Convergences entre musique et littérature

Dans ce livre, Philippe Beaussant tente de faire converger musique et littérature. Contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, il ne s'agit pas de la vie -même romancée - du musicien italien Alessandro Stradella, mais de la mise en scène d'épisodes plus ou moins inventés de sa vie afin de permettre à l'auteur d'exprimer des points de vue tant sur la musique que sur la littérature. L'auteur s'invite donc très souvent dans le récit pour commenter le récit lui-même, parler de lui, évoquer ses souvenirs, montrer qu'il conduit la narration où il veut et qu'il pourrait bien la conduire ailleurs ou autrement.
Surprenant, le procédé se révèle au départ intéressant puis il tourne au système et donne peu à peu une impression d'artificiel qui suscite une gêne grandissante et quelque énervement. Mon fils n'a pas résisté à plus de cinquante pages. Au-delà de ce premier aspect, si le lecteur est intéressé par le processus de création artistique, le livre comporte bon nombre de réflexions sur l'écriture et la musique. Certaines, banales, se retrouvent dans d'autres écrits sur le sujet. Par contre d'autres sont intéressants. Quelques exemples.
Sur la musique et le chant. "...quel est le lien, quel peut être le rapport entre la voix d'une femme et la femme qui chante? C'est un mystère... La chanteuse... c'est avec ses lèvres, sa gorge, le souffle même de sa vie, avec son corps et son ventre, qu'elle vous émeut..." (p.94). "Puis la musique les précipite de nouveau l'une vers l'autre et de nouveau les mêle dans une subtile, voluptueuse et presque lascive dissonance, avant de les réunir, après le frisson. Quelle musique." (p.98). " Vois-tu, mon petit, il faut que tu fasses comprendre quelque chose à ton Sandro. Il croit toujours que son rôle est de faire de la musique. Il n'y a que les mauvais musiciens qui s'acharnent à faire de la musique... Ton rôle est seulement d'inventer des choses qui leur permettent de sentir monter la musique en eux." (pp.178-179). etc.
Sur l'écriture. "Nous autres qui écrivons des livres, qui sommes-nous? Des tâcherons. Nous labourons, nous hersons, nous bêchons, nous sarclons, nous remuons de la terre pour faire pousser des petits pois. (p. 187). "Nous ne travaillons que sur ce que nous ne sommes pas, ou bien pas tout à fait. Nous ne besognons que sur des illusions perdues et des bonheurs à refaire....{L'oeuvre d'art} ne commence à être que si les autres hommes y reconnaissent sans le savoir ce qu'ils ont négligé au fond d'eux-mêmes." (p.232). etc.

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  Stradella [Texte imprimé] Philippe Beaussant

  de Beaussant, Philippe
  Gallimard / Collection Folio.
  ISBN : 9782070419500 ; 8,60 € ; 01/07/2001 ; 373 p. ; Poche

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