La femme des sables de Kōbō Abe
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Une si jolie petite plage...
Un jeune citadin va passer un dimanche à la plage, rate le dernier bus du retour et est hébergé dans une maison du village. Mais quel village !
Les dunes reculent sous l’effet du vent (comme toutes les dunes d’ailleurs) et envahissent les maisons agglutinées derrière. Sauver le village nécessite de lutter contre l’ensablement progressif. C’est ainsi que les habitants passent leur temps à creuser autour de leur demeure pour éviter qu'elle ne disparaisse. Chaque maison est maintenant au fond d'un profond trou de sable, en entonnoir, et il est donc impossible d'en remonter la pente sans une aide extérieure. Notre citadin sera hébergé par une jeune veuve, qui, du fait de sa solitude, a bien du mal à préserver son logement de la menace du sable. Le simple week-end à la mer prend des proportions inattendues.
Si, dans un premier temps, le sable des dunes est bien un accident de la géographie, il devient très vite bien d’autres choses : piège d’abord, bien sûr, mais aussi image même du destin humain. Il faut plusieurs jours ensuite pour ne plus sentir le sable couler autour de soi et pour récupérer l'illusion de sa propre liberté. L’illusion.
Les éditions
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La femme des sables [Texte imprimé] Abé Kôbô trad. du japonais par Georges Bonneau
de Abe, Kōbō Bonneau, Georges (Traducteur)
le Livre de poche / Biblio
ISBN : 9782253059950 ; 7,70 € ; 01/04/1992 ; 312 p. ; Poche -
La femme des sables [Texte imprimé], roman Kôbô Abé trad. du japonais par Georges Bonneau
de Abe, Kōbō Bonneau, Georges (Traducteur)
Stock / La Cosmopolite (Paris)
ISBN : 9782234054837 ; 9,65 € ; 03/04/2002 ; 359 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (6)
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Un conte philosophique à lire ... ou relire.
Critique de Chakili (Floreffe, Inscrit le 30 décembre 2010, 76 ans) - 30 décembre 2014
Conte philosophique d'interprétation multiple. Le sable qui s'écoule, son évacuation sans cesse renouvelée, c'est la condition humaine, sa précarité, la recherche de sa finalité, peut-être aussi une punition tel Sisyphe remontant perpétuellement son rocher.
Vision plus prosaïque, c'est également la nature hostile, la cruauté humaine, l'hypocrisie de la bonne société normative.
Nous suivons tous ces développements subtils dans le lent cheminement intérieur du protagoniste piégé dans un absurde kafkaïen. Petit à petit la vanité de son quotidien, le décalage d'avec sa vie antérieure artificielle s'estompent au profit d'une véritable métamorphose (résurrection ?) qui lui façonne une raison d'être.
Le style (perçu dans sa traduction du japonais), poétique et aérien, soutient et souligne l'évolution psychologique du héros.
Rédigé en 1962, primé internationalement, le roman est un véritable classique que l'on se doit d'avoir lu.
pas le temps d'en faire des châteaux
Critique de Parasite (Paris, Inscrit le 16 janvier 2010, 34 ans) - 16 janvier 2010
Les intentions de l'auteur ne sont pas toujours claires mais ce qui est sûr c'est que plus l'homme aux insectes essaie de se délivrer de cette condition, de cette oppression exercée par le sable, de son trou, plus il s'y enfonce.
Excellent livre
Critique de Bobo (, Inscrit le 10 décembre 2009, 65 ans) - 31 décembre 2009
En effet ce que j'en ai ressenti, c'est que l'homme ne peut sortir de sa condition et que plus il tente d'échapper et plus il s'enfonce (dans le sable).
Toutes les tentatives sont vaines et quand enfin une véritable occasion se présente et bien il renonce et préfère rester dans son état.
Très belle écriture, très juste, ne cherchez pas de Happy end, il n'y en a pas.
Je lirai, mais un peu plus tard, un autre livre de cet auteur.
Le sable mène à tout ... à condition de savoir en sortir!
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 26 mai 2004
Un chef d'oeuvre effrayant
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 19 août 2002
Une vie parfaitement vaine, anonyme, privée de dignité et de liberté ? Pourtant quand le prisonnier pense à son ancienne situation et à ses rapports sociaux et amoureux d'avant, cela ne semblait pas tellement différent.
Le livre est parfois un peu compliqué, l'auteur nous perd par moment avec de trop longues considérations sociales et philosophiques.
L'entomologiste et l'insecte
Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 28 décembre 2001
Tous les observateurs ont fait le parallèle entre la situation de Jumpei et les insectes qu’il pourchasse. C'est l'histoire d’un homme qui devient insecte, non dans son corps comme dans la Métamorphose de Kafka, mais dans son mode de vie.
On ne peut éviter de faire un rapprochement avec Sisyphe, avec l’absurde. L'homme et la femme, au fond de leur trou, doivent mener une combat sans fin contre l'avancée du désert. Ici, ce sont les vertus du travail qui donnent à cette répétition un sens : « Aller au-delà du travail de l'homme fait de ses mains, oui, bien sûr. Mais pour accomplir ce chemin-là, il n’est pas d’autre voie que le travail lui-même. (…) Ce n'est que par le travail qu'il est possible de dépasser, de surmonter le travail lui-même. Et, je veux dire, en somme, que de donner à l'homme l'énergie nécessaire pour atteindre au renoncement de soi, c’est cela la vraie vertu du travail. »
Au-delà du travail et de ses vertus, la lutte pour reconquérir une liberté qu'on lui a supprimée, le désir de confondre ceux qui exercent le pouvoir, les liens qu’il tisse avec la femme de sable, la curiosité scientifique que suscite ce milieu inhumain sont autant de raisons qui font que cette vie prend peu à peu un sens.
Ce qui s'annonçait pour Jumpei comme une descente aux enfers, comme une dégénérescence de l’humain vers l’insecte, se révèle au contraire comme un approfondissement dans la découverte de soi : « C'est ainsi que, dans le même temps que le sable s’était métamorphosé à ses yeux, l'homme, parallèlement, était entré en intérieure métamorphose. Et il semblait que, du profond de ce sable, tout ensemble avec l’eau qu'il en tirait, ce fût un autre moi, un moi tout neuf qu’il avait réussi à faire sortir. »
La trame narrative de ce roman est passionnante. Il en va de même pour les personnages. Pourtant, oui pourtant, Abé Kôbô pousse si loin l’analyse, ou si vous préférez l'introspection de son héros, qu’il finit par nous excéder. Est-ce vraiment nécessaire de justifier la moindre petite décision, de mesurer constamment ce qui tient du noir, du blanc, du gris et de toutes les teintes intermédiaires?
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