Anaïs Chouday, jeune journaliste d’une vingtaine d’années, est contactée par un grand éditeur pour aider un admirateur du IIIème Reich, un certain Vidkun Venner, à écrire un livre sur les « lebensborn », autrement dit les pouponnières nazies dans lesquelles étaient élevés les bébés aryens destinés à régénérer la race humaine.
Les recherches entreprises par les deux partenaires s’avèrent plus compliquées que prévu et les mystères s’accumulent autour de personnages au passé obscur notamment Claude Jos, un homme politique influent en pays cathare qui suscite bien après sa mort une crainte inexplicable au sein même de la DGSE. S’ensuit une « folle équipée » qui mènera nos deux protagonistes du sud-ouest de la France à un archipel norvégien en passant par la terre allemande où vit encore la propre fille d’Himmler.
Que penser de ce premier roman qui surfe sur la vague historico-ésotérique déjà bien encombrée ? Plus qu’un travail honnête, il comporte de vrais points forts que nuancent toutefois les faiblesses d’un auteur ayant trop misé sur la mécanique de son récit.
Pour commencer, on ne peut que saluer l’effort de construction qui se manifeste par l’alternance cohérente de plusieurs récits se situant à différentes époques (passé lointain avec la 2nde guerre mondiale, passé proche avec les années 80, présent ). Malgré le recours à des mythes éculés, Estienne d’Orves cherche et trouve une continuité entre ceux-ci à travers le temps et suggère, assez judicieusement, que les progrès scientifiques, par exemple en matière génétique, pourraient donner aux quêtes que ces mythes sous-tendent (race supérieure, immortalité…) une « seconde jeunesse ».
Au chapitre des faiblesses, à l’exclusion de la délirante fin qu’il est hors de question de dévoiler ici, comment ne pas regretter le manque de profondeur psychologique de l’héroïne et la candeur confondante des passages relatifs à sa vie privée et sentimentale. On peut aussi regretter la volonté forcenée de celui-ci de vouloir relier absolument les personnages les uns aux autres, parfois d’une manière artificielle, ce qui au final atténue la vraisemblance d’un récit qui n’en comporte déjà pas beaucoup.
Ce premier thriller ressemble un peu à la copie d’un élève appliqué au début de l’année : beaucoup d’imperfections qui empêchent la note de décoller même si le potentiel qui s’exprime laisse envisager des progrès rapides et substantiels.
Montgomery - Auxerre - 53 ans - 20 janvier 2010 |