Bleu presque transparent
de Ryū Murakami

critiqué par Vigno, le 4 novembre 2001
( - - ans)


La note:  étoiles
Noir complet
Né près de Nagasaki en 1952, Murakami Ryu a grandi près d'une base de la marine américaine. Il vient à Tokyo pour étudier en arts. Il abandonne lorsqu’il découvre que la littérature l'intéresse davantage.
Il devient célèbre très jeune avec son premier roman, Bleu presque transparent, qui lui vaut le prix Akutagawa en 1976 (le Goncourt japonais). Le roman devient un immense succès commercial et Murakami, lui-même, en fait un film en 1978.
Ce roman au titre angélique raconte l'aventure sordide de huit jeunes Japonais, autour de la vingtaine, dans le Tokyo du début des années 1970.

Sexes, drogues, hallucinations. On baise, on se défonce, on baise encore, on essaie de s'accrocher aux autres mais on ne trouve rien; on s'engueule, on se cogne dessus, on se fait mal, on se réconcilie, on se tape encore plus fort. On accepte la douleur, parce qu’ainsi on est sûr qu’on est encore vivant. On écoute les Stones, Hendrix, Janis, les Doors. On fréquente les soldats américains, on échange le sexe et la drogue. On vit en marge, on ne fréquente pas la société, sinon la police et l'hôpital. Suicidaire, on veut mourir, on veut que l’autre nous tue.
On vit dans un monde glauque, tout faisande, croupit, se putréfie, lève le cœur. On avale n'importe quoi et on n’arrive plus à se débarrasser de ces goûts acres. On vomit toutes les saletés possibles, on saigne constamment parce que les lèvres sont fendues, parce que le sexe est blessé, on sue, les muqueuses dégoulinent sans cesse, les humeurs de tout le monde se répandent, larmes, sang, spermes et vomissures confondus.
Il reste le rêve (plutôt psychédélique, donc jamais loin du cauchemar), un bref moment de beauté entrevue, le désir d'amitié, un peu d’enfance.
On se dépêche à lire pour sortir au plus tôt de ce cauchemar. Et on ne relit pas pour trouver quelques passages à citer.
Bleu presque transparent? Noir complet, plutôt!
Une jeunesse marginale 8 étoiles

Ce roman donne une image très inquiétante de la jeunesse japonaise. Sexe, drogues et violence sont un trouble mélange qui fait battre le coeur de ces jeunes gens en opposition avec la société. Ryu et ses amis appartiennent à cette génération désenchantée, prête à s'affranchir de la morale et de certains codes sociaux pour vivre plus intensément.

Ce roman ne laisse pas insensible et peut choquer. Certaines scènes ne se lisent pas avec plaisir ( passage à tabac d'un gardien, consommation excessive de drogues et évocations du ressenti de ces addicts, scènes sexuelles nombreuses et variées ... ). Cette jeunesse inquiète le lecteur et le désarçonne. On se plaît à imaginer que ce comportement ne concerne pas tous les jeunes de la planète, même si de tels actes ne sont malheureusement pas réservés à ce seul pays.

Le lecteur descend dans les bas-fonds de l'humanité. Il découvre les pulsions et le sentiment d'abandon de certains jeunes. Tout est transparent et impudique.

Malgré ce sujet pénible, le roman se lit facilement et l'auteur possède le sens du rythme. Il s'agit d'un roman percutant, réussi et audacieux par ces épisodes écoeurants !

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 4 janvier 2013


D'une pureté presque transparente 10 étoiles

Je ne comprends pas que l'on puisse passer à côté de la grande pureté de cette oeuvre. La monstruosité des descriptions sur le sexe, la drogue et la violence ne fait que sublimer la douceur des chapitres où l'on observe Lili à travers les yeux de Ryû. Et la lettre qui clôture le livre est comme une lueur qui transperce la noirceur du tableau décrit, car malgré tant de drogue et de violence, l'attachement et l'affection subsistent. En opposition au comportement "animal" que peut avoir Ryû dans certains chapitres, on le découvre dans la lettre finale d'une grande humanité.
Comment ne pas être submergé par la rage et la tristesse lorsque l'on voit nos personnages humiliés par une société qui les a elle-même amené à être ce qu'ils sont? Je vois dans l’extrême déchéance de Ryû, de Kei ou d'Okinawa le drame des ces jeunes qui n'ont pas pu trouver ailleurs une alternative au monde de cinglé qu'on leur propose. Je vais alors conclure sur une citation du Dr Jonhson : "He who makes a beast of himself gets rid of the pain of being a man", soit en français : "Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d'être un homme".

Hunter - - 41 ans - 22 août 2012


Peu d'intérêt 2 étoiles

Je n'ai jamais saisi l'intérêt et la richesse de son roman qui a pourtant remporté des prix au Japon et en France. En quoi cet univers glauque, un tantinet provoquant, sans aucune intrigue, aucun fil conducteur, peut-il avoir captivé tant de personnes ?
Ce n'est pas avec ces livres qu'on révèle des secrets, qu'on se rend compte que la jeunesse, que les civilisations s'effondrent. Ce n'est qu'un témoignage que je qualifierais presque de puéril car il ne montre aucune cause, aucune répercussion de ces comportements affligeants.

Elya - Savoie - 34 ans - 22 février 2009


Sexe, drogue et saké 7 étoiles

C'est le thème éternel de ceux qui sont rejetés par la machine infernale du progrès social, de la productivité et du gain à tout prix.

C'est le roman de ceux qui ne veulent pas vivre comme des consommateurs à la botte des distributeurs géants avec leur "marketeurs" dévoués.

C'est la vie de ceux qui ont choisi de vivre dans la marge de la société mais cette fois ça se passe au Japon et ce ne sont ni Bukowski, ni Selby, ni McInerney, ni Easton Ellis, ni Burroughs, ... qui mènent la barque mais un jeune Japonais talentueux qui ne veut pas suivre l'irrésistible ascension économique de son pays en rupture avec toutes ses traditions.

Débézed - Besançon - 77 ans - 13 mars 2008


Génération désenchantée 4 étoiles

Ennui au pays du soleil levant. Ennui qu'une jeunesse sans plus aucune illusion noie dans l'alcool, la drogue et le mélange des corps.

J'ai eu du mal à lire ce livre, à identifier les différents personnages (bêtement, à cause de leurs prénoms aux sonorités très proches), à tourner les pages en sachant ce que j'allais trouver sur les suivantes...
Car si on ne peut que reconnaître le talent littéraire et l'audace de Murakami, il ressort de cette lecture une forte impression de déjà vu.

Ce livre, j'ai eu le sentiment de l'avoir déjà lu plusieurs fois, mais dans des paysages différents: jeunesse désenchantée en France (Hell, L.Pille), en Allemagne (Moi, Christiane F.), aux Etats-Unis (Moins que zéro, B.Easton Ellis), etc.
Mais, me direz-vous, Murakami a écrit ce roman bien avant, il y a plus de 30 ans. Preuve qu'il est toujours d'actualité.
Et il le sera certainement éternellement, chaque époque étant marquée de changements dans lesquels sa jeunesse en peut que se perdre.

Les quelques parenthèses poétiques, que l'auteur essaime au long du roman comme autant de lueurs d'espoir, éclaircissent ce tableau d'éternel retour.

Sparkling Nova - Paris - 41 ans - 25 février 2007


Autobiographique? 7 étoiles

Même si ce n'est point dit explicitement,ce roman me semble inspiré FORTEMENT de faits réels. Wow....J'arrive toujours pas a croire que le personnage principal Ryu (?!?) a eu une relation sexuelle hétéro & homo...EN MÊME TEMPS!

L'homonyme de Haruki Murakami est selon moi moins talentueux, mais plus rageur dans son écriture, ce qui ne me déplait pas. Probablement inspiration pour des films américains tel que "Requiem For a Dream" & "Basket-Ball Diaries". J'ai trouvé ce livre brutal mais touchant à la fois. Murakami met en scène les oubliés de la société. Fidèle à sa réputation, il met en mots les tabous de la société Japonaise.

FightingIntellectual - Montréal - 42 ans - 2 juillet 2004


Argh... 7 étoiles

Que dire qui n'a déjà été dit... des scènes de sexe très crues, de l'héroïne qui coule à flot... C'est le quotidien des protagonistes de ce livre.

Glauque... Noir (pas transparent pour un sou)... violent...

"Weird" quoi :-P

Duncan - Liège - 43 ans - 19 mai 2004


Sex, Drugs And Rock'n'Roll 7 étoiles

Un livre à ne pas mettre sous tous les yeux!
L'Orange Mécanique à côté c'est Martine à la plage (ayant but du lait survitaminé quand même)

Un vision noire très noire de la jeunesse japonaise, perdue dans les méandres de la drogue, de l'alcool et du sexe.

Personnellement je ne sais pas à qui je pourrais conseiller ce livre sinon à ceux qui veulent analyser la décadence de nos sociétés ou ceux qui rêvent d'avoir une vie de chien.

Sha - Namur - 52 ans - 7 avril 2004


Drogue, sexe, violence 8 étoiles

Personnellement j'avais aimé 'Lignes' et de la même manière j'ai aussi aimé celui-ci. C'est une peinture réaliste à l'extrême d'une jeunesse désoeuvrée, qui remplit le vide de son existence en se défonçant à toute sorte de produits, en baisant et se faisant baiser (entre eux et aussi avec les soldats noirs de la base à côté). A part la drogue et le sexe, il n'y a rien d'autre que la violence. Certaines scènes sont à la limite du supportable (le passage à tabac d'un gardien de sécurité lors du concert) et la description de partouzes est parfois excessivement crue. Le livre est découpé en courts chapitres, on est pris par le rythme mais on a du mal à se relever après. Seule lueur: la fin se termine sur une note qui laisse poindre un soupçon d'espoir. C'est un livre très bien écrit, qui nous surprend par la violence du propos mais qui donne à réfléchir par la vision de la société qui y est faite.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 20 juin 2002


Un univers 7 étoiles

Le dernier livre de Murakami Ryu était "Lignes"...J'ai mis sa critique sur le site. C'est également une longue liste de violences gratuites et de baises à tour de bras et de toutes les maières, violentes de préférence... C'est l'univers qu'il décrit... A espérer que tous les jeunes Japonais ne sont pas fabriqués ainsi !...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 10 novembre 2001


Oh oui alors, je confirme 6 étoiles

J'ai lu ça il y a une vingtaine d'années. La critique ci-dessus en donne une image parfaite. J'ai rarement pu lire des descriptions de partouzes, par exemple, aussi crues, aussi abouties sur le plan littéraire et aussi tristes. C'est effectivement sinistre. Je n'avais pas du tout aimé ce livre et pourtant je m'en souviens très bien. Dans le glauque, on fait difficilement mieux, en effet.

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 8 novembre 2001