Allemagne, les années noires
de Bertrand Lorquin, Annette Vogel, Hans Wilderotter, Françoise Guiguet (Traduction), Nathalie Rouanet-Herlt (Traduction)

critiqué par Stavroguine, le 11 août 2008
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
L'art traumatisé
Assez difficile de critiquer un livre d'art qui n'a finalement pas grand chose de beau.
J'avais feuilleté ce livre une première fois par hasard et il m'avait frappé. J'y avais beaucoup repensé... Et puis quand je l'ai revu à la boutique de l'expo "Traces du sacré" à Beaubourg, je l'ai acheté.
On y retrouve des oeuvres d'artistes allemands des années 14-33. Les années noires, donc. Beaucoup de Otto Dix, pas mal de George Grosz aussi. Tout ça n'a rien de très joyeux. On y voit des soldats gazés, des tranchées, des meurtres, des prostituées... Tout est donc très noir, dur, glauque. Même les couleurs chaudes ont quelques choses de sinistre et d'inquiétant comme l'image de couverture où le marin a des airs de diable penché sur un cadavre déjà verdit sur un fond de flammes. Il n'y a pas de recherche esthétique, c'est de l'art brut, de l'art qui frappe. C'est une claque. Un traumatisme. L'art traumatisant d'artistes traumatisés par la guerre. La puissance évocatrice est incroyable. Il y a quelque chose de célinien dans ces dessins. Quelque chose de très, très sombre, quelque chose d'assez immonde et répugnant mais quelque chose de captivant et de très, très fort. Ces artistes illustrent parfaitement cette première moitié de 20ème siècle qui aura vu la montée du nazisme succéder à l'avènement des usines à mort. Un art qui reflète une époque. Peut-être salutaire. Sûrement un témoignage de grande valeur. Un art qui raconte parfaitement l'abomination des guerres et de ce qui s'en suit.
Beau ? Non, mais profond ! 9 étoiles

Livre excellent et surtout, en son temps, exposition remarquable qui m'avait touché au plus profond. J'y étais avec ma fille et nous avions mis du temps à retrouver la parole en sortant...

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 11 août 2008