie voit d'un mauvais oeil ces pratiques barbares. L'ancien pourtant, Dieu ait son âme, était le génie qui avait conçu pièce par pièce, avec amour pourrait-on dire, l'instrument de mise à mort.
L'officier vit donc peut-être les derniers moments d'une si formidable machinerie, et il n'aura de cesse que de persuader le visiteur de la légitimité du processus de mise à mort pour espérer encore rallier l'étranger, et par là le nouveau commandant, à sa noble cause.

L'adaptation du "Dans la colonie pénitentiaire" de Kafka est extrêmement fidèle. Au mot près parfois. On aurait tendance à dire qu'elle l'est même trop, parce que l'original n'est pas le morceau le plus remarquable de l'écrivain, à mon avis.
Point de catharsis, point d'explication sur le pourquoi. Une morale, à peine, mais qui aura emprunté un chemin bien linéaire avant de se manifester.

J'ai le souvenir d'avoir lu un critique qui disait qu'il était difficile d'interpréter les récits de Kafka. Ou veut-il en venir exactement ? Description abjecte de la loyauté aveugle à la pire des barbaries ? Personnellement, c'est l'interprétation que je retiens. Assez plausible quand on sait que la nouvelle a été écrite au début de la première guerre mondiale et publiée un peu après sa fin.

Il est probable que la forme utilisée par Kafka ait pu être excessivement choquante à l'époque. Mais maintenant, la nouvelle laisse sur sa faim. Et le processus de mise à mort laisse une sensation de dégoût un peu vaine.

Quoi qu'il en soit, c'est la progression que les adaptateurs ont choisi de suivre. Pas sûr que cela ait été une bonne idée...
Idées Noires 1 étoiles

Oui, ça m'a l'air bien moche tout ça! Ça me rappelle une adaptation en bd du château. Là au contraire, le résultat n'était pas désagréable à voir. Bien épaisse la Bd, en noir et blanc avec toujours plus de flous et d'ombres esthétiques... J'ai malheureusement peur que derrière cette belle apparence énigmatique se cachait en fait le vide le plus inquiétant!

Les Idées Noires de Franquin doivent être l'ouvrage à conseiller pour qui veut retrouver une atmosphère digne de la colonie pénitentiaire.

Dimitriweb - - 39 ans - 7 juillet 2015


L'original est plus fort 2 étoiles

« Les termes de la sentence n’ont rien de sévère. On inscrit avec la herse, sur le corps du condamné, le commandement qu’il a enfreint. »

Un voyageur en visite dans une prison sera témoin du comportement étrange d’un officier. Tout comme son ancien commandant, il marque à l’aide d’une machine munie d’aiguilles sur le corps des « accusés » le nom de leur crime jusqu’à la mort s’ensuive.

Bande dessinée de ce qui est probablement la nouvelle la plus violente de Franz Kafka. Malheureusement, je n’ai pas trouvé que ça avait autant de force. Je crois que c’est plus à cause des illustrations que du texte. Je ne sais pas si ça vient que ce n’est pas comme ça que j’imaginais l’histoire, mais les réactions me faisaient peu croire aux personnages, me faisaient peu ressentir l’horreur. La nouvelle est macabre, mais j’ai trouvé la bande dessinée ordinaire, comme si mon imagination dépassait plus en horreur ceux qui ont conçu cette bande dessinée... Définitivement une bande dessinée qui ne m’aura pas marqué. Je recommande plus de lire la nouvelle, si ce n’est pas déjà fait.

Nance - - - ans - 24 octobre 2009