Dérive sanglante de William G. Tapply
( Bitch creek)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Policiers et thrillers
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Dérive sanglante
Quand on rencontre un personnage comme Stoney Calhoun, le héros énigmatique de Dérive sanglante, on comprend aisément pourquoi certains auteurs rechignent à se séparer de leur créature. Quitte, parfois, à trop tirer sur la corde, tarir les mines de l'originalité et du style pour, au final, s'assoupir sur l'équilibre instable (faut pas nous la faire, quand même!) de la reconnaissance.
Seulement quand on a la chance de tomber sur un livre tel que celui-ci, on aurait bien de la peine à imaginer un si navrant scénario. Car Dérive sanglante a tous les éléments d'un excellent policier. J'hésitais à le dire tant cela paraît maintenant convenu et usité à tout va mais... ce livre de William G. Tapply, eh bien, on a sacrément du mal à le lâcher.
Stoney Calhoun a perdu la mémoire, apparemment après avoir pris la foudre. Le mystère entoure son accident. Après sa sortie d'hôpital, Calhoun a en sa possession un chèque de 25 000 dollars et tous les mois, il reçoit une somme d'argent conséquente sur son compte en banque. N'obtenant aucune réponse à ses questions, il s'est retiré dans le Maine où il travaille dans un magasin d'article de pêche. Il mène une vie paisible, recevant parfois la visite d'un homme en uniforme qui vient s'assurer qu'il ne se souvient de rien.
Lorsque son jeune ami ne revient pas d'une visite guidée avec un client inconnu, Calhoun ne réfléchit pas et part à sa recherche, ravivant des réflexes enfouis. Ceux d'un policier ? D'un criminel ?
A la fois sensible et impénétrable, comme sa mémoire, Calhoun offre un nouveau visage intéressant et intrigant dans le panorama des figures du polar. Flegmatique, il évolue dans un cadre que Tapply retranscrit avec une réelle force évocatrice:
"Les routes poussiéreuses flanquées de murets, le sol sablonneux, les champs brûlés avant les semis, les ruines d'anciennes fermes au bout de chemins à présent envahis par un fouillis de genièvre et de peupliers et de vieux pommiers noueux, le bruissement d'une perdrix qui s'envole, la queue blanche, soudain entr'aperçue, d'un cerf, les érables aux troncs desquels on fiche un robinet pour en extraire la sève, le toit en aluminium d'une grange, lesté de vieux pneus de tracteur en cas de tornade, les vaches Holstein et Jersey broutant dans les pâturages rocailleux, les grosses caravanes auxquelles il pousse des antennes de vingt pieds de haut, les verges d'or qui fleurissent entre les carcasses rouillées des automobiles mortes, les poules qui picorent le gravier devant les portes, les blizzards et les orages et le vents du nord-est en septembre, et toujours cette fille aux cheveux blond miel, étendue sur une vieille couverture d'armée brune, ses yeux verts rieurs, ses petits seins nus, allongeant le bras pour toucher son visage, murmurant quelque chose qui ressemblait à un "ouaip"..."
Le Maine, un lieu qui se révèle le théâtre d'une dérive sanglante, d'une enquête policière magistrale. Alors bien sûr, vivement la suite, Casco Bay!
"Un livre qu'on a bien du mal à lâcher" - BiblioMan(u) - "jusqu'à l'objet lui-même avec sa couverture sobre et efficace, l'empreinte d'une maison d'édition audacieuse et de qualité, Gallmeister, dont les titres sont écrits plus gros que le nom de l'auteur..."
Les éditions
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Dérive sanglante [Texte imprimé], roman William G. Tapply traduit de l'américain par Camille Fort-Cantoni
de Tapply, William G. Fort, Camille (Traducteur)
Gallmeister / Noire (Paris. 2006)
ISBN : 9782351780114 ; 23,30 € ; 10/05/2007 ; 267 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (5)
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BITCH CREEK
Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 17 mai 2018
Il y a aussi le climax final et la résolution de l'intrigue du style bon-sang-mais-c'est-bien-sûr. Je n'y avais pas songé moi-même, d'ailleurs. En somme, BITCH CREEK m'a fait pensé à ces bouquins que je lisais dans mon enfance tel « Le Saint » de Leslie Charteris
Mais en moins bon, d'ailleurs contrairement à Simon Templar, le protagoniste Stoney Calhoun n'a aucune singularité et aucune audace. Sans oublier les commentaires philosophiques dignes du café du commerce relevés ici et là...
BITCH CREEK est un genre d' »Harry Potter » pour adultes, une sorte de bouquin écrit pour plaire au public, facile à lire mais très inconsistant. de même je doute que ces lectrices féministes apprécient les personnages de femmes en forme de potiches.
Enfin il est dommage que le tout soit un peu simple car le fait que Stoney Calhoun a passé un moment à l'hôpital sans s'en souvenir était un événement intéressant et assez sous-exploité.
Un bon petit polar, parfait pour les vacances
Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 15 août 2012
Ce petit roman, frappé du sceau du "nature writing", ne brille certes pas par l’originalité de son intrigue, mais il nous transporte dans une jolie région des Etats-Unis – le Maine – dont on entend relativement peu souvent parler. William g. Tapply y décrit avec précision les paysages sauvages et nous fait découvrir la pêche à la mouche, quasiment érigée ici au statut de mode de vie. Quelques références à Thoreau, E.B. White et autres auteurs américains tout au long du récit achèvent d’ancrer cette histoire dans une nature brute et mystérieuse qui se révèle être finalement le personnage principal du roman.
Un très bon polar
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 31 mars 2010
Le héros ressemble à un autre, XIII de Van Hamme, sauf que cet homme entrainé à faire face aux situations dangereuses ne souhaite absolument pas retrouver la mémoire. Il est très content de sa vie de guide de pêche et associé dans une boutique en accessoires de pêche. Il a une copine qui avec un sacré caractère le maltraite un peu et un chien qui est son confident et meilleur ami.
Seulement voilà l'organisation qui l'employait le tient à l'oeil et son meilleur ami ( en dehors du chien) se fait tuer. Calhoun reprend du service pour mener l'enquête.
Derrière l'association de Cahloun et de son chien, le personnage principal est (comme souvent chez Gallmeister) la nature et les lacs du Maine que l'on retrouve dans les trois épisodes. Si j'encourage fortement la lecture de celui-ci j'admets ne pas avoir pu dépasser la troisième page du second et être partiellement déçu par le troisième tome. La nature est bien là mais l'enquête n'est pas menée par le professionnel entrainé espéré. On n'en saura pas plus sur Stoney et son histoire car l'auteur est décédé avec ses secrets.
Simplement bon
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 51 ans) - 9 novembre 2009
Belle balade ...
Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 21 octobre 2008
Certes il y a une histoire policière et même quelques cadavres mais c'est avant tout une balade, même sanglante, à la campagne, au bord de mer, dans le Maine quoi.
Une histoire de pêcheurs à la mouche et chacun sait que pour attraper quelque chose il faut s'armer de patience et taquiner longtemps le poisson qui mordra, mordra pas, ...
Pourtant on ne s'ennuie pas un un instant à suivre Stoney Calhoun, un amnésique (il a été frappé par la foudre) qui refait sa vie dans le Maine. Ancien militaire ? ancien flic ? qui est-il ? On ne le saura pas plus que lui-même.
[...] - Comment c'était Stoney ?
- Je ne sais pas. Je ne me rappelle plus rien. J'ai bien des éclairs de conscience, quand j'entends le tonnerre ou la pluie, mais ils disparaissent si vite que je n'arrive pas à les épingler. Je ne sais pas ce que je faisais sur une montagne, je ne connais même pas celui qui m'a sauvé la vie. Je n'ai pas arrêté de poser la question aux médecins, mais ils ne savaient pas, ou ils ne voulaient pas me répondre. Il y a quelqu'un, quelque part, envers qui j'ai une sacrée dette.
Lui et son chien crapahutent dans les collines à la recherche, sinon du passé, au moins de quelques coins à truites.
On se promène donc à leur suite, aux côtés du shérif ou de la belle qui tient la boutique de pêche du coin.
Pour découvrir peu à peu, presque nonchalamment, sans trop y penser, la résurgence d'un drame du passé survenu lors du terrible incendie de 1947 qui avait ravagé cette belle région.
Un polar qui change du lot habituel : Stoney Calhoun ne supporte même plus l'alcool et boit du coca depuis son accident !
C'est plutôt sympa, même si parfois on a du mal à croire au héros si gentil et à la si belle héroïne.
Mais ne boudons pas notre plaisir : si l'islandais Arnaldur Indridason ne nous avait guère donné envie d'aller en Islande, à l'inverse l'américain William G. Tapply semble nous inviter à passer nos prochaines vacances dans le Maine !
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