Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles
de Jean d'Osta

critiqué par Micharlemagne, le 27 juin 2008
(Bruxelles - 73 ans)


La note:  étoiles
Un ouvrage indispensable
Voici le produit de 50 ans de recherches. C’est le temps, nous disait son éditeur, qu’a mis Jean d’Osta pour rassembler l’incroyable accumulation de documents qu’il a fallu pour publier cet indispensable dictionnaire. D’Osta était en effet un maniaque de l’accumulation. Son domicile était un capharnaüm de vieux papiers en tous genres. Car d’Osta gardait tout. Et comme si la documentation externe ne suffisait pas, il passait des journées entières avec son appareil de photo autour du cou, prenant des milliers de clichés, à l’époque où le digital n’existait pas et où la photo était un sport de luxe. Comme il avait reçu son premier « box » alors qu’il n’était un gamin, juste après la guerre de 14, on imagine facilement la richesse de ses collections. C’est au moyen de quelques-uns de ces clichés que d’Osta illustre son ouvrage.
Dans ce volume, l’auteur « ne » traite « que » les rues du centre de Bruxelles. Cela fait quand même 358 pages de format quarto et au texte serré… Tout, vous saurez absolument tout des rues de Bruxelles, de ses impasses, de ses places et de ses squares et même de ses boulevards. Le dictionnaire de Jean d’Osta s’est d’emblée installé comme une référence indispensable pour tous les historiens de Bruxelles.
L’humour dont Jean d’Osta a toujours fait preuve et ce brin de nostalgie que connaissent bien tous les vieux Bruxellois ne sont jamais très loin. On est loin de l’exposé sec et encyclopédique qu’on aurait pu attendre. L’ouvrage fourmille d’anecdotes cocasses et de souvenirs personnels qui rendent la lecture de cet ouvrage bien plus que plaisante.
L’éditeur Paul Legrain ayant disparu, on trouvera encore ce livre chez les marchands d’occasion et sur Internet. Mais il faudra se dépêcher et sauter dessus dès qu’on l’aperçoit, quel qu’en soit le prix. Bientôt, les détenteurs de ce trésor ne voudront plus s'en séparer pour tout l'or du Pérou. Et si cela vous paraît cher, faites-vous une raison. Lors de sa parution, le dictionnaire coûtait 2.600 FB, soit quelque chose comme 65 euros, ce qui était considérable en 1986.
Une question à laquelle je n’ai pas de réponse me taraude : qu’a-t-on fait de la documentation de Jean d’Osta à sa mort ? Une rumeur prétend qu’elles ont été versées aux Archives de la Ville de Bruxelles. Une autre, qu’elles sont en possession du « Cercle d’Histoire de Bruxelles-capitale », au sujet duquel je ne possède aucune information, ce qui est un comble.
Un dernier mot : on a inauguré, il y a quelque temps déjà, place du jeu de Balle, une plaque commémorative dédiée à Jean d’Osta. Si l’intention est excellente, l’exécution est loin d’être satisfaisante. Les gens qui l’ont connu n’y reconnaissent absolument pas Jean d’Osta qui était filiforme et toujours tiré à quatre épingles…