La Cité des Chats de Lao She

La Cité des Chats de Lao She
( Maocheng ji)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Dirlandaise, le 22 août 2008 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans)
La note : 6 étoiles
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Miaouuuu !

Bien étrange récit que nous livre ici Lao She. Un livre qu’il a écrit en 1930 à son retour de Londres. Je crois que Lao She souffrait énormément de la situation politique et économique de la Chine et ce livre est un cri du cœur ni plus ni moins. En effet, par le biais de cette fiction plutôt médiocre, l’auteur critique tous les aspects de la vie chinoise dont le développement culturel, économique, social et artistique.

Le narrateur s’éveille d’un long sommeil suite à un accident d’avion et il découvre qu’il est sur la planète Mars. Son unique compagnon de voyage est mort et il est donc seul sur cette planète qu’il devra apprivoiser et découvrir. Mais des créatures étranges ne tardent pas à faire leur apparition et s’empresse de le ligoter et de le transporter jusqu’à une sorte de village au cœur d’une plantation d’Euphorias, herbe aux propriétés euphorisantes comme son nom l’indique et qui est largement consommée dans la population des Hommes-Chats. En effet, les habitants de la planète Mars sont des hommes à tête de chat ! Notre héros fait bientôt la connaissance du propriétaire de la plantation qu’il nomme Grand-Scorpion. Celui-ci s’empresse de l’engager comme homme de peine et l’exploite honteusement en se proclamant son ami. Le temps de la récolte terminé, les hommes-chats rejoignent leur ville « La Cité des Chats » ou notre héros fera bien des découvertes étranges et vivra de nombreuses aventures.

J’avoue avoir trouvé l’histoire ridicule au début et assez pénible à lire mais je me suis accrochée car je ne pouvais pas croire que Lao She ait écrit un tel navet sans but précis. C’est donc une critique virulente de la société chinoise de l’époque qu’il nous livre par ce récit. Tout y passe de l’éducation, l’hygiène, la politique, l’art, le commerce, les mœurs et l’influence néfaste ou pas des pays étrangers. C’est assez intéressant mais il faut bien comprendre le but de l’auteur et ne pas rechercher une belle histoire car c’est presque imbuvable comme intrigue ! Lao She qualifie lui-même son livre de médiocre alors c’est une lecture réservée aux inconditionnels de cet écrivain qui veulent lire toute son œuvre.

« Mais perdre le sens de la dignité humaine c’est faire d’un seul coup un grand bond en arrière, un bond de plusieurs dizaines de milliers d’années, pour revenir aux temps reculés où l’homme se repaissait encore de la chair de ses semblables ! Si, en effet, l’humanité ne progresse qu’à petits pas, en revanche, lorsqu’elle recule, c’est à tombeau ouvert, car à l’instant même où les hommes perdent le sens de leur dignité, ils retombent dans la barbarie ! »

« Je fus pris d’une crise de fou rire ! Ce qui me paraissait grotesque ce n’était pourtant pas ces professeurs ailés, mais cette société d’hommes-chats où l’on ne rencontrait partout que méfiance, bassesse, égoïsme et coupable négligence ! Nulle trace ici de sincérité, de générosité, d’honneur ou d’altruisme ! Des étudiants qui disséquaient leur recteur, un recteur qui n’osait pas revendiquer son titre… noirceur…noirceur…comble de la noirceur ! »

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