Enfin nue ! : Confessions d'un nègre littéraire
de Catherine Siguret

critiqué par Bolcho, le 23 juillet 2008
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Nègre de nègre
Ecrire est une sorte de maladie. L'auteur raconte qu'elle se coule dans les envies et les modes successives pour proposer des autobiographies de personnages qui éveillent l'attention. On veut des paumés, des malheureux, des tortueux ? En voilà. Ou plutôt des beaux en bonne santé ? En voici. C'est ainsi qu'elle va faire 35 bouquins (elle a 37 ans) où vont se succéder des assassins et autres truands, des célébrités de la télé (« Loin d'être un univers impitoyable, comme on le croit de loin, c'est un univers pitoyable »), des idoles de Starac, etc. Quand elle s'occupe des épaves, elle devient alcoolique, quand elle se met à la place des top-models, elle devient anorexique. Une éponge comme elle dit : « En écrivant des livres dans la peau des gens, je n'ai jamais rien fait d'autre qu'apprendre à vivre, par l'exemple ou le contre-exemple ».

L'exercice ne manque pas d'intérêt. La langue est alerte et le sens de la formule met parfois en joie. Mais il faut avouer que l'ensemble est un peu répétitif.

Un des intérêts les plus visibles est de remettre le métier d'écrivant en perspective : c'est un métier comme un autre où on gagne sa croute en usant le bout de ses doigts et les vertèbres cervicales (rapport à la position devant l'écran). De manière générale – mais c'est une remarque personnelle – ne faudrait-il pas cesser de porter aux nues le génie des artistes ? Cela permettrait à tout un chacun de se sentir irremplaçable, plutôt que de baver d'envie face à des icônes en forme de mirage. Et le monde s'en porterait mieux.


Maintenant, allez savoir – et Catherine Siguret nous le suggère elle-même en disant qu'elle a été son propre nègre -, peut-être n'a-t-elle pas écrit ce texte et l'a-t-elle refilé à un(e) collègue ? Si ça se trouve, cette prétendue confession est écrite par Shakespearqui-n'a-pas-écrit-ses-pièces.

Ah ! On a bonne mine à Critiques Libres, de se poser ces questions à l'abri de nos pseudos ! D'ailleurs, je vous le dis, ce n'est pas moi qui écrit cette critique mais mon nègre.

Et puis, ne trouvez-vous pas que l'on glose beaucoup sur la réalité des auteurs sans jamais se poser la question de celle des lecteurs ? J'ai pourtant connu des lecteurs qui n'avaient rien lu. D'autres qui avaient payer autrui pour lire à leur place.

Et qu'on ne dise pas que c'est moins grave. Les lecteurs sont créateurs eux aussi – les plus prolifiques d'entre tous - puisque chaque lecture est une re-création en même temps qu'une récréation.