Incendies
de Wajdi Mouawad

critiqué par Cuné, le 2 août 2008
( - 57 ans)


La note:  étoiles
C'est sûr, c'est sûr, c'est sûr !
Tout commence dans le bureau d'Hermile Lebel, notaire. Une vieille femme est morte, et il doit procéder à la lecture de son testament. Les enfants, Jeanne et Simon, jumeaux, se voient chacun confier une mission : retrouver leur père pour l'une, leur frère pour l'autre, et leur remettre à chacun une enveloppe. Coup de massue pour les deux jeunes adultes. Quid de ce frère tombé du ciel ? Leur père n'est donc pas mort en donnant sa vie pour son pays, comme elle le leur avait dit ? Après un temps de refus bien compréhensible, la mission sera menée, et ce qui en résultera ébranlera complètement les fondations de leur existence...

C'est un texte très complet qui fait passer le lecteur par toutes les émotions; il joue avec l'humour, la poésie, l'horreur, la tendresse, la crainte. On est happé dès les tous premiers mots, c'est très rythmé, on visualise tout et tout le monde, et l'histoire, que dire, l'histoire est aussi magnifique qu'elle est terrible.

Une vraie merveille, à découvrir sans faute !
Une pièce d'une force incroyable ! 9 étoiles

Wajdi Mouawad continue à explorer la thématique de l'origine dans cette pièce. Quand un frère et une soeur rencontrent le notaire suite à la mort de leur mère, ils ne s'attendaient pas à se voir chacun confier une mission qui bouleversera leur existence.

Cette pièce s'enracine dans un pays qui a été meurtri par la guerre et les violences, par l'horreur et le monstruosité. On reconnaît facilement le Liban, mais l'auteur souhaite englober tous les pays blessés par les guerres. Certains récits font froid dans le dos et mettent en exergue comment s'effectue l'escalade de la violence. Chacun se venge d'une offense et s'enlise dans un combat incessant et de plus en plus cruel car tout ceci alimente la hargne et la rancœur. Les personnages sont confrontés à des situations affreuses qu'on ne soupçonnerait pas. L'horreur de certaines circonstances renoue avec la violence de certains mythes que l'on considère comme imaginaires, sauf qu'ici il s'agit bien de la réalité. Il y a le souffle des tragédies antiques dans cette pièce.

Jeanne et Simon vont découvrir tout un pan du passé de leur mère qui s'était enfermée dans un mutisme durant cinq ans, incompréhensible à leurs yeux. La révélation de leurs origines sera terrible. Les lettres finales de leur mère éclairent cette violence tout en pansant les plaies béantes des enfants. L'idée que véhicule Wajdi Mouawad à la fin de sa pièce est belle. On s'interroge souvent sur le poids de la culpabilité des enfants par rapport à leur histoire familiale. Cette figure maternelle propose une belle réponse.

La pièce est très bien structurée et les époques s'entrelacent comme si le passé et le présent communiquaient, comme si les morts éclairaient les vivants. Et ces moments, très présents, sont vraiment beaux et ajoutent une grande force à cette oeuvre, tout en attristant quelque peu le lecteur car les personnages ne pourront pas se dire certaines choses face à face. Comme d'habitude avec cet auteur, le lecteur sort bouleversé par ces textes et ébloui par le talent d'un écrivain qui ne cesse de creuser son sillon.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 28 septembre 2019


Un choc ! 10 étoiles

Voici un texte d'une puissance bouleversante. Une sorte de diamant noir dont l'unique éclat de feu surpasserait la noirceur de pierre.
Une femme vient de mourir et ses enfants découvre chez le notaire que leur père est encore vivant et qu'ils ont un demi frère.
La "pièce" narre la recherche de ces deux personnages.
Quête initiatique. Vertiges d'introspections.
Un film a été tiré de ce texte, il est très beau mais je ne pense pas qu'il puisse nous dispenser de la lecture du texte de Wajdi Mouawad.

Fredericpaul - Chereng - 63 ans - 10 novembre 2014


Il n'y a rien de plus beau que d'être ensemble 10 étoiles

Je n'ai pas aimé au début. Cela m'arrive régulièrement de débuter une lecture et d'être agacée, irritée, de me dire que je vais passer à autre chose. Mais là, je serais passée à côté d'une histoire tout à fait remarquable par son côté tragique. C'est une histoire d'amour, l'amour d'une mère pour ses trois enfants malgré l'horreur, malgré la souffrance, la torture, le viol, l'odieux d'avoir eu à mettre au monde des enfants dans des circonstances immondes. Et pourtant, une mère ne doit-elle pas toujours aimer ses enfants envers et contre tout ?

Une très belle pièce de théâtre qui raconte l'horreur d'une guerre et les conséquences qu'elle aura entraînées dans la vie d'une femme, murée depuis cinq ans dans un silence qui constitue pour elle un refuge afin de protéger ses enfants et se protéger elle-même. À sa mort, elle choisira de révéler enfin la vérité à sa descendance, quitte à briser leur vie à jamais mais l'important selon elle c'est qu'ils soient enfin réunis, enfin ensemble...

Très beau, très fort, une tragédie parfois insoutenable mais vibrante de beauté.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 22 octobre 2010