Le malheur indifférent
de Peter Handke

critiqué par Darius, le 1 novembre 2001
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Autopsie d'un suicide
Dans ce petit livre d'une centaine de pages, Peter Handke, écrivain autrichien, nous raconte sa mère, suicidée à 51 ans.. Le compte-rendu du livre repris aux deux premières pages est tellement bien rédigé qu'il sera dur d'en faire un autre pour les lecteurs...
A peu de choses près, l'enfance de sa mère ressemble à toutes les enfances de nos mères à une certaine époque : la vie était tracée d'avance, on ne se résignait pas, puisqu’on ne renonçait à rien.. Pour renoncer à quelque chose, il aurait fallu pouvoir imaginer une autre vie, mais imaginer était un luxe qu'on ne s'offrait pas.. A cause de quelques misérables prévenances intéressées, sa mère se languissait du père de l'auteur, homme marié dont elle avait eu un enfant, ce qui l’avait obligée à en épouser un autre qui n'était pas son type, par souci des convenances et pour donner un père à cet enfant.. Elle vivra une petite vie limitée à la conduite du ménage et à la seule subsistance, enfilant les costumes du dimanche aussitôt remis sur un cintre, tout comme la montre de confirmation remise sous clé après la cérémonie. « Vivre spontanément, aller se promener un jour de semaine, tomber amoureux une deuxième fois, être une femme et boire seule un alcool à l’auberge, c'était déjà se livrer à une sorte de débauche.. » Comme tous les pauvres, de l'époque, ils étaient pauvres, mais propres. Par la propreté, les pauvres devenaient dignes de vivre en société. Le progrès social consistait en un apprentissage de l’hygiène. Sa mère mettra fin à ses jours car le seul fait de vivre devenait une torture.. Livre intéressant mais doté d'une écriture tellement intellectuelle qu’on a parfois du mal à le suivre..
Une fois encore, superbe critique... 8 étoiles

On oublie vite à quel point la condition de la femme a pu évoluer en quelques décennies ! Il fut un temps où elle n'était différente de celles des femmes afghanes d'aujourd'hui que par le vêtement et le fait qu'elles pouvaient sortir... Rares étaient celles qui faisaient quelques études, cela était mal vu, et même considéré comme inutile, si pas une tare !... Il a fallu du temps et une sacrée lutte pour faire évoluer les choses... Ce n'est pas encore parfait pour autant !

Jules - Bruxelles - 80 ans - 6 novembre 2001