Dancing into Battle: A social history of the battle of Waterloo
de Nick Foulkes

critiqué par Micharlemagne, le 23 juin 2008
(Bruxelles - 73 ans)


La note:  étoiles
Waterloo en dansant
Enfin un livre original sur la bataille de Waterloo !
Nick Foulkes n'est pas un plaisantin : il est lecteur d'anglais au Hertford College d'Oxford et il écrit depuis vingt ans dans de nombreux journaux britanniques, entre autres dans le Financial Times.
Avec "Dancing into Battle", il s'attaque à un sujet resté mythique de l'autre côté de la Mer du Nord : la bataille de Waterloo. Mais, et c'est tout le mérite du livre, il le fait d'un point de vue assez original. Ce ne sont en effet pas les scènes de combat, mille fois racontées qui intéressent l'auteur. Il préfère prendre pour cible la vie sociale des Britanniques qui y ont été impliqués. Pour ce faire, il examine l'événement mondain le plus célèbre, sans doute, du XIXe siècle : le célèbre bal de la duchesse de Richmond, donné à Bruxelles le 15 juin 1815 et auquel était convié l'élite de la société britannique résidant alors dans la deuxième capitale des Pays-Bas, le gratin de l'aristocratie belge et le "must" de l'armée britannique en garnison en Belgique. En effet, on remarque que la liste d'invitation de la duchesse ne comportait aucun officier néerlandais ou prussien, mis à part, évidemment, le prince d'Orange, héritier de la couronne néerlandaise. Foulkes nous explique très simplement la raison de cette omission : la duchesse de Richmond était une insupportable "snob".
De telle sorte que Foulkes est en mesure de nous donner un portrait très vivant de cette aristocratie britannique résidant à Bruxelles et de nous expliquer la raison pour laquelle ces Anglais de la "haute" préféraient vivre rue Royale plutôt qu'à Belgravia.
Puis, en élargissant sa focale, l'auteur nous entraîne dans l'intimité des garnisons anglaises et de ceux qui les composaient, non sans faire un détour par Gand, où résidait le roi Louis XVIII.
Et il en arrive enfin au matin de la bataille de Waterloo, nous montrant des aspects peu connus et souvent très négligés par les historiens de ces combats. C'est ainsi que nous apprenons que l'armée anglaise était suivie par une véritable smalah de femmes, d'enfants et de domestiques de toutes les classes sociales qui campait en retrait des combats. Aussi surprenant que cela paraisse, le quart, au moins, des soldats britanniques était suivi par leur famille, qui pique-niquait dans la forêt de Soignes pendant que le chef de ménage risquait sa peau au combat.
"Le bal de la Duchesse et la bataille du Duc (de Wellington) ont inspiré nombre de poètes, de romanciers et de cinéastes qui ont créé des oeuvres mémorables, mais aucune fiction ne peut rendre compte de l'excitation et l'horreur, le glamour et la misère de ces mois agités pendant lesquels le monde retenait sa respiration et que les Britanniques de Bruxelles rentraient dans la bataille en dansant."
Nick Foulkes y contribue pourtant puissamment.