Les Boules vitales
de Sylvain Ricard (Scénario), Charles Masson (Dessin)

critiqué par Le rat des champs, le 23 juin 2008
( - 74 ans)


La note:  étoiles
Ecologie et vitalité
Faute d'un numéro d'ISBN et d'une référence sur Amazon je n'avais pas pu faire de critique sur cette excellente bédé quand elle est sortie.

Aujourd'hui apparemment, ça marche, donc j'en profite pour la poster ici:

Ernest est un phallocrate, un dragueur, et quand il rencontre la belle et douce Peggy dans une foire aux produits naturels, son réflexe est "celle-là, je vais me la faire". Oui, mais Peggy est une fille complexe, qui partage son temps entre ses séances de psychothérapie et une certaine écologie, le feng shui, les produits bio, et pour la séduire, Ernest, qui n'a pourtant aucune attirance pour ça, va aller de conférence absconse de gourous en mal de disciples en déjeuner de céréales dans des restaurants végétariens branchés. Une relation amoureuse bâtie sur le mensonge n'a évidemment aucun avenir, et le séducteur en sera pour ses frais. Le scénario de Sylvain Ricard est drôle et percutant, et quelques détails de dessin donnent à penser, notamment un bâtiment devant lequel Peggy passe souvent, qui au début porte une banderole de soutien aux réfugiés politiques, puis un peu plus tard une affiche "Expulsés" et enfin une pancarte "Maison des jeunes UMP". Le psychiatre que consulte Peggy a l'air plus intéressé par l'argent qu'elle lui apporte que par ses problèmes, enfin, mine de rien, cette bédé est subtilement subversive. Charles Masson se révèle toujours aussi talentueux que dans ses autres livres critiqués sur ce site, comme "Bonne santé" et "Soupe froide" et on notera que les couleurs sont d'Eric Raives.
Vitales, les boules 8 étoiles

Peggy va chez son psy, se demande "Est-ce le bon, cette fois ?", pas le psy, mais l’homme qu’elle vient de rencontrer.

"Vous croyez que… ?" Comment savoir… " On verra ça la semaine prochaine, Mademoiselle."

Ernest accumule les filles comme les perles d’un collier. Macho dans l’âme, il refuse de s’aliéner sa vie d’homme libre… de baiser qui et quand il veut.

Et pourtant, avec Peggy, il y a un truc, quelque chose de différent.
Et pourtant, avec Ernest , il y a un truc, quelque chose de différent.

Elle mange végétarien, parle de boules vitales et de feng shui, va à des conférences douteuses sur les vertus guérisseuses du soi intérieur et ne quitte jamais son optimisme aveugle (et… exaspérant).

Lui, trouve qu’elle a un beau cul, est allergique à l’écologie et au bio mais pourtant se laisse emmener par Peggy là où il n’aurait jamais mis les pieds avant.
Sauf que…

L’histoire d’un couple sur quatre saisons. L’histoire de différences qui nous portent ou nous divisent… Le tout étant de savoir s’écouter et s’apprendre… ou pas.
Un récit touchant et drôle, qui met en scène des personnages caricatures d’eux-mêmes, parfois clichés, parfois simplement vrais (trop ?).
Pas de romantisme modernisé surfait, juste des gens comme il y en a tant.
Avec un ton léger de leçon de "savoir-Vivre", Les boules vitales nous font prendre conscience de ces concessions inévitables dans les relations humaines et/ou amoureuses.
Un dessin marqué, au trait épais, comme le sont Peggy et Ernest, au fond.

A découvrir et à apprécier, histoire, peut-être, de trouver quelles sont nos propres boules vitales ?

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 16 juin 2014