La Porte des Enfers de Laurent Gaudé
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un roman tragique et infernal
1980. Pippo, 6 ans, se rend à l'école, par un beau matin napolitain, en compagnie de son père Matteo.
Une balle perdue fauchera sa courte vie, laissant ses parents anéantis. Matteo et Giuliana s'éloignent, lentement, vivant leur deuil en silence, chacun de son côté, comme au ralenti. Le temps pour eux s'est arrêté ce matin-là. Elle voudrait une vengeance qu'il ne peut pas lui offrir, lui erre des nuits entières dans Naples, se laissant bercer par son taxi et les rues sombres de la ville.
Cependant, selon les dires d'un professeur que Matteo a rencontré, il paraîtrait que, quand les gens meurent, ils emportent une partie de ceux qui restent, tissant un lien magique et invisible entre le monde des morts et celui des vivants.
La Porte des Enfers permettrait à ces derniers de passer de l'autre côté.
Un espoir insensé naît alors dans l'esprit de Matteo: retrouver son fils et le ramener.
Seulement, on ne se joue pas de la Mort impunément et le prix à payer est peut-être pire que la mort elle-même.
2002. Pippo, 28 ans, rescapé des enfers vingt ans plus tôt, est enfin prêt à perpétrer la vengeance laissée en suspens toutes ces années.
Ensuite, il lui restera une dernière chose à faire.
Naviguant entre les deux périodes, Gaudé nous offre un récit fantastique sur les traces de Dante, avec cette écriture étincelante qu'il nous avait offerte dans le Soleil des Scorta et qu'il semblait avoir perdue dans ses deux derniers romans, bons, mais sans génie.
Il nous livre un roman tragique et infernal, d'une puissance rare, sur le deuil et la manière dont chacun le gère. Nous mourrons tous en partie avec ceux qu'on aime, les laissant emporter avec eux un peu de notre joie, de notre amour, de nos rêves.
Nous rêvons tous du miracle qui les ramènerait à la vie. Mais qui serait prêt à descendre aux enfers pour cela?
Les éditions
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La porte des Enfers [Texte imprimé] Laurent Gaudé
de Gaudé, Laurent
Actes Sud / Domaine français (Arles)
ISBN : 9782742777044 ; 19,80 € ; 15/08/2008 ; 266 p. ; Broché -
La porte des enfers [Texte imprimé], roman Laurent Gaudé
de Gaudé, Laurent
J'ai lu / J'ai lu
ISBN : 9782290072288 ; 6,90 € ; 07/09/2013 ; 283 p. ; Poche -
La porte des enfers
de Gaudé, Laurent
Actes Sud
ISBN : 9782330026523 ; 7,70 € ; 26/08/2013 ; 266 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (34)
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L'au-delà en-deçà
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 24 août 2018
1980, Matteo et Giuliana vivent une vie sans histoire à Naples : elle, elle travaille à l'hôtel et lui est taxi-man. Un matin, Matteo conduit son fils Pippo à l'école et tout bascule : embouteillages, à pieds pour aller plus vite, coups de feu sur la place, Pippo est blessé à mort. Une balle perdue pour une fusillade entre deux clans. Le couple Matteo et Giuliana ne s'en remet pas. S'ensuit une descente dans les enfers, au sens propre du terme.
2002, Pippo n'a qu'une idée en tête, venger son père et retrouver l'assassin ; par là-même, retrouver son père et sa mère.
Laurent Gaudé entraîne le lecteur dans l'incroyable et pourtant, tout est possible. Difficile de lâcher le livre car on se demande où tout cela va mener. La diachronie 1980/2002 est intéressante aussi et accroît la tension dramatique.
Un roman touchant aux accents de tragédie antique
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 1 août 2017
Matteo erre en taxi, la nuit, ne prend aucun voyageur, mais fera une rencontre déterminante : Grace, un travesti, personnage qui servira de sésame à d'autres connaissances :Garibaldo, le patron d'un café, le curé Don Mazerotti que le Vatican voit d'un mauvais œil et le professeur Provolone qui possède des théories sur les Enfers à la fois séduisantes et impressionnantes.
Ce roman de Laurent Gaudé m'a beaucoup plu et se lit rapidement tant l'on veut connaître la suite. Des livres sur le deuil, il y en a beaucoup. Je me souviens d'une lecture commune où nous avions lu le roman "Tombé hors du temps" de David Grossman, roman bouleversant, poétique et au caractère théâtral. Laurent Gaudé fonctionnerait un petit peu de la même manière. Il renoue avec les mythes et la tragédie antique. On pense à "La Divine comédie" de Dante qui situe la Porte des Enfers à Naples ou bien à Orphée et sa descente dans le monde des morts. De plus, la tragédie a une résonance dans ce roman. Les trois malédictions de Giuliana rappellent des monologues des textes antiques, dans leur structure et dans leur contenu. Le sacrifice physique auquel veut se soumettre Giuliana peut rappeler certains actes d'héroïnes antiques ou de figures catholiques. Laurent Gaudé n'opte absolument pas pour une analyse méticuleuse du deuil. Ce n'est pas un reportage ! La force de l'intertextualité permet d'aborder cette souffrance de manière universelle.
Il est vrai que l'intrusion du fantastique peut dérouter. Il est notable aussi que l'auteur est culotté d'avoir dépeint les Enfers alors que des auteurs mythiques s'y sont attelés. Et pourquoi pas ? Derrière cette description imagée, il y a une métaphore intéressante, celle que l'on porte en nous nos morts, et qu'une partie de nous disparaît avec les êtres chers qui s'éteignent. Ce qui se déroule dans ce monde souterrain va dans ce sens ...
Ce roman aborde notre rapport à la mort et la perte d'êtres chers, ce qui est forcément délicat et douloureux. Chacun gère ces situations à sa manière, ou comme il le peut. Laurent Gaudé touche à un sujet sensible qui peut mettre mal à l'aise.
L'auteur a tout de même dû s'amuser dans le choix des noms des personnages : donner le nom d'un fromage à un professeur, celui du plus célèbre comédien comique italien "Toto", d'origine napolitaine, à un criminel, ou encore celui de Graziella, personnage éponyme d'un roman romantique de Lamartine qui se déroule dans une Naples populaire, à un travesti ...
Ce roman m'a vraiment plu dans sa capacité à transfigurer le deuil et à lui conférer une aura mythologique.
Un peu dubitatif
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 4 mai 2015
Le roman se lit facilement, bien aidé par un style minimaliste (trop de phrases courtes...) et des personnages plutôt bien campés. Par contre j'ai parfois eu la fâcheuse impression que Laurent Gaudé bâclait son récit. Je pense notamment à la facilité avec laquelle est trouvé le passage vers l'enfer. Cela m'a paru d'une difficulté équivalente à celle de trouver un KFC en centre-ville. Bref les ficelles sont trop grosses.
Une déception.
Esotérique... et alors!
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 16 novembre 2014
Tandis que Giuliana réclame le pardon de Dieu qui l’a offensée et exige le retour de son fils ou que vengeance soit faite, elle se laisse envahir par la colère, Matteo lui erre dans la ville des nuits entières à bord de son taxi.
Un soir, il fait la connaissance, dans un bar du port, de quatre laissés-pour-compte.
Il y a là : une prostituée, un curé rouge en fin de vie, un généreux patron de bar et un professeur aux théories qui semblent fumeuses. D'après ce dernier, il existe des portes permettant d'accéder aux enfers et l'une d'entre elles se trouverait à Naples.
Mattéo qui n’a pas osé exercer sa vengeance et par là briser ce qui restait de son couple, se prend alors à espérer pouvoir ramener son fils du Royaume des morts.
Laurent Gaudé nous livre encore un roman envoûtant, ténébreux et teinté de son style poétique caractéristique. Comme dans "La mort de roi Tsongor", l’auteur commet encore ici un récit à connotation fantastique, certes plus ancré dans une réalité contemporaine tout en restituant assez fidèlement la douleur que peut ressentir des parents ayant perdu un enfant.
Roman intense et captivant, plus osé et complet que son prix Goncourt et dont le caractère ésotérique ne m’a pas dérangé un seul instant.
Bof !
Critique de Marie33 (Le Médoc, Inscrite le 1 octobre 2010, 58 ans) - 3 février 2012
Passée à côté
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 30 septembre 2011
C'est dommage (pour moi) car j'attendais beaucoup de ce livre et le succès n'a pas été au rendez-vous.
Quand le ridicule ne tue pas...
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 28 septembre 2011
Ah j'arrête car ce roman ne mérite même pas qu'on se force pour en faire une critique valable.
Quel intérêt présente ce livre ?
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 3 septembre 2011
Les chapitres de 2 ou 3 pages sont ultra courts avec des feuilles intercalaires pour les nommer, ce qui représente en plus un beau gaspillage de papier.
L’histoire se déroule à Naples. Une femme n’accepte pas de faire le deuil de son fils de 6 ans, mort par hasard du fait d’une balle perdue dans une fusillade entre mafieux. Elle pousse son mari à se venger s’il ne peut lui rendre son fils et le quitte car il respecte la loi !
Ensuite, on rentre dans du fantastique et on nous explique que la vie dans l’au-delà n’est qu’un vaste enfer et on ne reste éloigné du néant définitif que grâce aux pensées des vivants.
IF-0811-3779
Puissant
Critique de Widjet (, Inscrit le 18 juillet 2011, 52 ans) - 19 juillet 2011
"La Porte des Enfers" est un récit aux confins du fantastique (et de la folie) avec un hommage à la mythologie ; le tout autour d'une bouleversante histoire d'amour (et de mort) entre un père et son fils (sans oublier la mère - à ce titre les dernières phrases sont d'une puissance émotionnelle rare) sur fond d'un pays (Italie) sublimé par un auteur amoureux.
Un roman magnifique (des romans lus ces dernières années, assurément parmi mon top 5 avec "Clair de femme" de R. Gary, "Seul dans le noir" de P. Auster et "Chaos calme" de S Veronesi).
W
Le voyage
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 5 juillet 2011
Mais cette fois, il nous fait voyager jusqu'en Enfer.
Même si on ne partage pas sa vision de la mort, il crée une fiction à la fois effrayante et magique comme le dit si bien Camarata.
Infernale lecture...
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 29 juin 2011
C’est censé faire peur, intriguer, remuer, tenir en haleine, mais on n’y croit pas une seconde, tout comme l’auteur ne semble pas y croire lui-même.
Des efforts d’écriture réduits à néant, d’une forme plus que rudimentaire, une intrigue sommaire et sans relief, une allusion évidente à Dante lors de la (très très très très- trop- longue) descente aux Enfers du héros avec son guide, lent parcours singé qui flirte d’un peu trop près avec le grotesque…tout concourt à nous laisser le sentiment de s’être fait un peu floué…
Laurent Gaudé se serait-il dépêché d’écrire, pour surfer sur la vague de son succès ?
Ma déception, à moi, flirte quelque peu avec la colère…
Vendetta napolitaine
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 30 mai 2011
Filippo, ce jeune garçon abattu par une balle perdue pour tout le monde sauf pour lui, en 1980, alors que son père l’houspillait pour qu’il marche plus vite car ils étaient en retard sur le chemin de l’école, mitonne sa vengeance en préparant des cafés dont il est devenu le maître incontesté à Naples.
Cette histoire se déroule, en effet, en deux temps : en 1980 quand Filippo est abattu lors d’un règlement de compte entre mafieux alors qu’il n’avait que six ans et en 2002, après qu’il soit revenu des Enfers pour exécuter la vengeance demandée par la mère et que le père n’a jamais pu exécuter.
Ainsi, Gaudé nous promène entre ces deux temps, ces deux instants où la vie d’une famille bascule dans le deuil le plus cruel ou dans une autre vie encore possible. Et, pour que la vengeance que le père n’a pas pu offrir à sa femme, soit concrétisée, il nous emmène sur un terrain fantastique, là où le monde des vivants et le monde des morts se rejoignent car « On n’est pas mort ou vivant. En aucune manière… C’est infiniment plus compliqué. Tout se confond et se superpose…. »
Lors de son errance endeuillée, le père a rencontré une troupe étrange et haute en couleurs : un vieux travelo du port persécuté par les gamins du quartier, un vieux professeur maso mais initié, un curé, tout aussi vieux, renié par le Vatican parce qu’il accueille les putes et les clodos du secteur et le patron du bistrot où ils se retrouvent régulièrement. Et, cette petite troupe, avinée, décatie, improbable, va explorer la limite qui existe entre le monde des vivants et le mondes morts car ces deux mondes sont poreux et communiquent entre eux. Ils veulent extirper le fiston tué par erreur du monde des morts pour qu’il puisse exercer la vendetta que le père n’a pas été capable de mener à bien.
Et, finalement ce roman n’est nullement convaincant, la descente aux Enfers est assez calamiteuse et la fin et absolument interminable d’autant plus que tout est assez prévisible. Même l’écriture n’est pas à la hauteur d’un auteur plusieurs fois labellisé. Il reste cette exploration entre le monde des vivants et le monde des morts, entre la justice de Dieu et la justice des hommes.
« Il y a plusieurs portes d’entrée pour accéder aux Enfers. »
Un sombre conte fantastique
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 25 mai 2011
Le père pour retrouver son fils et exaucer le vœu de son épouse va descendre aux enfers.
S'ensuit une description dantesque et classique de cet univers mais aussi quelques très beaux passages sur la mort.
«Chaque mort en disparaissant, emmène avec lui un peu des vivants qui l'entourent... le défunt avance aux enfers avec une longue traîne plaintive....
Les ombres auxquelles on pense encore dans le monde des vivants, celles dont on honore la mémoire et sur lesquelles on pleure, sont lumineuses. Les autres, les morts oubliés, se ternissent et glissent à toute allure vers le centre de la spirale ».
La fin du roman nous fait quitter l'Enfer souterrain pour retrouver l'enfer terrestre où s'est enfermée la mère de l'enfant.
J'ai trouvé (comme dans « Eldorado ») difficile l'univers sombre de l'auteur décrivant durement le malheur et la douleur de la condition humaine.
Un livre noir où je n'ai pas beaucoup apprécié le côté fantastique.
Naples underground
Critique de Lu7 (Amiens, Inscrite le 29 janvier 2010, 38 ans) - 26 avril 2011
Expliquer que oui, l'on peut guérir du mal d'avoir perdu un être tant aimé, mais pas sans y perdre en retour.
Mettre des mots et de subtiles images sur ce voyage aux enfers que chacun, un jour, a tenté d'imaginer.
Mais la vengeance, toujours, la haine, cette incapacité à jouir pleinement de la vie retrouvée, la rancoeur et la tristesse, le regard en arrière, toujours.
Un conte noir, sur la mort inévitable, qui peine tout de même à démarrer : j'ai mis du temps à me laisser convaincre par l'histoire frôlant le surnaturel, jusqu'à la description de ce voyage en enfer, très visuel, certes, très osé, sans doute, mais l'audace de l'auteur m'a à ce moment-là définitivement séduite.
Une plongée dans l’irrationnel
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 28 février 2011
Emporté par la violence et la rapidité de la première scène , le lecteur partage les sensations visuelles, auditives et tactiles de celui qui pénètre aux enfers ,et est constamment tenu en haleine par un rythme haletant . Une superbe plongée dans le tragique , dans l’irrationnel, qui bouleverse nos certitudes et dont on sort ébranlé .
Un roman à valeur intemporelle , qui revisite le mythe d’Orphée, réactualise l’Enfer de Dante , et éveille en nous des images de La Porte des Enfers de Rodin .
Noir c'est noir mais tellement humain
Critique de Eoliah (, Inscrite le 27 septembre 2010, 73 ans) - 18 février 2011
Les personnages qui touchent le fond de la souffrance du deuil impossible, de la misère sociale et de la déviance sont attachants et généreux.
Quant à l'approche de la mort on est bien loin de la mode du tunnel de lumière rempli d'amour.
Le vrai malaise est amené par l'exclusion de la mère.
Très osé, mais pari réussi !! On n'en ressort pas indemne...
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 6 février 2011
Je ne pense pas que l'on puisse sortir indemne de la lecture de ce livre. Ce livre pose des questions, il nous révolte, il nous bouscule, il nous dégoûte, il nous console, il nous reprend mais il nous pousse vers la Vie aussi !
"J'ai écrit ce livre pour mes morts Les hommes et les femmes dont la fréquentation a fait de moi ce que je suis [...] A eux tous, ils constituent la longue chaîne de ceux qui, en disparaissant, ont emmené un peu de moi avec eux [...] Puisse ce livre les distraire. Ce qui est écrit ici est vivant là-bas." Laurent Gaudé
Premier Gaudé
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 4 février 2011
BUISSONS SANGLANTS
Critique de Camarata (, Inscrite le 13 décembre 2009, 73 ans) - 12 janvier 2011
Nous nous prétendons rationnels mais nous vivons comme si nous étions éternels et quand la mort nous ampute d’un être aimé, nous ressentons comme Giuliana la mère, avec effroi et rage, la morsure de la bête qui emmène, au royaume des morts, nos lambeaux d’êtres.
Que faire dans ce cas, abandonner le défunt comme cette mère désespérée, ou aller le rechercher au fin fond des enfers comme le père Matteo, quitte à donner sa vie en échange.
Bien sûr ce récit n’a rien à voir avec le cliché « psychalisant », qui nous serine : il suffit de faire son deuil et tout repart comme en 14, il a à voir avec l’incroyable violence de la mort que rien ne peut adoucir ni même contenir.
Le récit oscille naturellement et sans à coup entre un quotidien familier et une fiction effrayante et magique.
Le style narratif, rapide, contemporain, simple et clair, convient aussi bien aux actions banales de l’existence qu’aux épisodes lyriques ou surnaturels.
« Pour la première fois Matteo se sentit bien . Il observait cette étrange compagnie : un professeur déchu, un travesti, un curé fou et un patron de café débonnaire, il avait envie de manger avec ces hommes là, de les écouter parler, de rester avec eux dans la pénombre de cette petite salle, loin du monde et de ses douleurs »
« Mais, bientôt, les ombres se regroupèrent autour de lui et l’entourèrent ; Elles devenaient folles Cet homme en chair parmi elles, cet homme qui respirait et suait la vie, c’était l’occasion inespérée de fuir . Elles essayèrent de l’agripper, se glissèrent dans ses cheveux, l’attrapaient par les jambes, entravaient ses mouvements. C’était comme une nuée de mendiants qui le suppliaient de les emmener. »
Paradoxalement je trouve que ce livre n’est pas du tout déprimant au contraire, on en ressort comme revivifié, reconstruit par le mythe, et l’espace d’un instant, je me suis surprise à me demander : qui a échangé sa vie contre la mienne ?
Infernal.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 31 décembre 2010
Naples, en 1980, Matteo et Giuliana vivent simplement mais heureux avec leur petit garçon de 6 ans, Filippo dit Pippo.
Naples , 2002, Filippo enlève Toto Cullaccio, un peu symphatique personnage à priori, genre mafieux, lui plante le couteau dans le ventre et l’emmène sur la tombe … de Filippo, et lui coupe consciencieusement les doigts.
Les deux époques sont menées de front et on a du mal de prime abord à bien saisir le tour de passe-passe, celui de Filippo qui massacre un Toto Cullaccio sur sa propre tombe. Mais c’est qu’en chapitres alternés, on assiste à la mort de Pippo par balle perdue, en 1980, dans les bras de son père. Le traumatisme est profond chez Matteo et Giuliana, comme on peut l’imaginer après une telle tragédie, et le couple va se déliter – pas que le couple d’ailleurs …
« Elle se mit à lui frapper la poitrine. Ces coups sur le torse qu’elle lui donnait tout en gémissant – mélange de plainte et de malédiction – n’étaient pas faits pour le meurtrir mais plutôt pour ébranler en lui quelque chose d’obstinément immobile. Il la laissa faire, pensant que ces coups allaient la calmer, mais il y eut ces derniers mots – prononcés avec une colère plus grande encore, ces mots baignés de pleurs qui l’ébranlèrent davantage que les poings serrés qui continuaient de frapper : « Rends-moi mon fils, Matteo. Rends-le-moi, ou, si tu ne peux pas, donne-moi au moins celui qui l’a tué ! »
Il faillit chanceler. Tout tournait dans son esprit, les paroles de Giuliana, le visage de Pippo, la scène de fusillade, ses errances inutiles. Il ne pouvait ni parler, ni rester une minute de plus devant Giuliana. Il écarta doucement ses mains. Elle se laissa faire avec une docilité d’enfant. Il ouvrit alors la porte d’entrée et, sans rien dire, sortit de l’appartement et dévala les escaliers. »
Il est donc mort en 1980. Et en 2002 … ? Et oui, c’est qu’entre les deux il y a « la Porte des Enfers » ! Je vous l’ai dit, Laurent Gaudé ose. Et c’est très bien mené, bien écrit. On suit au fil des pages.
Une lecture très plaisante.
Très beau
Critique de Olinot (Proche de Paris, Inscrit le 5 janvier 2010, 56 ans) - 20 décembre 2010
Les personnages sont sortis de l'underground ou de la vie nocturne, mais avec une envie de vivre et une réelle envie de l'humain.
Au travers de cette quête filiale, on découvre ces personnages et on apprend à les aimer.
On rêve avec eux et pour eux.
Le roman est noir, du début à la fin, mais est très beau.
joliment raconté mais peu plausible
Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 7 décembre 2010
Ayant beaucoup aimé "Le soleil des Scorta", je me suis plongé dans ce nouvel ouvrage de Gaudé. J'y ai retrouvé un style très agréable et le talent de narrateur que j'avais aimé lors de ma première lecture, mais... Cela s'arrête là. Je n'ai pas du tout accroché à l'aspect surnaturel de l'histoire et j'ai trouvé l'ensemble assez approximatif et peu plausible.
Noir et haletant
Critique de Nina2010 (Bordeaux, Inscrite le 12 septembre 2010, 47 ans) - 6 décembre 2010
Laurent Gaudé a une très belle plume. Son style est fluide, précis et recherché. Partant d'un thème extrêmement délicat, il arrive à décortiquer les sentiments de ses personnages avec une grande justesse et beaucoup de pudeur, même dans les moments les plus noirs.
"il inferno"
Critique de Ice-my-eyes (, Inscrite le 22 mai 2006, 40 ans) - 9 octobre 2010
Comment faire le deuil d'un enfant et continuer à vivre?
Dans ce livre on rencontre des personnages sympathiques et hors normes, pleins de vie.
Pour ceux qui connaissent L 'enfer de Dante eh bien ça me le rappelle fortement: par son côté mythologique de la mort et de la descente aux enfers, et le tout se passe en Italie donc je ne peux que faire miroir.
Triste et noir
Critique de Elfe191 (, Inscrite le 9 novembre 2006, 68 ans) - 31 décembre 2009
Vengeance insatiable
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 22 janvier 2009
Étrange tout de même que ce désir si beau de voir renaître son enfant germe dans un terreau aussi sordide de personnages bornés, faussement chrétiens ou évoluant dans les bas-fonds de Naples ? De même, j’ai de la difficulté à avaler toute cette hargne pour un homicide purement accidentel… Mais bon, la bonne fiction nous pousse toujours à la réflexion.
passionnant à lire.
Critique de Azilha (, Inscrite le 21 décembre 2008, 45 ans) - 15 janvier 2009
Mais ce dernier (Mattéo) cherche ailleurs, du côté, peut-être, d'un compagnon d'errance nocturne, un Prof, qui dit connaître l'entrée des Enfers. La lecture est très passionnante, c'est de la très pure histoire italienne !
Macabre, mais magnifique
Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 15 janvier 2009
Un roman de très belle facture dans un registre fantastique plutôt échevelé. Cartésiens et autres rationalistes sont priés de s’abstenir. Si l’on veut apprécier le discours, il faut laisser toute raison au vestiaire car on est embarqué dans le surréel, le paranormal et l’au-delà des choses. Gaudé nous entraîne dans une descente aux enfers un peu grand guignolesque en compagnie de personnages déjantés et marginaux puis il procède à des échanges tout aussi rocambolesques. Cela pourrait être la partie la plus faible du livre car le thème est rebattu depuis Dante et fait la part belle à l’habituelle série de clichés et de lieux communs. Mais Gaudé arrive parfaitement à le faire passer par sa grande maîtrise de l’art poétique. Tout tient également par un style magnifique, par une étude remarquable des sentiments des personnages et surtout par l’entretien d’un suspens haletant accru par une narration faite par étapes, flashback et permanents aller et retour entre le présent et le passé. Au total, une très jolie histoire qui donne à réfléchir sur le sinistre thème de la mort… Que deviennent nos défunts dans l’au-delà ? Qu’emportent-ils de nous avec eux ? Ne meurent-ils pas une seconde fois quand plus personne ne pense à eux ? Macabre, mais magnifique !
Très beau et très émouvant!
Critique de Nana31 (toulouse, Inscrite le 29 janvier 2006, 55 ans) - 9 janvier 2009
Nous sommes tous confrontés tôt ou tard à la disparition d'un être cher.
Qui ne serait pas tenté de franchir la porte des enfers!
J'ai rarement lu une histoire aussi belle .
Bravo au talent de M Gaudé!
Sujets délicats
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 5 janvier 2009
Et la solution est pour le père de partir pour les Enfers, autre sujet délicat, et d’en ramener son fils. Là, je suis assez d’accord avec El grillo, se situe le moment le plus faible du livre. Le trajet effectué par le père est moins bien écrit, c’est très visuel (Gaudé prépare-t-il déjà une adaptation cinématographique ?), limite grand guignol…
Il reste que ce qui encadre ce passage aux Enfers, c’est-à-dire la majorité du livre est redoutable d’efficacité…
un récit comme on les aime!
Critique de Béa44 (Nantes, Inscrite le 31 octobre 2008, 59 ans) - 15 décembre 2008
C'est un récit du Sud comme on dit, déroutant et prodigieux à la fois, qui pourtant garde sa confiance en l'Humain...
272 pages qui se lisent rapidement.
Histoire étrange
Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 13 décembre 2008
grand livre
Critique de Crosp (, Inscrit le 18 novembre 2007, 47 ans) - 8 novembre 2008
L'histoire est captivante et profonde à la fois.
Le style est précis et poétique à la fois.
On dévore le livre en ralentissant la lecture aussi pour ne pas le finir trop vite.
Je ne raconte rien, laissez-vous surprendre.
De la vraie littérature.
Esthétique.
Profonde.
Enthousiasmante malgré le sujet grave.
Un seul bémol : Monsieur Gaudé, sortez un peu de l'Italie.
à bientôt
Captivé
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 51 ans) - 1 octobre 2008
L'enfer existe. Il est peuplé d'ombres qui ne subsistent que par la pensée des vivants : les morts vivent en chacun de nous, il suffit de de les garder en soi le plus longtemps possible.
Mattéo porte son fils en lui, avec force. Mais Mattéo n'est plus qu'un mort parmi les vivants, depuis que son fils est parti. Comment s'en remettre ? L'auteur a pris le problème de la mort dans l'autre sens : et si on ne s'en remettait finalement pas ?
La deuxième révélation, moi qui n'avait jamais lu l'un de ces romans, est que Laurent Gaudé a une très belle plume. Puissante, osée, j'ai apprécié l'audace du livre. J'ai même gobé le passage des enfers, risqué, même si je l'ai trouvé un peu en dessous par rapport au reste. Mais la première partie du livre et son dénouement sont soufflants. Grand roman
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