L'abbesse de Castro
de Stendhal

critiqué par Tistou, le 26 juillet 2008
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Stendhal et l’Italie
Publié en 1839 par un Stendhal qui a déja eu le « choc italien » près de 40 ans auparavant, « l’abbesse de Castro » s’inscrit dans ses « chroniques italiennes » dans lesquelles il s’attache à nous faire partager l’admiration qu’il éprouve pour ce pays, ses habitants et leur mode de vie.
L’abbesse de Castro, c’est Hélène de Campireali : jeune fille de bonne famille, élevée derrière le rempart du domaine familial, et bien trop riche pour se permettre le « luxe » d’aimer Jules Branciforte ! C’est que Jules Branciforte n’est pas issu, lui, d’une bonne famille mais d’une famille de « brigands », et surtout, pauvre parmi les pauvres. Et pourtant l’amour est là, entre les deux, fort, inconscient et partagé par Hélène et Jules.
En cela, cette littérature, comme celle de Prosper Mérimée par exemple, peut certainement paraître en partie incompréhensible à certains d’entre nous, et je pense aux plus jeunes en particulier, tant les motivations et les ressorts passionnels peuvent paraître anachroniques (je n’ai pas osé « antédiluvien » !).
N’empêche que c’est Stendhal et bon sang ne saurait mentir. On est clairement à Albano, fin du XVIème siècle et d’ailleurs Stendhal feint de s’appuyer sur des écrits préexistants pour justifier sa « version » :

« Albano, qui compte aujourd’hui cinq ou six mille habitants, n’en avait pas trois mille en 1540, lorsque florissait, dans les premiers rangs de sa noblesse, la puissante famille Campireali dont nous allons conter les malheurs.
Je traduis cette histoire de deux manuscrits volumineux, l’un romain, et l’autre de Florence. A mon grand péril, j’ai osé reproduire leur style, qui est presque celui de nos vieilles légendes. Le style si fin et si mesuré de l’époque actuelle eût été, ce me semble, trop peu d’accord avec les actions racontées et surtout avec les réflexions des auteurs. Ils écrivaient vers l’an 1598. Je sollicite l’indulgence du lecteur et pour eux et pour moi. »

Oui, on est clairement à Albano, dans cette Italie du XVIème et le style de Stendhal nous y emmène. Sa remarque sur le style employé (cf plus haut) est d’ailleurs amusante, à cet égard. Avec Stendhal, point n’est besoin de faire effort d’imagination. Se laisser porter par ses mots, ses images est déja un voyage.
Alors, comment l’amour d’une Hélène de Campireali et d’un Jules Branciforte nous amène à une abbesse … Tragédie de l’amour, délire du romantisme …Une situation banale somme toute (enfin ça n’arrive plus trop de nos jours tout de même !).