Mécréants
de Jean-Pierre Cescosse

critiqué par Gilles Arnaud, le 25 juin 2008
(Saint Rémy de Provence - 50 ans)


La note:  étoiles
La mécréance a du goût
Jean-Pierre Cescosse, Mécréants, Flammarion, Paris, 2005


Tout se passe au Barnum, débit de boisson dont le barman s'appelle Ravel, veuf de 51 ans et allergique aux éléphants. Le géant Becherstein se distingue notamment par l'exclusivité quotidienne qu'il entretient avec les bloody-mary. Il y a le président et sa théorie de l'indifférence. L'énigmatique Parsky. La figure de l'écrivain maudit et en exil, en la personne de Eduardo Galenez. Et puis, Émilie Rollin, ex-égérie du cinéma d'avant-garde, "ruine pathétique et tremblotante".

Un roman d'anticipation, c'est le terme exact.
L'histoire se déroule sur deux années - un peu moins peut-être - en 2014 et 2015. L'auteur fait bien sentir cette légère projection d'une dizaine d'années à peine. L'univers des personnages nous est familier, mais les détails du quotidien ont une autre saveur. Le monde des différents personnages est donc le nôtre, mais avec un légère différence d'appréhension. Une vie, des vies, s'épanouissant ou se sclérosant dans des cadres nous apparaissant quelque peu remodelés, subtilement décalés.

Je voulais recopier des passages, mais je préfère que l'un d'entre vous, au moins, achète ce livre. Je veux dire, le plus vite possible.

Petit rappel : tout a un goût.
La mécréance aussi.
Elle n'est pas obligatoirement sacrilège, mais peut être angoisse.

La peur de regarder le soleil en face et de perdre les ailes de sa quête.

Gilles ARNAUD